May Picqueray (1898-1983)
Elle naît le 8 juillet 1898, à Savenay (Loire-Atlantique).
Sa mère est couturière en chambre et son père convoyeur
postal. May Picqueray obtient son certificat détudes brillamment
à 10 ans et demi, grâce à une dispense. Elle est placée
à 11 ans chez un négociant pour faire des livraisons à
domicile. Une famille dinstituteurs, afin de la soustraire à cette
vie, la prend alors à son service pour quelle soccupe de
leur fils épileptique. Grâce à eux, elle poursuit une scolarité
normale et passe le baccalauréat au lycée de Montréal.
En 1915, elle revient en France et trouve un emploi de dactylo bilingue au camp
de Montoir. Puis, elle gagne Paris où elle rencontre Sébastien
Faure qui l« éveille » aux idées anarchistes.
Anarcho-syndicaliste, elle est employée en tant que dactylo davril
1922 à janvier 1923 à la Fédération des métaux
de la CGTU, syndicat nouvellement constitué. Sa bonne connaissance de
la langue anglaise lui permet dêtre désignée pour
accompagner Lucien Chevalier, lun des trois secrétaires fédéraux,
mandaté pour assister au deuxième congrès de lInternationale
syndicale rouge qui se tient à Moscou en novembre 1922. Avertis
du sort danarchistes russes incarcérés, ils interviennent
auprès de Trotski et obtiennent leur libération. Pendant la Seconde Guerre
mondiale, May aide et secourt ses nombreux amis réfugiés qui sont
menacés. Elle travaille pour une organisation de quakers américains
qui la charge de soccuper du ravitaillement du camp de Noë, puis
du camp du Vernet. Ce qui lui permet de faire libérer, entre autres,
Nicolas Lazarevitch. Remontée à Paris, May Picqueray devint faussaire
et fabrique des papiers de toutes sortes dans les bureaux même de la censure
allemande. Après guerre, elle entre au syndicat des correcteurs et travaille
notamment au premier journal Libération
et au Canard enchaîné. Pendant des
années, elle luttera au côté de son vieil ami Louis Lecoin
qui, en 1958, en pleine guerre dAlgérie, lance une campagne pour
lobtention du statut dobjecteur de conscience et un journal, Liberté.
Après son décès, elle fonde en avril 1974 Le Réfractaire,
journal antimilitariste et pacifiste. Elle lanimera pendant neuf ans,
jusquà sa mort survenue le 3 novembre 1983.
(Daprès Olivia Gomolinski, « Itinéraire »
n° 13.)