Jean Grave (1854-1939)
Naissance le 16 octobre 1854 à Breuil, dans le Puy-de-Dôme.
En 1860, sa famille gagne Paris et il va à l'école des Frères
dans le cinquième arrondissement, puis apprend le métier de cordonnier.
Il assiste, malgré lui, en spectateur aux événements de
la Commune de Paris. En 1875, il effectue son service militaire. Dabord
guesdiste, Jean Grave sopposera aux choix de laction parlementaire
en 1880 et se rapprochera des anarchistes. D'une timidité maladive
qui le fait bafouiller devant un auditoire, il préfère l'écrit
et ses premiers articles paraîtront dans la presse libertaire lyonnaise
en 1882. Ses premières brochures paraissent l'année suivante
sous le pseudonyme de Jehan Le Vagre
Remarqué par Elisée Reclus,
celui-ci lui propose d'aller à Genève s'occuper du Révolté.
Ce qui devait être un essai de six mois se transformera en trente et une
années dactivité de publication dun hebdomadaire.
Il rentre en France, où il poursuit la publication du journal sous le
titre de La Révolte, puis, le 4 mai
1895, crée Les Temps nouveaux. Ce
dernier titre aura un fort impact dans les milieux littéraires et artistiques
de l'époque. De nombreux artistes de renom (Aristide Delannoy, Maximilien
Luce, Paul Signac, Alexandre Steinlen, Van Rysselberghe, Camille Pissarro, Van
Dongen, Georges Willaume
) participeront à l'illustration de la
revue, ainsi qu'à son financement, offrant tableaux, dessins ou aquarelles.
La réussite de lhebdomadaire, le caractère entêté
de son animateur et ses positions intransigeantes vis-à-vis de lindividualisme
conduiront certains à le surnommer « le pape de la rue Mouffetard »
(siège de son bureau). Il sera à deux reprises condamné
par la justice : à six mois de prison, en juin 1891, en tant
que gérant de La Révolte pour
un article sur les événements de Fourmies ; à deux ans
de prison, le 24 février 1894, pour son livre La Société
mourante et l'anarchie. La même année, il est acquitté
à l'issue du « procès des Trente ». Lors
de la Première Guerre mondiale, son approbation du « Manifeste
des Seize » (favorable à l'interventionnisme), suivant en
cela Pierre Kropotkine, ternira grandement son image. Après la guerre,
Jean Grave continuera de militer et décrire, mais isolé
du mouvement libertaire, jusquà sa mort le 8 décembre
1939.