Ba Jin ou Pa Kin (1904-2005)
Li Feigan naît en 1904 à Chengdu, la capitale du Sichuan, dans une grande famille bourgeoise. Sa jeunesse est marquée par les convulsions révolutionnaires qui agitent l'empire du Milieu. L'empereur est déchu en 1912 et la république proclamée. En 1919, en pleine vague de grèves et d'agitation sociale, l'adolescent s'engage au sein du groupe anarchiste de Chengdu. Il part étudier à Nankin puis à Shanghai, et apprend le français, le russe, l'anglais et l'espéranto. La ville est alors l'épicentre des luttes révolutionnaires en Chine, qui vont culminer avec la tentative ratée d'insurrection communiste en 1927. Le mouvement anarchiste chinois, pris en étau entre les nationalistes et les communistes, décline. Li Feigan part en 1927 faire des études à Paris. En France, il milite au sein du mouvement anarchiste et s'engage dans la campagne internationale pour la libération de Sacco et Vanzetti. Il continue d'écrire pour les revues anarchistes de Shanghai et traduit L'Ethique de Kropotkine en chinois. Ce séjour à Paris est également l'occasion de publier son premier roman : Destruction, pour la première fois sous le nom de Pa Kin – première syllabe de l'appellation chinoise de Bakounine et dernière de Kropotkine. Son œuvre littéraire aura dès lors deux versants : la traduction d'une part, le roman d'autre part. Revenu en Chine en 1929, il devient un des intellectuels en vue du mouvement anarchiste, publiant divers romans où s'affrontent la Chine féodale et révolutionnaire. L'invasion japonaise va sceller l'alliance entre communistes et nationalistes pour la libération nationale. Les romans de Pa Kin prennent alors pour toile de fond la résistance à l'occupation. La guerre terminée, en 1945, il s'attaque à la traduction des œuvres complètes de Kropotkine. Le mouvement anarchiste est alors disloqué, mais Pa Kin reste le principal correspondant en Chine de la Commission des relations internationales anarchistes (CRIA), bureau de liaison du mouvement anarchiste mondial. Les communistes s'emparent définitivement du pouvoir en octobre 1949 et il va devenir impossible pour un écrivain de la stature de Pa Kin de ne pas adhérer à une des organisations satellites du Parti. Il rejoint donc l'Association des écrivains chinois, et devient député à l'Assemblée nationale populaire. Glorifiés, ses romans sont portés à la scène et à l'écran. Sa vie sera désormais ballotée au gré des fluctuations et retournements propres aux organisations léninistes et staliniennes. Il sera du côté des bourreaux en 1957, puis en 1966, à l'occasion de la Révolution culturelle, fera partie des victimes et passera dix ans à faire et à refaire son autocritique. Il ne sera réhabilité qu'en 1977, après la mort de Mao. Pa Kin redevient alors une personnalité du régime. Après plusieurs années d'une interminable agonie – l'euthanasie lui fut toujours refusée –, il meurt le 17 octobre 2005, à l'âge de cent ans.
(D'après « Alternative libertaire » [novembre 2005]).

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