Comme une blessure
Francesca Solleville (1975)

Femme – barricade au-delà des ans
Femme – barricade pour tous les mendiants
De la Butte Rouge au bagne là-bas
Pour cette Commune que je porte en moi
Comme une blessure.

Louise Michel d’un rêve présent
Louise Michel d’un autre printemps
De cerises noires rue des Insoumis
Femme de révolte et de graffitis
Gravés sur des murs.

Symbole de nuit pour les versaillais
Symbole des femmes qui se sont levées
Tant de cris jetés pour la liberté
Dans ce monde clos qu’on nous a bradé
Au vent des ordures.

Louise Michel d’un dernier espoir
Louise Michel de la contre-Histoire
Il pleut ce matin sur un Paris mort
Des femmes refont un coin du décor
Une autre parure.

Louise Michel d’un autre regard
Louise venue d’une autre mémoire
Il me reste encor tes mots en allés
Ces bribes de vie que je chanterai
Comme une blessure
Comme une blessure.

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Louise Michel
Les Abblettes (1988)

Que reste-t-il des communards d’avril
De tous leurs songes
Que reste-t-il de leur courage de fuir
Le mensonge
Que reste-t-il des enthousiasmes et des rires
Des idées folles

Salut à toi Louise Michel
Fille du vent et du ciel
Révolutionnaire en dentelle
Mon héroïne éternelle

Que reste-t-il des barricades en ville
Des années d’exil
Seraient-ils fiers de nos vies trop faciles
Lâcheté tranquille

Salut à toi Louise Michel
Fille du vent et du ciel
Révolutionnaire en dentelle
Mon héroïne éternelle
Liberté, ou la mort
Il n’y a pas de cri plus fort
Liberté, ou la mort
Salut à toi Louise Michel !

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Sur la Commune
Serge Utgé-Royo (1999)

Il était une fois dans ce grand cimetière...
Ecoute bien, l’ami, c’est une histoire vraie
Le gouvernement d’alors avait perdu sa guerre
L’Etat de Prusse avait vaincu l’Etat français
Le gouvernement d’alors avait perdu sa guerre
L’Etat de Prusse avait vaincu l’Etat français

Pendant qu’on s’arrangeait entre grands de l’époque
Pour payer le tribut au premier des tueurs
Voilà que de Paris le peuple se convoque
Et décide – comme ça ! – qu’il ne veut plus de supérieur !
Voilà que de Paris le peuple se convoque
Et décide – comme ça ! – qu’il ne veut plus de supérieur !

Refrain
Tous les copains de la Commune
Ne sont pas morts sans rien laisser
Ils doivent nous garder rancune
De laisser crever leur passé
Ils doivent nous garder rancune
De ne pas mieux en profiter.

L’Etat de France implore son ami vainqueur
De lui donner la main pour « mater la canaille »
Car il faut, sans tarder, aller clouer la peur
Aux cerveaux parisiens qui bravent la mitraille !
Car il faut, sans tarder, aller clouer la peur.

Et c’est le dix-huit mars de l’an soixante et onze
Que, depuis le palais où rota Louis Quatorze,
Monsieur Thiers a brandi quelques canons de bronze
Et crié vers Paris : « Ils vous feront rendre gorge ! »
Monsieur Thiers a brandi quelques canons de bronze
Et crié vers Paris : « Ils vous feront rendre gorge ! »
Au refrain

Une fille de Paris a gueulé vers le ciel
Et laissé sa jeunesse dans un bagne pourri
Femmes, si vous luttez, saluez Louise Michel
Et si vous ne luttez pas, saluez-la aussi
Femmes, si vous luttez, saluez Louise Michel
Et si vous ne luttez pas, saluez-la aussi

Aussi, souvenons-nous que des frères oubliés
Venus d’autres pays, citoyens de la Terre
Sont morts des mêmes balles que leurs frères français
Ils avaient oublié les drapeaux, les frontières
Sont morts des mêmes balles que leurs frères français
Ils avaient oublié les drapeaux, les frontières.
Au refrain

Notre mémoire est née de ces quelques semaines
Compagnons et compagnes, il faut l’utiliser
Revendiquons les rues, les montagnes, les plaines
Et comme les Communards, abolissons l’armée !
Revendiquons les rues, les montagnes, les plaines
Et comme les Communards, abolissons l’armée !

Il faut gratter l’oubli dont on a recouvert
Les leçons des copains qui furent assassinés
Il faut savoir que l’autonomie ouvrière
A laissé dans l’Histoire des blessures infectées
Il faut savoir que l’autonomie ouvrière
A laissé dans l’Histoire des blessures infectées.

Tous les copains de la Commune
Ne sont pas morts sans rien laisser
Ils doivent nous garder rancune
De laisser crever leur passé.

(Chœur)
Tous les copains de la Commune
Ne sont pas morts sans rien laisser
Ils doivent nous garder rancune
De laisser crever leur passé
Ils doivent nous garder rancune
De ne pas mieux en profiter.

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La danse des bombes
Michèle Bernard (2001)

Oui barbare je suis
Oui j’aime le canon
La mitraille dans l’air
Amis, amis, dansons

La danse des bombes
Garde à vous voici les lions
Le tonnerre de la bataille gronde sur nous
Amis chantons, amis dansons
La danse des bombes
Garde à vous voici les lions
Le tonnerre de la bataille gronde sur nous
Amis chantons !

L’acre odeur de la poudre
Qui se mêle à l’encens
Ma voix frappant la voûte
Et l’orgue qui perd ses dents

La danse des bombes
Garde à vous voici les lions
Le tonnerre de la bataille gronde sur nous
Amis chantons, amis dansons
La danse des bombes
Garde à vous voici les lions
Le tonnerre de la bataille gronde sur nous
Amis chantons !

La nuit est écarlate
Trempez-y vos drapeaux
Aux enfants de Montmartre
La victoire ou le tombeau
Aux enfants de Montmartre
La victoire ou le tombeau !

Oui barbare je suis,
Oui j’aime le canon,
Oui mon cœur je le jette
A la révolution !

La danse des bombes
Garde à vous voici les lions
Le tonnerre de la bataille gronde sur nous
Amis chantons, amis dansons
La danse des bombes
Garde à vous voici les lions
Le tonnerre de la bataille gronde sur nous
Amis chantons !

Oui mon cœur je le jette
A la révolution !

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La danse des bombes
Louise Michel

Amis, il pleut de la mitraille.
En avant tous ! Volons, volons !
Le tonnerre de la bataille
Gronde sur nous… Amis, chantons !
Versailles, Montmartre salue.
Garde à vous ! Voici les lions !
La mer des révolutions
Vous emportera dans sa crue.

En avant, en avant sous les rouges drapeaux !
Vie ou tombeaux !
Les horizons aujourd’hui sont tous beaux.

Frères nous lèguerons nos mères
A ceux de nous qui survivront.
Sur nous point de larmes amères !
Tout en mourant nous chanterons.
Ainsi dans la lutte géante,
Montmartre, j’aime tes enfants.
La flamme est dans leurs yeux ardents,
Ils sont à l’aise dans la tourmente.

En avant, en avant sous les rouges drapeaux !
Vie ou tombeaux !
Les horizons aujourd’hui sont tous beaux.

C’est un brillant levé d’étoiles.
Oui, tout aujourd’hui dit : Espoir !
Le dix-huit mars gonfle les voiles,
O fleur, dis-lui bien : au revoir.

En avant, en avant sous les rouges drapeaux !
Vie ou tombeaux !
Les horizons aujourd’hui sont tous beaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous les niaoulis
Michèle Bernard (2001)

Sous les niaoulis
Louise apprenait à lire
Aux petits enfants de la Canaquie
Sous les niaoulis

Sous les niaoulis
Louise, à quoi rêvait-elle
Loin des barricades et loin des fusils
Si loin du pays ?

Soufflez dans vos conques, tapez le bambou
Couvrez le bruit de la mitraille

Liberté chérie, liberté debout
Honte aux assassins de Versailles !

Sous les niaoulis
Tous les hommes sont égaux
En lettres jolies sur le grand tableau
Louise avait écrit « Pour tous mes amis
Là-bas, qu’on tue, qu’on enchaîne
Enfants, écrivez : l’esclavage est mort
Il faut qu’on l’oublie »

Soufflez dans vos conques, tapez le bambou
Tout ça c’est des mots, des bêtises
Soufflez dans vos conques, tapez le bambou
Tout ça c’est des mots, des bêtises
Et sur les rochers, enfants de Lifou,
S’écrase le Temps des Cerises

Soufflez dans vos conques, tapez le bambou
Enfants, réveillez la rengaine

Liberté chérie, liberté debout

Louise, il faudrait qu’on s’en souvienne

Sous les niaoulis

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Sous les niaoulis
Louise Michel

Sous les niaoulis, les arbres des tribus,
Nous écoutons les flots aux murmures confus.

Il faut que l’aube, se lève ;
Chaque nuit recèle un matin.
Pour qui la veille n’est qu’un rêve,
L’herbe folle deviendra grain.
Les flots roulent, le temps s’écoule,
Le désert deviendra cité.
Sur les mornes que bat la houle
S’agitera l’humanité.

Nous apparaîtrons à ces âges
Comme nous voyons maintenant
Devant nous les tribus sauvages,
Dont les rondes vont tournoyant ;
Et de ces races primitives,
Se mêlant au vieux sang humain,
Sortiront des forces actives.
L’homme monte comme le grain.

Sur les niaoulis gémissent les cyclones,
Sonnez, ô vents des mers, vos trompes monotones !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au cimetière de Levallois
Michèle Bernard (2001)

Au cimetière de Levallois
Drôle de belle au bois
Tu dors depuis cent ans, c’est fou
Comme le temps creuse son trou !

Au cimetière de Levallois
Carré vingt, te voilà
Un monument te fait de l’ombre
C’est pour fêter les hécatombes
Du chemin des Dames aux djebels
La mort entasse sa gabelle
En cent ans, que d’idées nouvelles
Le massacre à l’industrielle
Une race part en fumée
Et le Livre Rouge est fermé

Au cimetière de Levallois
Drôle de belle au bois
Tu dors depuis cent ans, c’est fou
Comme le temps creuse son trou !
Au cimetière de Levallois
T’as des voisins de choix
Madame Soleil, Léon Zitrone
Le bonheur en casaque jaune
Le rêve en paillettes dorées
Tu vois qu’on a fait des progrès
Ravel avec ses sortilèges
Eiffel et sa tour sous la neige
Théophile, ton bel ami
Mort aux cerises, sans un cri

Au cimetière de Levallois
Drôle de belle au bois

Tu dors depuis cent ans, c’est fou
Comme le temps creuse son trou !

Du cimetière de Levallois
Devine ce qu’on voit :
Des tours aux cent mille fenêtres
Qui lancent au ciel leurs grandes lettres
Apple, Hitachi, Paribas
Le monde emmêle ses cabas
Une voie de chemin de fer
Longe le mur et s’en va faire
Un petit tour chez les zonards
Où sont passés les Communards ?
Au cimetière de Levallois
Drôle de belle au bois
Tu dors depuis cent ans, c’est fou
Comme le temps creuse son trou !

Au cimetière de Levallois
Un oiseau t’aperçoit
Le voilà posé sur ta tête
Ses ailes te font une aigrette
Noire comme un drapeau têtu
Et sautille sur ta statue
Puis s’envole à travers la grille
Qu’à tous les vents il éparpille
Cet air qui ne veut pas mourir
Où l’on refuse d’obéir

Au cimetière de Levallois

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Louise
Eric Mie (2005)

Je rêve à ton retour les soirs de désespoirs
Louise révoltée qu’on appelait barbare
Et qui criait bien haut : « Nul ne doit se soumettre ! »
En arrachant le cœur des entrailles du maître
Tu n’aurais pas aimé cette résignation
Toi qui remplaça Dieu par la révolution
Ces chiens rampants qui lèchent le bâton qui les frappe
Et ton utopie qui passe encore à la trappe
Louise, Louise, Louise…

Je claqu’rais bien la gueule atroce de notre ère
Peuplé de bovidés heureux de se fair’ traire
Ces familles abruties par la télévision
Qui trouvent super cool le chef de l’oppression
Comme une jolie fleur écrasée par un char
Aujourd’hui ils s’amusent à brûler tes espoirs
Louise revient nous avec tes illusions
Louise revient nous ils sont devenu con
Louise, Louise, Louise…

Et les femmes soumises aux religions des hommes
Et tous ces clandestins, tous ces noirs qu’on dégomme
Cet empire me navre or demain je veux voir
Planté dans son cadavre un joli drapeau noir
Je rêve à ton retour les soirs de désespoirs
A l’heure où les rebelles ne sont plus que des poires
Plus enivrés d’alcool que de belle utopie
Je rêve quand tu cris : « Tout pouvoir est maudit ! »
Louise, Louise, Louise…

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Louise Michel : la Vierge rouge
Jean-Pierre Bocquet (2020)

Vierge rouge abhorrée des puissants aux mains pleines,
Jusqu’à ton dernier jour ange des opprimés
Et de tous les martyrs à la mort arrimés,
Tu voulais protéger leur souffrance et leur peine.

Vierge rouge entravée aux barreaux de la haine,
Pour brider ton courage, à jamais te calmer,
Tu fis de cet enfer un monde à rédimer,
Et tu fus en ta geôle âme libre et sereine.

Vierge rouge exemplaire, inscrite en nos mémoires,
Et vivante en nos cœurs, plus forte que les moires,
Supposons qu’à Montmartre un crucifié te voie,

Qu’il entende ton nom, le lise et s’en souvienne,
Il sait que sur la Butte et dans ses rues anciennes
Tu montres comme lui, VIRO MAJOR, la voie !

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Pendant l’exil en Nouvelle-Calédonie, nombre de communards
se retrouveront à exploiter le peuple d’origine et même
à prendre parti pour les troupes coloniales lors de la révolte
de 1878. Pas Louise Michel qui s’attachera à défendre
les Kanaks, à appréhender leur culture et à enseigner
auprès d’eux. On raconte même que la bande rouge sur
le drapeau kanak symboliserait son écharpe. Légende ?
Peut-être !… Joan Pau Verdier a ainsi écrit :

L’eissarpa de fuóc

Qu’es per tu Loisa per uèi e doman
Tu la femna a l’eissarpa de fuóc
Color de cireisa e perfum de pan
Sabi pas perque te disi quó

Femna en plors a espiar lo regard del mond
Femna nuda dins l’ivern prigond
I’a pas cap de plaças a portar ton nom
Mas beleù mielh vau quela cançon ?

Un beu jorn veirèm la pica dau solelh
A cadun son torn cadun l’esper
Per sentir aqui coma lo vin novel
La cançon de Loisa dins lo ser.

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L’écharpe de feu

C’est pour toi Louise. Pour aujourd’hui et demain,
Toi la femme à l’écharpe de feu
Couleur de cerise et parfum de pain,
Je ne sais pourquoi je te dis ça.

Femme en pleurs à épier le regard du monde
Femme nue dans l’hiver profond
Il n’est guère de places qui portent ton nom,
Mais peut-être vaut-il mieux cette chanson.

Un beau jour nous verrons la pointe du soleil
A chacun son tour, chacun l’espoir
Pour sentir ici comme le vin nouveau
La chanson de Louise dans le soir.