Septembre 2009

PUBLICATIONS

C'est la rentrée des classes, celle des littérateurs ne va pas tarder et on les verra bientôt comme chaque année tapiner dans les médias et les salons pour gagner un prix, gage du succès en librairie. Les ouvrages évoqués ci-dessous ne risquent pas cet opprobe et c'est pour cela que nous en parlons. Et tout d'abord Dynamite Club (Tallandier, 255 p., 20 euros), de John Merriman. Le sous-titre, « L'invention du terrorisme à Paris », et une allusion de l'éditeur à « notre propre époque » pouvaient faire craindre le pire. Il n'en est rien, c'est un travail sérieux et extrêmement documenté sur Emile Henry (lire biographie) et la période des attentats anarchistes à la fin du XIXe siècle. Tout est dit : les massacres de la Commune, l'opulence de certains et la misère du plus grand nombre, la répression des manifestations et des grèves, les lois scélérates qui s'ensuivirent… C'est ainsi que, parmi d'autres, Jean Grave (lire biographie) se retrouva poursuivi lors du « procès des Trente ». Une jeune maison d'édition vient utilement de rééditer ses souvenirs : Mémoires d'un anarchiste (1854-1920) (Editions du Sextant, 544 p., 28 euros). Un peu cher hélas ! mais le « pavé » retrace l'activité d'un homme qui a dirigé pendant plus de trente années trois des principaux journaux anarchistes francophones (Le Révolté, La Révolte, Les Temps nouveaux) et qui a su tisser des liens durables avec nombre d'écrivains et d'artistes. C'est une partie essentielle de l'histoire du mouvement libertaire qui est ainsi évoquée, même si le personnage a parfois une vision personnelle des événements. Autre réédition, cette fois au Livre de poche - LGF, concernant l'œuvre essentielle de Pierre-Joseph Proudhon : Qu'est-ce que la propriété ? (445 p., 7,50 euros). Sa réponse est devenue une célèbre formule : « la propriété, c'est le vol », démontrant plus de vingt ans avant Karl Marx l'existence de la plus-value (qu'il appelle « aubaine »), appropriation par les propriétaires d'entreprise de la force de travail collective. Une bonne introduction à la lecture de cet ouvrage peut être le fascicule écrit par Edouard Jourdain, Proudhon. Un socialisme libertaire (Michalon, 128 p., 10 euros). L'auteur s'attache en effet à définir et à expliciter quelques conceptions proudhoniennes, parfois complexes : la justice, la dialectique sérielle, la force et le droit, le fédéralisme intégral… Et Edouard Jourdain de conclure : « L'enjeu n'est pas de revenir à Proudhon mais de le rejoindre, tant, à maints égards, il se trouve toujours devant nous. » Si ce dernier refusait l'étiquette de socialiste utopique, critiquant un « système composé de toutes pièces, et complet (…), le plus damné mensonge qu'on puisse proposer aux hommes », il aurait sans doute apprécié le recueil d'essais de René Schérer récemment republié : Utopies nomades (préf. de Louis Ucciani, Les Presses du réel, 216 p., 9 euros) car, pour l'auteur, l'utopie est multiple, à la fois rationnelle et passionnelle, en réaction au « monstre froid » de l'Etat. Victimes de celui-ci, Sacco et Vanzetti nous sont rappelés par un texte inédit en français de John Dos Passos, Devant la chaise électrique. Sacco et Vanzetti : histoire de l'américanisation de deux travailleurs étrangers (trad. de l'américain par Alice Béja, Gallimard, 191 p., 19 euros) qui est à la fois une analyse des contradictions de l'instruction, un plaidoyer et une réflexion sur le sort réservé aux migrants – dont l'intérêt actuel n'échappe à personne. Ils sont également les héros d'une pièce de théâtre que nous avons précédemment évoqué et qui doit être de nouveau présentée à l'Espace Michel-Simon (Noisy-le-Grand) les 2 et 3 octobre. Les Editions libertaires nous en proposent le texte avec Sacco et Vanzetti (56 p., 8 euros), d'Alain Guyard. Dans la même collection Théâtre, on trouve également le délirant Antonio du Limousin (56 p., 8 euros) de William Mathieu qui revisite les poncifs du communisme made in URSS, les acclimatant et les métamorphosant quelque peu. On peut aussi rire de la révolution !… Plus sérieusement, les éditions Entremonde rééditent le livre premier, Naissance, croissance et triomphe de la Révolution russe (1825-1917) (147 p., 8 euros), de La Révolution inconnue de Voline, laissant présager une suite. L'anarchiste russe a vécu ces événements et en donne une vision bien éloignée des réécritures et falsifications bolcheviques : une révolution largement populaire transformée en dictature. S'il y a des héros, il y a aussi des salauds, comme ce Capitaine Superbe (Les Editions libertaires, 167 p., 13 euros), un ignoble personnage. Gaston Massat (1909-1966), communiste, résistant, poète lié aux surréalistes, a écrit cette histoire de collabos et de maquisards (français et espagnols) dans le Couserans (Ariège), région réputée depuis l'époque napoléonienne pour ses rebelles et ses insoumis. La fiction, publiée pour le première fois en 1946 chez Bordas, sonne juste et s'appuie sur des événements historiques, rappelant le nécessaire devoir de désobéissance. De la même période, signalons la réédition par Agone de deux ouvrages de l'écrivain libertaire suédois Stig Dagerman : La Dictature du chagrin & autres écrits amers (1945-1953) (trad. par Philippe Bouquet, nouv. éd. augm. de quatre textes, 192 p., 17 euros) et L'Ile des condamnés (trad. par Jeanne Gauffin, 288 p., 23 euros). Le premier est un recueil de textes dont un reportage effectué dans la France de 1948 (comme il l'avait fait deux ans plus tôt avec Automne allemand) ; le second, un roman, exprime avec force le drame d'un monde où la fraternité n'est plus capable de renaître dans le cœur des hommes. Pour découvrir cet auteur, on peut avec profit se référer au n° 12 du bulletin bibliographique A contretemps qui lui était consacré et que l'on peut consulter en ligne. Bonnes lectures.

 

RÉUNIONS-DÉBATS

Paris, 9 septembre. La librairie Quilombo organise à 19 h 45 la projection de Qu'elle était belle mon usine (2009, 52 min) à propos de la lutte des ouvriers licenciés de l'usine Michelin de Poitiers. Puis débat avec le réalisateur Nicolas Dupuis. Au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e. Courriel : quilombo(at)globenet.org - Site Internet.

Genève, 9 septembre. Les projections de films redémarrent au squat de l'Avenir, 17, rue de l'Avenir, quartier des Eaux-Vives, avec La Bataille d'Alger, de Gillo Pontecorvo, à 21 heures. Entrée libre. Bar à justapris, justabeer et autres fruits. Plus d'infos. Courriel : aveniiir(at)gmail.com

Marseille, 12 septembre. Pierre-Henri Zaidman animera à 17 heures une causerie à propos de son ouvrage, Le Mandat impératif, de la Révolution française à la Commune de Paris (Les Editions libertaires - Editions du Monde libertaire), au local du Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA), 3, rue Saint-Dominique, Marseille 1er (angle place des Capucines). Courriel : cira.marseille(at)free.fr - Site Internet.

Toulouse, 12 septembre. A 17 heures, projection d'une vidéo et débat avec deux camarades de Salamanque à propos de la réalité du fascisme et de l'antifascisme en Espagne. Cette date a été choisie en relation avec différentes manifestations qui auront lieu en mémoire de Carlos Palomíno, assassiné par un nazi dans le métro (infos complémentaires). A la librairie associative Le Chat noir, 18, avenue de la Gloire.

Paris, 19 septembre. Projection du film Charles Fourrier : l'illusion réelle, par Simone Debout, de Nicole Chosson, Annie Trassaert, Martin Verdet et Simone Debout, puis débat avec les réalisatrices. A 16 h 30, à la librarie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire). Courriel : librairie-publico(at)wanadoo.fr - Site Internet.

Genève, 23 septembre. Le squat de l'Avenir, 17, rue de l'Avenir, quartier des Eaux-Vives, poursuit sa programmation consacrée au cinéma algérien avec le visionnage du film Le Soleil assassiné (drame, 2004, 1 h 25), d'Abdelkrim Bahloul, à 21 heures. Entrée libre. Plus d'infos. Courriel : aveniiir(at)gmail.com

Montreuil, 26 septembre. Dans le cadre de Montr'UP – l'université populaire de Montreuil – et de son cycle « Luttes anti-impérialistes en Amérique latine », Francisco Pena Torres aborde la situation au Chili. De 17 heures à 19 heures, à la Parole errante, 9, rue François-Debergue (M° Croix-de-Chavaux).

Paris, 26 septembre. Rencontre-débat à 16 h 30 avec David Forest, à propos de son livre Abécédaire de la société de surveillance (Syllepse), à la librarie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire). Courriel : librairie-publico(at)wanadoo.fr - Site Internet.

Paris, 26 septembre. La Bibliothèque La Rue recevra à 15 h 30 Isabelle Pivert, fondatrice des Editions du Sextant, pour un débat autour de la réédition de l'ouvrage de Jean Grave : Mémoires d'un anarchiste. 1854-1920. Au 10, rue Robert-Planquette, Paris 18e (M° Abbesses ou Blanche). Tél. : 01 42 23 32 18. Site Internet.

 

FÊTE, EXPOSITIONS,
COMMÉMORATION, FOIRES AUX LIVRES

Massa (Italie). Quatrième édition, du 4 au 6 septembre, de l'Anarchia Infesta (« Anarchie en fête ») organisée par les anarchistes de Massa, Carrare, Montignoso, Versilia… Elle se déroule dans la localité de Le Jare (à la sortie de Massa) dans une grande pinède. Au programme : spectacles, concerts, débats, stands, librairies, expositions, buvettes, etc. Camping assuré. Entrée libre. Tél. pour infos complémentaires : 00 393 489 510 902 (Mauro).

Expo peinture. « Maximilien Luce : peindre la condition humaine », jusqu'au 9 septembre, Musée de l'Hôtel-Dieu, 1, rue Thiers, Mantes-la-Jolie (Yvelines). Peintre anarchiste, proche de Jean Grave, des Temps nouveaux et des postimpressionnistes tels Pissarro, Seurat ou Signac, après avoir découvert la région mantaise en 1917, Luce illustre les thématiques du paysage en vallée de Seine, du tourisme fluvial naissant, de l'essor industriel et de la condition de l'homme au travail. Des scènes de chantier, la retranscription d'événements contemporains dramatiques, notamment liés à la guerre de 1914-1918, des portraits d'une vie quotidienne plus paisible complètent cette production faisant une large place à la représentation du fleuve, axe fondamental de la perception du territoire. Tous les jours, de 13 heures à 18 heures, sauf le mardi, et jusqu'à 19 heures le samedi et le dimanche. Renseignements : 01-34-97-91-40. Maximilien Luce sur L'Ephéméride anarchiste.

Bruxelles (Belgique). L'Université libre de Bruxelles (ULB) et la Haute Ecole Francisco Ferrer organisent à partir du 11 septembre et jusqu'au 17 octobre une série de manifestations (expositions, colloques, visites guidées…) en commémoration du centenaire de l'exécution du pédagogue anarchiste Francisco Ferrer (1859-1909, lire biographie) : « Francisco Ferrer : 100 ans après son exécution, les avatars d'une image ». Programme développé sur le site Maitron.org D'autres activités sont détaillées sur le site de l'Ecole Ferrer. Courriel : Carmen.Louis(at)ulb.ac.be

Bristol (Grande-Bretagne). Le samedi 12 septembre, de 10 h 30 à 19 heures, se tiendra la Bristol Anarchist Bookfair (foire aux livres anarchistes de Bristol) qui, face à la récession, mettra en valeur l'idée de résistance en présentant les idées et pratiques anarchistes. Adresse : The Island, Silver Street, Bristol BS1 2PY. Renseignements.

Expo photo. A l'Hôtel de Sully, 62, rue Saint-Antoine, Paris 4e, jusqu'au 13 septembre : « Agustí Centelles. Journal d'une guerre et d'un exil, Espagne-France, 1936-1939 ». L'exposition retrace le parcours du photographe catalan (Valence, Espagne, 1909 - Barcelone, 1985), de son expérience de la guerre civile d'Espagne à son internement en France, au camp de Bram. Une centaine de photographies, pour la plupart inédites en France, et une collection de documents (magazines, lettres et carnets de notes du photographe) sont présentés. Du mar. au ven., de 12 heures à 19 heures ; sam. et dim., de 10 heures à 19 heures. Prix d'entrée : 2,50 euros/5 euros. Renseignements : 01-42-74-47-75. Plus d'info sur Rue89.

Merlieux (Aisne). La cinquième édition du Salon du livre anarchiste de Merlieux, organisé par le groupe Kropotkine (Fédération anarchiste), aura lieu les 26 et 27 septembre. Samedi, de 18 heures à 5 heures du matin, et dimanche, de 10 heures à plus de 19 heures : remise du prix Ni Dieu ni maître, banquet festif, spectacle, débats, intermèdes musicaux, stands d'éditeurs, en présence d'auteurs…
Télécharger l'affiche (pdf, 488 Ko).
Bon de soutien (pdf, 76 Ko).
Athénée libertaire, 8, rue de Fouquerolles, 02000 Merlieux. Tél. : 03 23 80 17 09 - Courriel : kropotkine02(at)no-log.org
Télécharger le programme (pdf, 152 Ko).

Proudhon à la BNF. A l'occasion du bicentenaire de sa naissance, une journée d'étude (« Proudhon ou quel socialisme ? ») est consacrée au penseur anarchiste le 29 septembre, de 9 h 30 à 18 h 30, sous la direction de Robert Damien et d'Edward Castleton. Avec, également, Frédéric Brahami, Jacqueline Lalouette, Pierre Manent, Régis Debray… Selon la présentation de la BNF, « il semble opportun de rendre à ses idées la place qu'elles méritent dans une histoire libre de tout préjugé ». Site François-Mitterrand, auditorium hall Est. Entrée libre sur inscription au 01 53 79 49 49.

Seattle (Etats-Unis). Changement de date pour la Seattle Anarchist Bookfair qui aura lieu à l'Underground Events Center les 17 et 18 octobre (et non en septembre). Pour la financer, des nuits du cinéma sont organisées les premiers et troisièmes mercredis de chaque mois (le prix d'entrée suggéré est de 5 dollars et le pop-corn est gratuit !). Courriel : bookfair(at)seattleanarchist.org - Site Internet.

 

DIVERS

La Bouche de fer. Nous avons déjà évoqué ce site en décembre 2007 mais, depuis, il a été « relooké » et s'est singulièrement étoffé. Il présente aujourd'hui de nombreuses rubriques : « Artistes » (biographies d'anarchistes) ; « Vidéos & sons », « BD - Dessins » ; « Les hommes du jour » (textes de Victor Méric) ; « Partage noir », rééditions sur Internet des brochures parues dans les années 1990 (sur la Révolution française, les conseils de Bavière, etc.) ; « Soleil noir », reproduction des textes publiés entre 1990 et 1995 dans ce fanzine anarchiste qui eut dix-huit numéros… Et bien d'autres choses encore. Cerises sur le gâteau : un numéro spécial BD de « La Bouche de fer », fort documenté, sur Nestor Makhno (à lire sur écran ou à télécharger pour impression) ; un portfolio sur Erich Mühsam ; un autre sur « L'Internationale ». A déguster !

Souscription. Les Editions du Monde libertaire, 145, rue Amelot, 75011 Paris, ont lancé un appel à souscription pour la sortie du DVD L'An prochain la révolution, film de Frédéric Goldbronn retraçant la vie, les idées et les combats de Maurice Rajsfus. Celui-ci, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, s'est engagé contre le fascisme, le colonialisme, le racisme et la répression policière. Le film, d'une durée de 75 min., est accompagné de nombreux suppléments. Prix de souscription : 13 euros port compris (au lieu de 15 euros à la parution en octobre). Site Internet.

« Terre et liberté ». Cette émission de Radio-Libertaire (89.4 MHz en région parisienne ou sur Internet) est consacrée à la lutte des peuples sans Etat (« peuples originels ») et se déroule tous les deuxièmes lundis du mois, de 16 heures à 18 heures. Sur son site Internet, on peut écouter les anciennes émissions. Dans la rubrique « Mémoire sonore », on a également accès à un enregistrement assez exceptionnel : « Sam et Esther Dolgoff vus par leur fils Anatole ». Celui-ci retrace (traduction en français) la vie de ses parents, anarcho-syndicalistes et militants des IWW, qui ont participé à toutes les luttes du mouvement anarchiste américain, côtoyant notamment Emma Goldmann et Rudolf Rocker.

Nouveaux blogs. L'Atelier de création libertaire (ACL) accueille deux nouveaux blogs : l'un, animé par Jean-Christophe Angaut, qui vient tout juste de faire paraître La Liberté des peuples. Bakounine et les révolutions de 1848 (ACL), est bien entendu consacré à Michel Bakounine ; l'autre, proposé par Isabelle Felici, auteure d'ouvrages sur la Cecilia et Gigi Damiani (ACL), s'intéresse aux anarchistes italiens dans le monde. Si le premier est déjà bien fourni en textes, documents et illustrations, le second ne prendra réellement son envol qu'à la rentrée. A suivre, donc.

 

PÉRIODIQUES

« Gavroche ». La dernière livraison (n° 159, juillet-septembre, 8 euros) évoque l'itinéraire du socialiste révolutionnaire René Lefeuvre (1902-1988), l'infatigable animateur des éditions Spartacus. Antistalinien affirmé, il a toujours rejeté le sectarisme, prônant le libre débat et l'esprit critique. Un autre article se penche sur l'histoire et les ravages de la « fée verte », l'absinthe. Les coupures d'électricité dites « sauvages » ne sont pas nouvelles, au début du XXe siècle déjà, des syndicalistes d'action directe les pratiquaient… Retour sur un épisode peu connu de la guerre d'Algérie, les refus de combattre des officiers français d'origine algérienne. Abonnement d'un an : 30 euros pour quatre numéros (chèques à l'ordre de Scoop Presse). Nouvelle adresse : Gavroche, 52, avenue de Flandre, 75019 Paris. Courriel : revue(at)gavroche.info - Site Internet.

« Non Fides ». Déjà le quatrième numéro (80 p., couverture papier glacé, à prix libre) de ce journal anarchiste apériodique remplis de cris de rage et de révolte. Parmi des reproductions de textes autonomes anciens et d'affiches plus récentes, on découvre une chronologie (mai-juin) des luttes urbaines, une réflexion sur buts et formes des « actes de résistance » face à la crise, différents textes dénonçant l'« humanitaire, main gauche du militarisme » (dénonciation de la Croix-Rouge, des organisations et entreprises « complices » de la cogestion des camps de rétention et des expulsions de sans-papiers…) et un rappel historique des bandes de jeunes (Edelweißpiraten, « pirates de l'edelweiss ») qui se rebellèrent contre la barbarie nazie. Leur attitude était « celle de la conflictualité active et permanente avec le pouvoir ». Ce qui convient parfaitement à la revue et à certains de ses collaborateurs qui s'élèvent contre l'« anarchisme respectable » des organisations libertaires à propos de l'affaire de Tarnac, bien trop raisonnables à leurs yeux ! Avec une maquette toujours aussi réussie et des extraits du Vaisseau des morts de B. Traven parsemant le numéro. Commande et soutien sur le site Internet. Courriel : non-fides(at)riseup.net

« A contretemps ». Un numéro exceptionnel, par l'intérêt du sujet traité – « L'anarchiste et le juif, histoire d'une rencontre » –, mais aussi par la qualité et la richesse de ses articles. Il est constitué tout d'abord par les « questionnements » de Pierre Sommermeyer à propos de l'ouvrage Juifs et anarchistes (éd. de L'Eclat, lire recension) ; puis par le témoignage de cinq personnes s'interrogeant sur leur « double identité » ; Sylvain Boulouque, quant à lui, retrace les embarras du mouvement libertaire français sur la question d'Israël. Ce n° 35 (septembre, 44 p., « pas de prix, juste des frais… ») se poursuit avec un texte de Paul Avrich (1931-2006, lire biographie), inédit en français, consacré à l'anarchisme juif aux Etats-Unis, et se conclut avec une réflexion collective d'A contretemps sur l'actualité du conflit israélo-palestinien. Dire que ce dossier fait le tour de la question serait exagéré mais il débrousaille bien le sujet et incite à défricher plus encore un domaine de recherche qui paraît inépuisable. Courriel : a-contretemps(at)wanadoo.fr - Site Internet.

« Le Monde libertaire ». Peut-être est-il un peu tard pour commenter cette livraison hors-série (n° 37, 9 juillet au 9 septembre, 46 p., 3 euros) mais la variété de son sommaire nous incite à passer outre. Notre attention a été plus particulièrement attiré par l'article de Miguel Chueca retraçant les origines de la grève générale et par celui de Laurent Ott qui établit le bilan des dernières réformes de l'école « sous le signe du sanitaire et du sécuritaire ». Jean-Pierre Tertrais dénonce, lui, la « mondialisation du marché foncier » (nouvelle colonisation ?) et les achats par certains Etats de terres arables, tout cela dans une perspective de rendements décroissants et de besoins en hausse. Quelque peu iconoclaste, Philippe Pelletier s'attaque à un concept à la mode, l'empreinte écologique, qu'il juge « discutable ». D'autres s'inquiètent, tels Normand Baillargeon au sujet du « nouvel unilatéralisme », des habits neufs de l'OTAN et de l'impérialisme new look (appelé aussi « humanitaire » ou « libéral ») ou Jacques Lesage de La Haye qui met en parallèle les prisons du temps de Kropotkine (lire recension) et celles du XXIe siècle… On peut s'abonner en ligne sur le site de la librairie du Monde libertaire.

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