DERNIÈRE MISE À JOUR : 18 MARS
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Derniers numéros parus Alternative libertaire, « mensuel de l'Union communiste libertaire (UCL) » : n° 347, mars, 20 p., 4 euros, sommaire - site Internet - archives Anarchosyndicalisme !, « journal de la CNT-AIT de Toulouse » : n° 185, janv.-fév., 20 p., 2 euros, site Internet - à télécharger L'Anjou libertaire, « bulletin mensuel du groupe du Maine-et-Loire de l'Union communiste libertaire » : n° 21, automne-hiver, 4 p., site Internet - à télécharger Brasero, « revue de contre-histoire » : n° 3, novembre (parution annuelle), 192 p., 22 euros, infos Casse-Rôles, « journal féministe et libertaire » : n° 27 (dossier : « Femmes et ruralité »), fév.-avril, 52 p., prix libre, site Internet Contrelittérature, « revue culturelle transdisciplinaire » : n° 6 (« Anarchie souveraine »), septembre, 200 p., 15 euros, site Internet - sommaire Chroniques noir et rouge, « revue trimestrielle de critique bibliographique du mouvement libertaire » : n° 16, mars, 66 p., 5 euros (abt. : 20 euros pour 4 numéros), site Internet - sommaire Combat syndicaliste, « mensuel de la Confédération nationale du travail » : n° 486, février, 24 p., 2 euros, site Internet - abonnement Courant alternatif, « mensuel anarchiste-communiste » de l'Organisation communiste libertaire (OCL) : n° 338, mars, 32 p., 5 euros, sommaire - site Internet - archives CQFD, « mensuel de critique et d'expérimentation sociales » : n° 228, mars, 24 p., 4 euros, sommaire - abonnement Fragments, « revue de littérature prolétarienne », n° 8, janvier, 140 p., 9,5 euros (+ 3 euros de frais de port), présentation Infos & analyses libertaires, « journal de l'Organisation anarchiste (OA) » : n° 124, automne, 36 p., site Internet - à télécharger Le Libertaire, « revue de synthèse anarchiste », n° 152, janv.-févr., 20 p., site Internet - à télécharger Médiacritiques, « revue trimestrielle d'Acrimed » : n° 49, janv-mars, 48 p., 4 euros, présentation Le Monde libertaire, « le mensuel sans Dieu ni maître de la Fédération anarchiste » : n° 1859, mars, 64 p., 4 euros, sommaire - site Internet - archives La Mouette enragée, « journal édité par le groupe communiste-anarchiste de Boulogne-sur-Mer » : n° 39, second semestre, 32 p., 2 euros, présentation Le Ravachol, « le mensuel qui fait pas dans la dentelle » : n° 85, mars, 20 p., 1 euro, Réfractions, « recherches et expressions anarchistes » : n° 51 (« Punk ! »), automne, 204 p., 15 euros, site Internet - archives Résistons ensemble, « contre les violences policières et sécuritaires » : n° 215, 1er février, 4 p., site Internet - à télécharger La Revue du Mauss, « Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales » : n° 62 (« Faut plus d'gouvernement ? Penser le "moment anarchiste" contemporain »), 264 p., 20 euros, présentation Soleil noir, « bulletin apériodique anarchiste » : n° 7, février, 48 p., à prix libre, à télécharger Takakia, « rugissements contre la société techno-industrielle » : n° 1, hiver 2023-2024, 74 p., prix libre, site Internet
Il semble vain de vouloir présenter une écrivaine qu'on dit inclassable, dont l'œuvre est réellement atypique et prolifique (20 romans, 150 nouvelles, 4 volumes d'essais et 6 recueils de poèmes), une personne-monde créatrice d'utopies. Ursula K. Le Guin (1929-2018), car il s'agit d'elle, a en effet écrit une œuvre à mi-chemin entre la science-fiction, ou plutôt science humaine de fiction, et la fantasy, le roman et la poésie, la littérature engagée, féministe, sociologique et anarchiste… Difficile de la faire rentrer dans une case dont elle déborderait de toute façon. Des « inconscients » s'y sont tout de même essayés dans l'émission « La SF aux couleurs d'Ursula K. Le Guin », diffusée sur France Culture le 19 juin 2020. Créatrice d'utopie, certes, mais de préférence « non-euclidienne, non-européenne, non-masculiniste » comme elle le développe dans cette brochure. Elle ne s'est jamais revendiquée de l'anarchisme mais cela ne l'effrayait pas et c'est « Pourquoi il est important de dire qu'Ursula K. Le Guin était une anarchiste », affirme Margaret Killijoi dans Le Monde libertaire de mars 2018. Mais, au final, ne vaut-il pas mieux la découvrir en lisant ses ouvrages ?
Le féminisme ou la mort. Romancière, philosophe, essayiste, Françoise d'Eaubonne (1920-2005) a lutté pour de nombreuses causes : contre la guerre d'Algérie, pour le droit à l'avortement, l'abolition de la peine de mort, la liberté sexuelle, la défense des prisonniers et des insoumis au service militaire… Cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF), ses préoccupations constantes furent malgré tout le féminisme et l'écologie – on lui attribue d'ailleurs la création du mot écoféministe. La youtubeuse de Game of Hearth présente son ouvrage Le Féminisme ou la mort, paru en 1974 et réédité en 2020 par le Passager clandestin, où elle développe ses thèses. Une pensée foisonnante, parfois contradictoire mais toujours d'actualité…
Paris, 18 mars. Cette année, le parcours du 18 mars des Amies et Amis de la Commune de Paris est consacré au thème de la presse pendant la Commune de 1871. Rendez-vous à 18 heures en face de la Bourse du commerce, 2, rue de Viarmes, Paris 1er, puis marche dans les rues du quartier des imprimeries et arrivée vers 20 heures à l'entrée de la Cité Bergère, Paris 9e. Infos. Toulouse (31), 19 mars. Discussion avec Matthieu Renault autour de Kollontaï. Défaire la famille, refaire l'amour (La Fabrique), à 18 heures, à la librairie Ombres blanches, 50, rue Léon-Gambetta. Site Internet. Paris, 20 mars. Le Ciné de la Commune vous propose d'assister à la projection de Chkoun les sauvages (2022, 48 min), de Raphaëlle Bruyas, qui donne la parole aux habitants du quartier de Montreynaud à Saint-Etienne (42). A 20 heures, à la librairie Publico, 145, rue Amelot, Paris 11e. Infos. Toulouse (31), 20 mars. La Bibliothèque anarcha-féministe (BAF) tient ses permanences aux horaires habituels : le dimanche, de 14 à 18 heures ; le mercredi, de 16 à 20 heures. Au local associatif Le Chat noir, 33, rue Antoine-Puget. Site Internet. Besançon (25), 21 mars. En partenariat avec le comité de vigilance antifasciste, rencontre avec Fabrice Riceputi, auteur de Le Pen et la torture (Le Passager clandestin), à 18 h 30, au café-librairie L'Interstice, 43, rue Megevand. Infos. Montpellier (34), 21 mars. « Punk », rencontre-débat animée par Jean-Jacques Gandini et Bernard Hennequin à l'occasion de la parution du n° 51 de Réfraction. Suivie d'un « Fallait pas » (chacun apportant un truc à boire et/ou à manger à partager ensemble). A 19 heures, au Centre Ascaso-Durruti, 6, rue Henri-René. Infos. La Roche-sur-Yon (85), 21 mars. Dans le cadre du centenaire de la naissance de Michel Ragon (voir ci-dessous), conférence « Michel Ragon, à la croisée des chemins » par André Derval, auteur de Michel Ragon, singulier et pluriel (Albin Michel). A 20 h 30, à l'Institut catholique d'études supérieures, 17, boulevard des Belges. Infos. La Souterraine (23), 21 mars. A 19 heures, Ludovic Frobert, auteur de Quelques lignes d'utopies (Agone), est l'invité de la librairie L'Apothicaire, 29, place du Marché, pour parler de Pierre Leroux et de la communauté socialiste des « imprimeux » de Boussac, dans la Creuse, au XIXe siècle. Facebook. Le Vigen (87), 22 mars. L'association Mémoire ouvrière en Limousin vous convie à la présentation de l'ouvrage de Ludovic Frobert, Quelques lignes d'Utopie. Pierre Leroux et la communauté des « imprimeux » à Boussac (1844-1848) (Agone), en présence de l'auteur, à 18 heures, au château de Ligoure, près de Limoges. Infos. Paris, 22 mars. Projection-débat de la première partie du documentaire L'Argent noir des syndicats (patronaux), à 19 heures, à la librairie Publico, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° Oberkampf ou République). Entrée libre. Infos. Paris, 22 mars. Edouard Jourdain présente son livre Makhno. L'épopée d'une Ukraine libertaire (Michalon), à 20 heure, à la librairie Quilombo, 23, rue Voltaire, Paris 11Ie (M° Rue-des-Boulets ou Nation). Infos. Charenton-le-Pont (94), 23 mars. Rencontre avec Mathieu Dejean, auteur de Sciences Po, l'école de la domination (Agone) dans le cadre du festival « Les sciences, des livres », à 15 heures, à la Médiathèque des Quais, 36, quai des Carrières. Limoges (87), 23 mars. De 14 à 17 heures, foire aux livres à l'Espace associatif Gilbert-Roth (EAGR), 64, avenue de la Révolution. Site Internet. Marseille (13), 23 mars. Causerie avec Guillaume de Gracia, auteur de plusieurs ouvrages sur l'Argentine, sur « Populisme et anarchie », à partir de 19 heures, au Centre international de recherches sur l'anarchisme (CIRA), 50, rue Consolat, Marseille 1er. Site Internet. Montreuil (93), 23 mars. Michèle Audin présente à 15 heures Autour de la France (Libertalia), de Flora Tristan, au café Les Pianos, 26, rue Robespierre. Organisé par les Libres Penseurs de Seine-Saint-Denis.
FOIRES AUX LIVRES, EXPOSITIONS, La fête à Libertalia. Cela fait déjà dix-sept ans que les éditions Libertaria nous fournissent des ouvrages pour cultiver notre rébellion contre ce monde inégalitaire et liberticide… Et donc, cela se fête, de 15 heures à minuit, le 30 mars, à la Parole errante, 9, rue François-Debergue, Montreuil (M° Croix-de-Chavaux). Il y aura des débats : « De la Vendée à l'écriture ». A l'occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (1924-2020), le département de Vendée propose jusqu'au 5 avril une exposition (lire plaquette) qui lui est consacré à l'hôtel du département, 40, rue du Maréchal-Foch, à La Roche-sur-Yon. Si l'aspect vendéen du romancier (site Internet) dont l'enfance s'est déroulée à Fontenay-le-Comte est privilégié, ses autres facettes ne semblent pas avoir été oubliées : l'écrivain prolétarien, le libertaire (lire « Adieu compagnon »), le critique d'art et le spécialiste de l'architecture. L'exposition qui présente plus de deux cents objets appartenant à son univers deviendra ensuite itinérante et s'établira dans plusieurs bibliothèques du département. Par ailleurs, plusieurs conférences à propos de Michel Ragon sont prévues. Clin d'œil, l'illustration accompagnant l'annonce de l'expo dans le quotidien régional représente l'auteur de La Mémoire des vaincus (Albin Michel) devant la librairie du Monde libertaire. Les Bérus à la BNF. Suite à des dons d'archives effectués par le chanteur Fanfan (François Guillemot) et le saxophoniste Masto (Thomas Heuer) en 2021, la vénérable institution organise jusqu'au 28 avril une exposition sur les Berruriers noirs et, plus largement, sur la naissance de la scène rock alternatif en France. Ce groupe punk des années 1980 marqua par son engagement pour nombre de causes sociales et contre le racisme, les violences policières, le Front national. Refusant l'industrie musicale, il s'autoproduit. Souvenons-nous de « La jeunesse emmerde le Front national ! » ; ils hurlaient alors « Plus jamais 20 % ». Aujourd'hui, le Rassemblement national vise les 30 % ; la jeunesse emmerde-t-elle encore le Rassemblement national ? Une autre époque ! Entrée libre. Du mardi au samedi, de 10 à 19 heures, et le dimanche, de 13 à 19 heures. Bibliothèque François-Mitterrand, galerie des donateurs, quai François-Mauriac, Paris 13e. Nous n'avons pas peur des ruines… Depuis début janvier, le nouveau film de Yannis Youlountas tourné en Grèce de 2019 à 2023, Nous n'avons pas peur des ruines… nous portons un monde nouveau dans nos cœurs (2024, 80 min, bande-annonce), est en tournée en France, Suisse et Belgique jusqu'en avril. L'arrivée du président du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) Kyriákos Mitsotákis au poste de premier ministre s'est accompagné de la promesse « d'en finir avec Exarcheia, un quartier rebelle et solidaire d'Athènes. Mais la résistance s'organise et des renforts arrivent d'autres villes d'Europe. (…) Au fil des années, d'autres luttes s'étendent du nord au sud de la Grèce pour défendre la terre, la mer et la vie : en Crète, en Thessalie, en Epire… Même sur l'île de Paros dans les Cyclades, la population manifeste sur les plages devenues payantes et réussit à ce qu'elles redeviennent un bien commun, pour le bonheur de tous. Quand tout semble s'effondrer, à Athènes comme ailleurs, une même réponse se fait entendre : "Nous n'avons pas peur des ruines, nous portons un monde nouveau dans nos cœurs." » Comme les années précédentes, un convoi solidaire va partir vers les lieux autogérés en Grèce, en soutien aux luttes et aux collectifs qui aident les précaires grecs et exilés. A l'occasion de la tournée du film, un ou plusieurs fourgons du convoi seront présents à chaque projection-débat. Renseignements pratiques, infos sur le film, agenda des projections-débats en présence du réalisateur et, parfois, d'autres invités sont à retouver sur le site Internet.
Après les portraits-souvenirs de Benoît Broutchoux (1879-1944), le mineur anarcho-syndicaliste du Pas-de-Calais, et d'Albert Libertad (1875-1908), le propagandiste individualiste parisien, voilà venu le tour du tisseur Pierre Martin, l'infatigable agitateur de la région de Vienne devenu cheville ouvrière du Libertaire. « Le Bossu », tant de fois poursuivi par la justice, condamné et incarcéré, était un « pur ». Il possédait d'après Sébastien Faure « à un degré rare cette éloquence qui du cœur monte aux lèvres de celui qui parle et de ses lèvres va directement au cœur de celui qui l'écoute ». Combien sont-ils, actuellement, ceux qui se souviennent de Pierre Martin ? Pierre Martin, qui administrait, avant l'avant-dernière guerre le Libertaire et partageait avec Hélène Lecadieu (1) – qui devait le précéder de quelques jours dans la tombe –, les locaux du 15 de la rue d'Orsel. Un souvenir, en passant, à cette pauvre et brave Hélène et aux biftecks de cheval à vingt centimes dont elle gratifiait, dans ses moments de fringale (et ils étaient nombreux) le secrétaire de rédaction à 15 francs par semaine que j'étais. Le mouvement anarchiste se divisait, à cette époque, en trois tendances principales. Il y avait les individualistes, asociaux, qui méprisaient les « brutes travailleuses », préconisaient l'illégalisme et dont Le Rétif (2), Lorulot, Mauricius étaient les principaux leaders. Il y avait les « intellectuels » des Temps nouveaux, avec Jean Grave, A. Girard, etc., qui éprouvaient une certaine commisération pour les « ouvriéristes » du Libertaire et de la Fédération communiste libertaire, groupés autour de Pierre Martin (3). Lecoin avait raison de me dire qu'on ne peut parler pertinemment de ce dernier que si on l'a approché. Disgracié par la nature, petit, bossu, barbe rousse, Pierre Martin était pourtant un pôle d'attraction pour les jeunes épris d'action que son exemple et ses conseils encourageaient. Orateur précis et éloquent, il avait le don d'intéresser jusqu'à ses pires ennemis. Je me souviens d'un procès du Libertaire où il comparaissait en compagnie de Jacquemin (4), alors gérant du journal, et où il tint au tribunal et aux assistants un discours auquel tous, juges, procureur, avocats et public prenaient, manifestement, un vif intérêt. Ce procès se termina, je crois, assez heureusement pour nos camarades. (Suite.)
Il y a près de quatre-vingt-dix ans éclatait l'« affaire des stérilisés de Bordeaux ». A cette époque, la contraception et l'interruption volontaire de grossesse (IVG) étaient interdites, le pouvoir tenait à contrôler les ventres et à repeupler la France. Ça serait même revenu à la mode ces derniers temps. Les camarades libertaires étaient poursuivis car la vasectomie était assimilée à une castration et les articles 309 et 310 du code pénal prévoyaient pour le(s) responsable(s) de l'acte des peines de deux à cinq ans de prison pour « blessures, violences et voies de fait ». Pour eux, il s'agissait de pratiquer une action directe et de prendre à leur charge la contraception du couple (1), la femme assumant seule les risques de l'avortement. La vasectomie, soit, après incision, la coupe et la ligature des canaux déférents, est une opération mineure, sans risque, ne durant qu'une dizaine de minutes et pratiquée sous anesthésie locale. N'étant réversible que dans 40 % des cas, il vaut mieux l'envisager dès le départ comme définitive. Elle ne nuit en rien à la sexualité de l'individu. Dans un article paru dans la revue « Réfractions » (site) n° 7 en 2001, Marc Prévôtel, fils de deux des mis en cause, rappelait cette affaire. C'était le 1er avril 1935. Le quotidien parisien Le Matin titrait en première page : « Une extraordinaire affaire de stérilisation à Bordeaux. – Une quinzaine d'individus à tendance libertaire se sont soumis à une mutilation volontaire qui fut opérée par un médecin étranger d'origine autrichienne, croit-on, qui a pris la fuite. Trois "stérilisés" ont été arrêtés, d'autres arrestations sont imminentes. Quel était le but poursuivi par l'étrange praticien si dangereusement entreprenant ? » Ainsi commençait une affaire qu'on qualifierait aujourd'hui d'abracadabrantesque : la France, frappée en dessous de la ceinture, défendue par des policiers et des magistrats en mal d'avancement et des pisse-copie à l'affût du scoop. A part l'audiovisuel en plus, les mœurs n'ont pas tellement changé. Le journaliste du Matin, sans complexe, n'y allait pas avec le dos de la cuillère : « En elle-même, elle [l'affaire] comporte déjà, pour l'instant, des éléments si fantastiques, si exceptionnels qu'elle apparaît comme un défi à la raison puisqu'elle nous ramène brutalement vers la constatation de mœurs sauvages que l'on pouvait croire disparues de notre monde civilisé. » Et allez donc ! Il paraît qu'aujourd'hui encore on rémunère de tels valets de plume ! Il faut noter que ses patrons en ont eu pour leur argent : « On se demande si on ne se trouve pas en présence de "chargés de mission" d'un genre particulier, ayant appliqué un plan conçu hors de nos frontières et mandatés pour importer sur notre territoire des rites subversifs capables d'amoindrir notre race ou, pour le moins, de répandre de nouveaux germes de désagrégation. » Le médecin autrichien Bartosek (2) ne pouvait être, de toute évidence, qu'un agent de l'Autrichien Adolf Hitler. (Suite.) Archives du Monde libertaire. Tous les numéros du Monde libertaire (site Internet) depuis sa création en 1954 peuvent être maintenant consultés sur un site dédié. Du premier au dernier en date, soit plus de 2 000 numéros et cela durant soixante-dix ans (mensuel et hebdo). Claude Delattre, animateur entre autres de Placard-Affiche, a été le maître d'œuvre de cet effort collectif qui a réuni les secrétariats concernés de la Fédération anarchiste, des centres de recherches (CIRA Lausanne, Anarchief de Gand, collectif Archives autonomies…) et des militants. On peut (ou on pourra) effectuer des recherches par année, thème, nom d'autrice ou d'auteur (6 652 à ce jour), consulter les sommaires, lire (et télécharger) les exemplaires numérisés. Et comme le dit Claude, dans son article (ML n° 1858 de février 2024), « le pari initial – pouvoir retrouver facilement tous les articles d'un sujet particulier dans l'intégralité du Monde libertaire – n'a que partiellement abouti, mais tous les outils sont là pour persévérer ».
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