Albert Libertad (Albert Joseph, dit)
(1875-1908)
Naissance à Bordeaux, le 24 novembre 1875, de parents inconnus.
Pupille des enfants assistés de la Gironde, il fréquente le lycée
de Bordeaux, puis exerce en 1894 le métier de comptable, mais professe
déjà des opinions anarchistes qui lui valent la surveillance de
la police. En 1897, il arrive à Paris et se rend au siège
du Libertaire, auquel il collaborera l'année
suivante. Très vite, il s'impose par sa personnalité hors du commun
et la violence de ses propos. Payant de sa personne, il devient rapidement le
« chef de file » des anarchistes individualistes. Joignant
le geste à la parole et bien quinfirme des deux jambes, il est
de toutes les bagarres, se servant de ses béquilles avec dextérité.
Il n'hésite pas, comme ce 5 septembre 1897, à perturber un
office religieux au Sacré-Cur. Tabassé par la police, il
sera condamné le 5 novembre à deux mois de prison pour rébellion,
cris séditieux, outrage à agents, etc. Il subira de nombreuses
autres condamnations. En 1899, il collabore au Journal
du peuple (lancé par Sébastien Faure pour soutenir Dreyfus),
pour lequel il est aussi correcteur d'imprimerie. Il poursuit la propagande
en donnant de nombreuses conférences, tant à Paris qu'en province.
En 1901, nouvelle condamnation à trois mois de prison pour avoir crié
« A bas l'armée »
à Noisy-le-Sec.
Après avoir participé au mouvement des Universités populaires,
il crée en 1902 les Causeries populaires, lieu de débat et de
formation où les réunions (sises, en 1906, à son domicile,
au 22, rue du Chevalier-de-la-Barre) sont souvent fort animées. Il ouvre
également une bibliothèque et participe avec Beylie, Janvion,
Paraf-Javal et Yvetot à la création de la Ligue antimilitariste.
En 1905, il fonde avec ses deux compagnes (dont il aura deux fils), Armandine
et Anna Mahé, le journal L'Anarchie. Amour-libriste,
il vivra également avec Jeanne Morand. En 1907, une rixe éclate
avec les policiers qui ne cessent de le surveiller ; à nouveau tabassé,
il est laissé pour mort sur le pavé. Mais les dissensions s'installent
dans le camp individualiste, notamment avec le groupe de Paraf-Javal, ce qui
donnera lieu à de violentes bagarres. Libertad est conduit à l'hôpital
Lariboisière le 6 novembre 1908, il y meurt le 12, âgé
de 33 ans (d'un anthrax selon certains, d'un coup qu'il aurait reçu
selon d'autres).
(Daprès l'Ephéméride anarchiste.)