Alphonse Gallaud (Zo dAxa,
dit) (1864-1930)
Né le 24 mai 1864 à Paris, issu du milieu de la grande
bourgeoisie (ce qui lui assurera toute sa vie une certaine aisance financière),
il effectue des études au collège Chaptal. Excellent cavalier
et escrimeur, il sengage dans larmée à 18 ans
pour échapper au carcan familial et rejoint le corps des chasseurs dAfrique.
Se rendant compte de son erreur, il déserte en 1885, enlevant la
fiancée dun capitaine, et se réfugie alors à Bruxelles,
où il débute dans le journalisme. Après un séjour
en Suisse, puis en Italie, Zo dAxa rentre en France à
l'amnistie de 1889. En mai 1891, il publie le premier numéro
de L'Endehors (titre définissant bien
sa pensée et son indépendance), hebdomadaire qui se singularise
par sa verve, sa virulence, son anticonformisme et sa qualité littéraire.
Il paraît pendant quatre-ving-onze numéros jusquau 1er février 1893
et de nombreux anarchistes y collaborent. Après l'arrestation de Ravachol
et de ses compagnons, Zo d'Axa y lance une souscription pour aider les
familles des détenus. Pour ce motif, il est arrêté et subit
quinze jours de prison à Mazas. Libéré, il est de
nouveau inquiété pour des écrits imprudents et préfère
s'exiler à Londres. Zo dAxa voyage ensuite en Europe. Expulsé
d'Italie, il rejoint la Grèce, puis Constantinople. Le 1er janvier 1893,
il est arrêté (tout à fait illégalement) en débarquant
à Jaffa, et mis au fer sur un navire français qui le ramène
à Paris, où il purge dix-huit mois de prison. A sa sortie,
il publie le livre De Mazas à Jérusalem,
qui obtient un vif succès. En 1897, dAxa fonde un nouveau
périodique, la feuille, illustrée
par Steinlen, Luce, Willette, Hermann Paul, etc., qui dure jusquen 1899
et compte vingt-cinq livraisons irrégulières. L'affaire Dreyfus
« Si ce monsieur ne fut pas traître,
il fut capitaine, passons », dira Zo d'Axa
fut, pour lui, surtout prétexte à mener campagne contre le pouvoir,
le sabre et le goupillon, tout en soulignant quexiste une multitude de
« petits Dreyfus » ignorés. Son baroud d'honneur
sera la présentation en 1898 de l'âne nommé « Nul »
aux élections qui, recueillant les bulletins blancs ou nuls, sera déclaré
élu par la feuille, après une bagarre
mémorable dans les rues de Paris entre « partisans
de l'âne et partisans de l'ordre ». Lassé, il
quitte la France en 1900 et voyage dans le monde entier, de la Chine aux
Amériques, en passant par l'Afrique, avant de rentrer, plus de dix ans
après, pour vivre sur une péniche au hasard de son humeur et des
canaux. Il se fixe enfin à Marseille dans les années 1920,
et choisit de se donner la mort le 30 août 1930.