[Le martyr de Sacco et Vanzetti a donné lieu à des chansons (cf., par exemple, celle interprétée par Joan Baez), en voilà une au style larmoyant et bien-pensant.]

Suprême adieu
[« Lettre de Mademoiselle Sacco
à son père »]

1er couplet
Petit Papa on voulait m'le cacher,
Mais je voyais p'tit' mère
Remplie de larmes et les traits boul'versés
J'ai su la vérité
Moi ton enfant, je sais bien que c'est faux
Que tu n'es pas coupable
Et quoique les juges te traitent en misérable
Je te le dis bien haut.

1er refrain
Ils ne savent pas ce qu'ils font
Tu étais si bon
Pour moi et p'tite mère
Pourquoi veul'nt-ils te tuer ?
Leur cœur sans pitié
N'est-il que de pierre ?
Que leur avais-tu donc fait ?
Si !… Tu défendais la classe ouvrière
Parce que ton grand cœur comprenait
La misère

2e couplet
S'il l'eût fallu j'aurais donné mon sang
Pour te sauver mon père
De ta cellule j'entends cette prière :
« Non, merci, mon enfant.
Après ma mort tu diras aux humains
Aimez-vous, soyez frères
Entr'aidez-vous, secourez vos misères
Et tendez-vous la main. »

2e refrain
Et puisqu'il faut finir
Cet affreux martyr
Sur l'horrible chaise
Ta fille te d'mande humblement
Au dernier moment,
Quand le cœur s'apaise,
Dans un élan de pitié
De leur pardonner
Cette erreur profonde,
Pour qu'la Justice et la Bonté
Règnent au monde.

3e couplet
Sois courageux et pars en revoyant
Ta p'tite fille qui t'adore
Car si tu meurs il reste ton enfant
Et c'est encore ton sang
Dans l'agonie penses à ceux qui auront
Compati à tes peines
Car certains jours, de remords et de haine
Tes bourreaux souffriront.

3e refrain
Adieu mon papa chéri
Ta fille a compris
Ta foi, ton courage
Te donne le dernier baiser
De l'humanité
Pleurant cet outrage.
Et vous brave Vanzetti
Qui l'avez suivi
Maint'nant s'il succombe
Adieu, la grandeur vous unit
Dans la tombe.

Fermer la fenêtre