Maurice Joyeux (1910-1991)
Né le 29 janvier 1910 dans le dixième arrondissement de Paris,
fils d'un militant socialiste mort à la guerre, Maurice Joyeux grandit
à Levallois-Perret. Apprenti, il quitte sa famille à 13 ans.
Adhérent de la CGTU, il milite entre autres au Comité des chômeurs
dont il deviendra le secrétaire. Une des actions de ce comité
sera l'attaque du consulat de Pologne, relatée dans un de ses romans,
et qui lui vaudra un an de prison, en 1933. Maurice Joyeux adhère
à l'Union anarchiste en 1935 et est condamné à
six mois de prison pour violence à agents. En 1936, il participe
aux occupations d'usines et anime le Front révolutionnaire. Réfractaire,
il est arrêté en 1940 et condamné à cinq ans
de prison. Incarcéré à Montluc, il s'en évade après
avoir fomenté une mutinerie (sujet du livre Mutinerie
à Montluc), mais il sera repris et finalement libéré
en 1944. A la Libération, il participe à la reconstruction
du Mouvement libertaire, qui donnera naissance à la Fédération
anarchiste (FA), et à la réapparition du Libertaire,
organe de celle-ci. Collaborateur, puis gérant de ce journal, il est
condamné à plusieurs reprises pour des articles d'inspiration
antimilitariste. Militant de la CGT-Force ouvrière dès sa création,
en 1947, Maurice Joyeux y défend les idées anarcho-syndicalistes.
Au sein de la FA, des militants, dont Georges Fontenis, créent une
organisation secrète : l'Organisation Pensée Bataille (OPB).
En 1953, c'est la scission, puis la transformation de la Fédération
anarchiste en Fédération communiste libertaire (FCL). Parmi les
exclus, à Paris, Maurice Joyeux sattelle à la reconstruction
de la nouvelle Fédération anarchiste, autour du journal Le Monde
libertaire et de la librairie quil a ouverte (Le Château
des brouillards). La FA verra le regain des idées libertaires, suscité
par Mai 68. Antimarxiste convaincu, il sera parmi ceux qui la garderont
des déviations gauchiste ou marxiste libertaire. Ami d'André
Breton, d'Albert Camus, de Georges Brassens et de Léo Ferré, il
crée en 1968, avec sa compagne Suzy Chevet et le groupe Louise-Michel,
La Rue, revue d'expression culturelle libertaire.
En 1981, Maurice Joyeux sera le premier invité de Radio-Libertaire
(radio libre de la FA, à Paris). Il meurt le 9 décembre 1991.