Chant de révolte
Musique de Sébastien Faure

I
Nous sommes les persécutés
De tous les temps et de toutes les races
Toujours nous fûmes exploités
Par les tyrans et les rapaces.
Mais nous ne voulons plus fléchir
Sous le joug qui courba nos pères,
Car nous voulons nous affranchir
De ce qui cause nos misères.

Refrain
Eglise, parlement, capitalisme, Etat, magistrature
Patrons et gouvernants
Libérons-nous de cette pourriture,
Pressant est notre appel
Donnons l’assaut au monde autoritaire
Et, d’un cœur fraternel,
Nous réaliserons l’idéal libertaire !

II - Capitalisme
Ouvriers ou bien paysans,
Travailleurs de la terre ou de l’usine,
Nous sommes, dès nos jeunes ans,
Réduits au labeur qui nous mine.
D’un bout du monde à l’autre bout,
C’est nous qui créons l’abondance ;
C’est nous tous qui produisons tout
Et nous vivons dans l’indigence !
Refrain

III - Etat
L’Etat nous écrase d’impôts :
Il faut payer ses juges, sa flicaille ;
Et si nous protestons trop haut,
Au nom de « l’ordre », on nous mitraille.
Les maîtres ont changé cent fois,
C’est le jeu de la politique ;
Quels que soient ceux qui font les lois,
C’est bien toujours la même clique.
Refrain

IV - Patrie
Pour défendre les intérêts
Des flibustiers de la grande industrie,
On nous ordonne d’être prêts
A mourir pour notre Patrie.
Nous ne possédons rien de rien,
Nous avons horreur de la guerre ;
Voleurs, défendez votre bien,
Ce n’est pas à nous de le faire.
Refrain

V - Union
Déshérités, soyons amis
Mettons un terme à nos tristes disputes.
Debout ! Ne soyons plus soumis,
Organisons la Grande Lutte
Tournons le dos aux endormeurs
Qui bercent la misère humaine,
Clouons le bec aux imposteurs
Qui sèment entre nous la haine.
Refrain

VI - Révolte
Partout sévit l’Autorité :
Des Gouvernants l’Internationale
Jugule notre Liberté
Dont le souffle n’est plus qu’un râle.
L’heure a sonné de réagir ;
En tous lieux la Révolte gronde.
Compagnons, sachons nous unir
Contre tous les Maîtres du Monde !
Refrain

 

Interprété par Fanchon Daemers


 

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L’Internationale des enfants

Debout ! les enfants de tout âge,
De tout sexe et de tout pays ;
Debout ! En un libre langage,
Proclamons le « Droit des Petits »,
On nous parle d’obéissance
Aux devoirs, aux Respects, aux Lois
Qui courbent sous le joug de l’enfance ;
Eh bien ! Que fait-on de nos Droits ?

Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.
Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.

On veut avoir une jeunesse,
Belle de santé, de vigueur,
Exempte de toute faiblesse,
Entraînée aux rudes labeurs.
Qu’on nous garde de la misère
Qui nous étreint dès le berceau :
Alors on ne verra plus guère
Que jeunes gens sains, forts et beaux.

Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.
Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.

On aime les jeux à notre âge ;
On a besoin du mouvement ;
On aime à faire du tapage,
On s’amuse, on rit follement.
Devenus des femmes, des hommes,
Tout le jour nous travaillerons ;
Mais, tant que des enfants nous sommes,
Jouons, chantons, sautons, courons.

Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.
Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.

L’école est souvent une geôle,
On n’y parle que de punir ;
Captifs, les petits n’ont qu’un rôle :
Ecouter, se taire, obéir.
Au diable toute pénitence !
Le travail fait joyeusement
Deviendrait une récompense,
L’étude est un divertissement.

Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.
Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.

Il est vrai qu’il nous faut apprendre
Si, plus tard, nous voulons savoir ;
Mais nous entendons tout comprendre,
Tout raisonner, tout concevoir.
Ce qu’on lit dans pas mal de livres,
A pour but de nous hébéter ;
Nous sommes faits pour vivre libres ;
L’enfant doit pouvoir discuter.

Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.
Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.

Nous ne voyons dans notre père
Ni chef, ni maître, ni patron ;
Il est pour nous comme un grand frère,
Un bon guide, un cher compagnon.
Notre mère, c’est notre aînée ;
Pour nous, elle est « la grande sœur » ;
Ainsi la famille ordonnée,
Nous ne sommes qu’un même cœur.

Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.
Nous voulons manger, boire,
Chanter, rire, danser.
Nous ne voulons plus croire,
Mais savoir et penser.

Partout les petits sont nos frères ;
De tous nous sommes les amis ;
Notre cœur n’a pas de frontières ;
Entr’aimons-nous ; soyons unis.
Si les grands rêvent de tuerie,
Rêvons, nous, de fraternité ;
Dans l’universelle Patrie,
Organisons l’Humanité !

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Fraternité

Ils ont senti passer sur leur têtes altières
Le souffle précurseur des révolutions,
Et l’œil des dirigeants braqué sur les frontières
Semble déterminer le choc des nations
Ils espèrent, les fous, hébètés d’épouvante,
Détourner la fureur menaçant leurs pouvoirs;
Ils espèrent noyer dans une mer sanglante
Du prolétariat, le vengeur désespoir.

Refrain
Nous, nous voulons, amis, que sur toute la terre
Règnent avec bonheur, bien-être et liberté
France, Autriche, Russie, Allemagne, Angleterre,
Tous les peuples sont faits pour la fraternité.

A qui peut profiter le gain d’une bataille?
Aux rois, aux dirigeants, aux vils exploiteurs,
A tous les trafiquants d’engins et de mitraille,
Aux détenteurs du sol, aux bourgeois exploiteurs.
Mais honteuse déroute, oh ! brillante victoire !
Qu’importe au travailleur, en tous lieux pourchassé ;
La guerre ne lui vaut ni fortune, ni gloire,
Qui nourrira les siens, s’il meurt, s’il est blessé ?
Au refrain

Que de crimes commis au nom de la patrie !
Que de larmes, de sang, d’atrocités, de deuils !
Par qui sera jamais suffisamment flétrie
Cette idole acharnée à tisser des linceuls.
Combattons sans pitié l’esprit de chauvinisme,
Qui jette dans les cœurs des sentiments pervers.
Maudit soit à jamais ce mot : patriotisme
Notre unique patrie à nous, c’est l’Univers.
Au refrain

Tandis qu’aux jeunes gens on ensouffle la haine,
Et que les sentiments d’amitié sont bannis,
Cherchons à préparer l’étroite et douce chaîne
Qui formera un jour tous les peuples unis ;
Alors tirant partie de son humeur guerrière
Contre les élements, les fléaux, la douleur,
L’homme ayant subjugué savamment la matière
Posera sur le globe un pied triomphateur.
Au refrain

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Que les oiseaux sont heureux ! (1)

I
Que les oiseaux sont heureux !
Les oiseaux sont libres.
Ils jouent dans les bois ombreux,
Sans souci des livres.
Leurs délicieux concerts
De joie emplissent les airs.
Que les oiseaux sont heureux !
Les oiseaux sont libres.

II
Ils trouvent tout à souhait
Chez maman Nature.
Le brin d’herbe est leur jouet,
Le grain leur pâture.
La branche est leur logement,
La plume est leur vêtement.
Ils trouvent tout à souhait
Chez maman Nature.

III
Dès que revient la saison
Des tendres ramages,
Ils gazouillent la chanson
Des doux bavardages.
D’arbre en arbre voltigeant,
Mille propos échangeant,
Ils gazouillent la chanson
Des doux bavardages.

IV
Ils vivent au même nid,
Oiselets, Oiselles.
Pourtant ils restent unis ;
Jamais de querelles !
Nous aussi, nous grandissons
En paix, filles et garçons.
Ils vivent au même nid,
Oiselets, Oiselles.

(1) Chœur populaire allemand (NdE).

(Extrait de Pour les petits. Recueil de chansons,
chœurs et petites comédies
, La Ruche, 1907.)

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Chant d’adieu
Air « Le fil de la Vierge »

I
Nous allons vous quitter ; grande est notre tristesse,
Amis d’un soir ;
Mais non sans vous laisser la formelle promesse
De vous revoir !
Ici nous avons fait une moisson charmante
De doux plaisirs :
Chaude hospitalité, affection touchante,
Chers souvenirs.

II
Nul de nous n’oubliera ceux qui, dans leur famille,
Avec bonté,
Comme s’il eût été leur garçon ou leur fille,
L’ont dorloté.
Dans nos cœurs de dix ans, en dépit de l’absence,
Trop courts instants,
Vous survivrez longtemps, chers souvenirs d’enfance,
Oui, bien longtemps.

III
Cessez bruits et chansons, éclats de cette fête
Disparaissez !
Puisqu’à se séparer chacun de nous s’apprête,
Rires, cessez !
Puissions-nous vous avoir donné de notre vie
L’impression ;
Puissiez-vous en garder, en votre âme ravie,
L’émotion.

(Extrait de Pour les petits. Recueil de chansons,
chœurs et petites comédies,
La Ruche, 1907.)

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