Eugen Relgis (1895-1987)
Eugen Siegler Watchel naît le 2 mars 1895 à Iassy, en Moldavie
(Roumanie). Devenu sourd à la suite d'une maladie infantile, il publie
dès l'âge de 17 ans plusieurs recueils de poésie et
entreprend en 1914 des études d'architecture à l'université
de Bucarest. Après l'invasion allemande de 1916, il est appelé
sous les drapeaux et refuse de participer aux exercices. Emprisonné,
il sera finalement réformé. Marqué par le premier conflit
mondial, Relgis devient un ardent militant pacifiste. En 1920, il fonde
la revue Umanitatea (« humanité »)
qui sera interdite par la censure et publie l'année suivante plusieurs
études sociales (La Biologie de la guerre, Les
Principes humanitaristes), traduits dans de nombreuses langues. Il crée
en 1923 le premier groupe humanitariste (non dogmatique, pacifiste
intégral et antiautoritaire). En 1925, il est membre de l'Internationale
des résistants à la guerre et participe à de nombreux congrès
pacifistes à l'étranger. Il fonde alors plusieurs revues et collabore
à de nombreux titres de la presse libertaire internationale. Persécuté
par le régime fasciste pendant la guerre, il quitte clandestinement la
Roumanie en 1947 pour échapper à une arrestation après
la prise du pouvoir par les communistes. Il gagne l'Argentine (où son
fils s'était réfugié en 1942) et trouve finalement
refuge en Uruguay avec sa compagne Ana Taubes. A Montevideo, il publie ses ouvrages
en castillan, grâce en particulier aux traductions de Vladimiro Muñoz,
collabore à la presse uruguayenne et donne des conférences. Il
fait partie d'un groupe, avec Abraham Guillen, Gerard Gatti et d'autres, chargé
de la préservation d'archives libertaires envoyées d'Europe, mais
la police découvre le lieu et donne l'assaut au local, volant tout ce
qui s'y trouve. Eugen Relgis parvient cependant, après maintes difficultés,
à échapper à la police. En 1953, il voyage au Brésil
et rencontre à Rio de Janeiro l'anarchiste José Oiticica dans
le but de faire traduire ses uvres en portugais. Auteur de plus d'une
centaine d'ouvrages, seuls quelques textes ont été publiés
en français dans les années 1930. En 1955, il est proposé
pour le prix Nobel de la paix qui finalement ne sera pas décerné
cette année-là. Relgis séjourne avec sa compagne quatre
mois en Israël en 1962, avant de parcourir la Suisse, l'Italie et l'Argentine.
Il meurt le 22 mars 1987 à Montevideo.
(D'après les sites L'Ephéméride
anarchiste et Sans patrie ni frontières.)