Juin 2012

PUBLICATIONS

Les Anarchistes espagnols (Editions Denoël, coll. Médiations, 576 p., 28,50 euros) d'Edouard Waintrop… un livre de plus sur la révolution espagnole ! Pas tout à fait, l'auteur l'avoue : il n'est pas historien mais journaliste, et en tant que tel a joué au « chalutier, travaillant en profondeur et systématiquement mais essentiellement sur la pêche des autres ». Il nous brosse effectivement, avec talent et de façon documentée, la naissance de l'anarchisme dans ce pays, la création de la Confédération nationale du travail (CNT), son développement par soubresauts, tiraillée continuellement entre ses tendances syndicalistes et anarchistes (voire ses tentations insurrectionnistes), sa résistance pendant les périodes de dictature, de guerre civile larvée, la révolution rouge et noir après l'échec du coup d'Etat franquiste et la guerre civile dévorant l'élan émancipateur. Mais il le fait avec le souffle du journaliste, du vulgarisateur conscient de sa tâche, avec une volonté didactique d'informer de façon nuancée et critique. Mettant à mal la « légende » du peuple en armes défaisant la réaction en Catalogne, présentant l'impasse dans laquelle se trouve les anarchistes ne pouvant surmonter une contradiction fondamentale : prendre le pouvoir au risque d'établir une dictature libertaire, critiquant – un peu hâtivement à notre avis – la « créativité économique des anarchistes de la CNT et de la FAI [qui fut] minimale » et plus justement la colère sanglante et bien souvent aveugle des débuts, les erreurs commises par les dirigeants, l'« intégration graduelle de l'anarcho-syndicalisme dans l'Etat »… Reste, comme l'indique Waintrop en conclusion, à « apprendre à concilier les inconciliables, l'utopie et la prise en compte des réalités du monde, la liberté et la responsabilité, l'esprit adolescent et la conscience adulte… ». Un beau programme ! L'ouvrage s'achève à peu près lorsque commence, dans les années 1960, Une résurgence anarchiste (Acratie, L'Essart, 86310 La Bussière, 380 p., 19 euros [port compris]), de Salvador Gurucharri et Tomás Ibáñez, qui relate la lutte des Jeunesses libertaires contre le fascisme. Après le déclin des guérillas menées entre autres par Sabaté, quelques jeunes de l'exil et certains arrivés d'Espagne décident, avec l'accord de la CNT et le soutien de vieux militants comme García Oliver et Cipriano Mera, de constituer une organisation – Défense intérieure – pour intensifier la création de groupes dans la péninsule et donner la priorité à l'action directe afin de miner les intérêts économiques de l'Etat franquiste. Entre 1962 et 1970, une cinquantaine d'actions furent réalisées (divers attentants et sabotages, séquestration de personnalités, enlèvement de Mgr Marcos Ussía, etc.) mais l'hostilité croissante de la direction du mouvement libertaire espagnol (composée de personnes trop longtemps en place), les exécutions au garrot de Delgado et Granado, les arrestations de militants en Espagne et les raffles des autorité françaises finirent par étouffer cette tentative. Les auteurs ont participé à ce combat et apportent leur vision des événements (adossée à une riche documentation, comprenant de nombreux inédits, à une chronologie et à un index rigoureux et précieux) sur un épisode encore controversé de la CNT en exil. Querelles à peu près similaires avec Les Situationnistes et l'anarchie (Editions de la Roue, 188 p., 12,20 euros, diffusées par Court-Circuit). Miguel Amorós nous y dépeint les prémices de Mai 68 en analysant les relations entretenues par les situationnistes avec certains groupes libertaires. Et, indirectement, avec la Fédération anarchiste qui, marquée par l'aventure OPB (lire biographie de Georges Fontenis), rejette toute tentative de rénovation. Sclérosée et arc-boutée sur le passé, elle se débarrassera des importuns séduits par le situationnisme ou par des apports marxisants. Ceux-ci finiront souvent par s'entre-déchirer, s'excommunier et se dissoudre. Quant aux situationnistes, brillants analystes de l'évolution sociétale et théoriciens visionnaires, ils demeureront drapés dans leur élitisme et leur avant-gardisme, et, bien qu'inspirant la révolte de la jeunesse, ne pèseront guère sur celle-ci. Tout cela laissant un goût amer de rendez-vous manqué avec l'histoire. On peut ne pas partager tous les jugements de l'auteur mais il est indéniable que son ouvrage éclaire une période de l'anarchisme encore trop peu abordée. Impossible de ne pas évoquer à ce propos Le Mouvement situationniste. Une histoire intellectuelle (L'Echappée, 337 p., 22 euros) de Patrick Marcolini, mais n'ayant pas eu la possibilité de le lire, nous ne pouvons que citer ces lignes de présentatison : « Ce livre analyse avec précision les racines culturelles des théories et des pratiques situationnistes. Il explore également leur postérité diverse et souvent contradictoire : entre récupération et radicalisation (…) chez les stratèges du pouvoir néocapitaliste comme dans les rangs des révoltés d'aujourd'hui. » « 1849-2009 », le sous-titre de Pour l'éducation populaire (Editions du Monde libertaire, 88 p., 8 euros), nous donne la clef de cette brochure qui réunit deux textes de Hugues Lenoir. L'un est un commentaire critique du premier programme d'enseignement socialiste rédigé par des instituteurs et des institutrices en 1849, qui établit malgré quelques égarements d'autorité et de croyance les bases d'une véritable pédagogie libératrice. L'autre présente l'expérience de la Dionyversité, plus proche de nous et régulièrement citée par Anarlivres. Historique, principes de fonctionnement, activités, public sont ainsi décortiqués. Tout en étant rattachée à un courant éducationniste du mouvement ouvrier qui a périclité au début du XXe siècle. Les raisons de cet « échec » ? Entre autres, parce qu'il ne s'agissait pas d'une « éducation du peuple, pour le peuple et par le peuple, mais d'une éducation donnée au peuple, c'est-à-dire une forme de bonne parole laïque, humaniste et dans le meilleur des cas réformistes… » Ecueil que tente d'éviter l'université populaire de Saint-Denis en laissant une large place au débat, à la critique et à la participation des « auditeurs-acteurs », prenant garde de varier les sujets d'intérêt et les activités. Education encore, avec Apprendre à désobéir de Laurence Biberfeld et Grégory Chambat (préf. de Martine Auzou, postf. d'André Bernard, Editions CNT-RP, coll. N'autre école, 238 p., 10 euros), qui dresse la « petite histoire de l'école qui résiste », résistance qui peut être pédagogique (Freinet) et/ou politique (contre le militarisme, le nationalisme, le colonialisme, le contrôle social…). Revenant sur la création d'un système éducatif publique et laïque dans les années 1880 – il fallait « écarter l'Eglise sans mettre en péril la cohésion nationale et morale » –, les auteurs notent que l'école fut très tôt un « lieu ambivalent », entre domination et émancipation. Martine Auzou, dans la préface, souhaite que ce livre, « par les exemples de luttes qu'il relate, “donne la pêche” ! ». Il en est en effet grand besoin lorsqu'on constate les dégâts causés par l'idéologie néolibérale, la lassitude et les réactions aux dernières tentatives de fichage des enfants (fichier Base-élèves) et de contrôle des enseignants (notation par les chefs d'établissement) qui sont restées limitées et minoritaires. Education toujours, serait-on tenté de dire, mais sur un autre terrain… celui de l'activité physique et, plus particulièrement, du football. Eloge de la passe (coordonné par Wally Rosell, Les Editions libertaires, 191 p., 13 euros) est un plaidoyer pour un sport plaisir, adepte du beau jeu, débarrassé de ses liens avec l'argent et le pouvoir. Connaissez-vous la véritable histoire des Olympiades de Barcelone (en opposition aux JO de Berlin) ? Savez-vous que le jeu à XIII fut interdit par Pétain au profit du rugby à XV ? Que le siège de la Fédération française de football a été occupé par des joueurs en Mai 68 ? Qu'un journal a tenté pendant vingt-neuf ans de faire aimer et défendre un jeu qui respecte les hommes, les joueurs et le public ? Que des groupes de supporteurs(trices) mènent une lutte antifasciste, antiraciste, anticapitaliste et antisexiste dans les tribunes des stades ? Que le foot a aussi façonné Albert Camus ? Qu'une Coupe alternative d'Amérique du Sud et une Coupe libertaire de football de Stockholm existent ? Que, dans le monde anglophone, le foot peut être un outil de libération ? Qu'en 2003, à San Francisco, le FC Kronstadt a rencontré l'équipe communiste Left Wing (« aile gauche ») ? Que les « règles » (pouvant être amendées à tout moment) d'un football libertaire ont déjà été établies – équipes mixtes, nombre de joueurs variable mais à égalité, remplacements illimités, toute faute volontaire étant sanctionnée par un penalty… ? Après la lecture de cet ouvrage, vous verrez les jeux de balle sous un jour nouveau et ne pourrez que souhaiter « changer le sport pour changer le monde » ! Dans un parc public, un vieil homme raconte à son petit-fils l'histoire de Sacco et Vanzetti. En Amérique à cette époque, dans les années 1920, une véritable guerre a lieu : d'un côté, l'opulence des nantis, l'exploitation, les hommes politiques, les juges, les polices privées, l'armée, la violence légale ; de l'autre, la misère, la résistance et parfois les bombes… Suite à une attaque à main armée où deux hommes sont tués, deux personnes sont arrêtées, jugées (si l'on peut appeler jugement ce simulacre de procès) et condamnées à mort. Non qu'on soit sûr de leur culpabilité mais parce qu'anarchistes, pauvres et émigrés italiens. Leur sort va émouvoir le monde entier et ils vont devenir un symbole. C'est ce récit que nous livre Florent Calvez avec American Tragedy (Delcourt, coll. Mirages, 111 p., 14,95 euros). Parfaitement documentée, dans des tons chauds et avec des traits hachurés qui suggèrent l'implacabilité de la fin, la bande dessinée se révèle particulièrement juste. La longue séquence de l'exécution, très réussie, ne peut qu'émouvoir. L'auteur aurait pu tout de même s'épargner de rendre Sacco complice passif des meurtres (rumeur qui a effectivement circulée) et une fin quelque peu moralisatrice qui prône l'individualisme bourgeois, convenant mal à deux militants pris dans un engrenage inexorable.

 

RÉUNIONS-DÉBATS

Marseille, 2 juin. A 17 heures, causerie animée par Pierre Jouventin, directeur de recherche au CNRS et président de l'association Les Acrates, sur « Darwiniens de droite et de gauche ». Au local du Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA), 50, rue Consolat, Marseille 1er. Courriel : cira.marseille(at)free.fr - site Internet.

Paris, 2 juin. Une lecture anarchiste du marquis de Sade par Maurice Schuhmann, à 16 h 30, à la librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° Oberkampf ou Filles-du-Calvaire). Site Internet.

Paris, 3 juin. Deuxième rencontre des anarchistes étrangers, à partir de 20 heures, au bar-restaurant Maldoror (10, rue du Grand-Prieuré, Paris 11e, M° Oberkampf). Lire précédente info.

Toulouse, 4 juin. Conférence-débat à propos du livre La Bio, entre business et projet de société (Agone) en présence de deux des coauteurs, Philippe Baqué et Pierre Besse. Soirée organisée par l'association culturelle l'Après. A 19 h 19, au Récantou, l'autre épicerie, 42, rue des Sept-Troubadours (M° Jean-Jaurès ou Marengo).

Angers, 5 juin. Projection du documentaire La Domination masculine (1 h 43), de Patric Jean, puis rencontre avec Chistine Bard, historienne du féminisme, sur le thème du droit des femmes et de l'égalité des droits. A 20 h 15, au cinéma Les 400 coups, 12, rue Claveau.

Argenteuil, 5 juin. Réunion-débat organisée par l'UD CNT du Val-d'Oise autour de Pédagogie et révolution (Libertalia), en présence de l'auteur Grégory Chambat. A 19 heures, Espace Mandela, Bourse du travail (3e étage), 82, bd du Général-Leclerc.

Saint-Denis, juin. Les cours de la Dionyversité ont lieu de 19 heures à 21 heures à la Bourse du travail, 9, rue Génin (métro ligne 13, station Porte-de-Paris). Cycle « Autogestion et société » : le 5, « L'autogestion, approche historique », avec Franck Georgy ; le 12, « Approches économique et pédagogique », avec Frank Mintz et Hugues Lenoir ; le 19, « L'autogestion en actes », avec divers témoins. Site Internet.

Paris, 6 juin. A 19 heures, apéro-rencontre avec les éditeurs de La ville brûle à la librairie Quilombo, 23, rue Voltaire, Paris 11e. Site Internet.

Merlieux, 7 juin. De 18 à 21 heures, le groupe Kropotkine (Fédération anarchiste) reçoit François Ruffin, animateur du journal Fakir, à propos de son ouvrage Leur grande trouille, journal intime de mes « pulsions protectionnistes » (Les liens qui libèrent). Apéro dînatoire. Athénée libertaire, 8, rue de Fouquerolles. Site Internet.

Millau, 7 juin. « Tant qu'il y aura de l'argent, y'en aura pas pour tout le monde ! », conférence-débat à 20 h 30 autour du livre Crises (Entremonde) avec Léon de Mattis, son auteur. Organisée par Solidaires, écologistes et libertaires (SEL), à la librairie Plume(s), 16, rue Saint-Martin. Plus d'infos.

Paris, 7 juin. Le collectif Rage de nuit vous invite à une projection suivie d'un débat sur le thème de « La non-violence est-elle patriarcale ? ». Film – Messidor (1970) d'Alain Tanner – à 19 heures et discussion à partir de 22 heures (entre-temps, vous aurez même à manger !). Chez Martine, 11, cité Aubry (M° Alexandre-Dumas).

Toulouse, 7 juin. Rencontre avec Patrick Marcolini autour de son livre Le Mouvement situationniste. Une histoire intellectuelle (L'Echappée), à 19 heures, librairie Terra Nova, 18, rue Gambetta.

Montpellier, 8 juin. A 20 h 30, débat avec Sergio Ghirardi, auteur de Nous n'avons pas peur des ruines. Les situationnistes & notre temps (L'Insomniaque). Centre Ascaso-Durruti, 6, rue Henri-René. Site Internet.

Paris, 8 juin. A 16 heures, Claudio Zaretti et Moustache de Paname pousseront la chansonnette à la librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° République ou Filles-du-Calvaire). Entrée libre et gratuite.

Paris, 8 juin. Ciné-club du SUB-CNT avec La Guerre est finie (1966, 117 min), d'Alain Resnais. A 19 heures, à la Confédération nationale du travail (CNT), 33, rue des Vignoles, Paris 20e (M° Avron ou Buzenval). Site Internet.

Paris, 8 juin. Le groupe Louise-Michel (Fédération anarchiste) organise un débat à 19 h 15 sur le thème : « Peut-on se passer de la monnaie ? » Au local La Rue, 10, rue Robert-Planquette, Paris 18e (M° Blanche ou Abbesses). Entrée libre et gratuite.

Perpignan, 8 juin. « Les luttes sociales, alternatives à l'électoralisme », conférence-débat organisée à 19 heures par le groupe Puig-Antich de la Coordination des groupes anarchistes (CGA). Librairie Infos, 2, rue Théodore-Guiter (près de la place des Poilus). Site Internet.

Toulouse, 8 juin. Projection-débat du film On est la ! (1 h 50), sur l'occupation par des travailleurs sans papiers d'une société de nettoyage pour faire valoir leurs droits, en présence du réalisateur Luc Decaster. A 20 heures, ABC Toulouse, 13, rue Saint-Bernard.

Roanne, 9 juin. A l'occasion de l'ouverture de la nouvelle Bourse du travail, projection à 14 heures du documentaire Le Sang des autres, suivie d'une discussion avec Christian Corouge, auteur de Résister à la chaîne (Agone), et Marcel Durand, auteur d'Un grain de sable sous le capot (Agone). Organisées par l'UL de la Confédération nationale du travail, à la Bourse du travail, 2, rue Molière.

Paris, 12 juin. Vernissage à partir de 19 heures de l'exposition des affiches du Larzac (à la librairie Quilombo), suivi de la projection du film Tous au Larzac ! en présence du réalisateur Christian Rouaud. Au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e (M° Rue-des-Boulets ou Nation). Courriel : quilombo(at)globenet.org - site Internet.

Paris, 13 juin. Politis et Voir & Agir organisent à 20 heures la projection de Fernand Pelloutier et les Bourses du travail (59 min) de Patrice Spadoni. Elle sera suivie d'un débat animé par Antoine Girard, avec le réalisateur et Boris Mellow. Au cinéma La Clef, 21, rue de la Clef, Paris 5e (M° Censier-Daubenton). Infos complémentaires.

Saint-Ouen-L'Aumône, 14 juin. Dans le cadre de la Foire à l'autogestion (lire ci-dessous), Alternative libertaire, les cinémas Utopia, Attac et bien d'autres vous invitent à une soirée ciné-débat autour du film de Naomi Klein et Avi Lewis, The Take - La prise, sur la récupération d'usines par leurs salariés. Débat avec Frank Mintz, auteur de L'Argentine des piqueteros (Editions CNT-RP). A 20 heures, cinéma L'Utopia.

Lille, 15 juin. A 19 heures, le syndicat CNT éducation-culture-recherche du Nord/Pas-de-Calais (CNT-STERC 59/62) organise une projection-débat sur l'université expérimentale de Vincennes dans le cadre du cycle « Eduquer pour émanciper ». Rendez-vous à la maison des syndicats CNT, 32, rue d'Arras. Entrée gratuite et petite restauration à prix libre.

Saint-Denis, 15 juin. L'université populaire de Saint-Denis, la Dionyversité, vous convie à la projection de Que faire ? (1 h 15, 2009), un documentaire de Pierre Merejkowsky, en présence du réalisateur. A partir de 19 h 30, au local de la Dionyversité, 4, place Paul-Langevin (entrée libre et gratuite). Site Internet.

Tours, 15 juin. « Quelles solutions pour changer la société ? », café-débat sur ce thème organisé par Alternative libertaire à 18 heures au bar Le Vel'Pot, place Velpeau. Courriel : alternativelibertaire37(at)gmail.com

Vannes, 15 juin. Le groupe libertaire Lochu (Fédération anarchiste) organise une projection-débat du film Even Cowgirls Get the Blues (1 h 50), de Gus Van Sant (1995), une satire de l'Amérique. Maison des associations, 6, rue Tannerie, à 20 h 30. Entrée libre.

Clermont-Ferrand, 16 juin. Discussion autour des expériences autogestionnaires avec la participation d'une compagne de retour de communautés libertaires espagnoles. A partir de 16 heures, au local de la CNT-AIT, au 2, place Poly, à Montferrand.

Marseille, 16 juin. La Libre Pensée autonome et Les Amis d'André Arru vous invitent à une conférence-débat avec projection animée par Pierre Jouventin qui présentera son livre Kamala, une louve dans ma famille (Flammarion). A 15 heures, Cité des associations, salle Artémis, 93 La Canebière, Marseille 1er.

Marseille, 16 juin. Le groupe Germinal de la Fédération anarchiste organise à 14 heures un débat sur « Anarchisme et éducation » au Seul Problème, 50, rue Consolat. Présentation par Hugues Lenoir, puis alternative en acte avec des membres de l'équipe pédagogique du collège-lycée expérimental Freinet (CLEF) de La Ciotat.

Paris, 22 juin. Soirée vidéo à la librairie du Monde libertaire, à 19 h 30, avec la projection de Cathy Come Home (75 min, 1966) de Ken Loach. La projection sera suivie d'une discussion : la précarité, les problèmes de logement sont-ils plus graves aujourd'hui ? Sont-ils inhérents au système capitaliste ? Au 145, rue Amelot, Paris 11e. Site Internet.

Paris, 23 juin. A 16 heures, Claudio Zaretti et Moustache de Paname pousseront la chansonnette à la librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° République ou Filles-du-Calvaire). Entrée libre et gratuite.

Bagnolet, 26 juin. Conférence-débat sur le mouvement piquetero et les assemblées populaires en Argentine à partir de l'expérience concrète que présentera un membre du Frente de Organisaciones en Lucha de Buenos Aires. A 19 h 30, au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo (M° Robespierre ou Galieni). Courriel : leremouleur(ar)riseup.net

Montreuil, 27 juin. Goûter libertaire à partir de 16 h 30, parc des Guilands (M° Croix-de-Chavaux), à l'initiative du groupe de Montreuil de la Fédération anarchiste. Apportez à manger, à boire, des tracts, de quoi jouer, des instruments de musique… Site Internet.

Paris, 28 juin. Exceptionnellement en France, Clifford D. Conner présentera à 19 h 45 son livre Histoire populaire des sciences (L'Echappée) à la librairie Quilombo, 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris.

Paris, 29 juin. A 18 heures, présentation du livre Une fabrique de liberté (Editions Repas), conçu par un collectif d'élèves et de professeurs pour les 30 ans du Lycée autogéré de Paris (LAP). Au 33, rue de Vaugirard, Paris 15e (M° Convention ou Porte-de-Versailles).

Paris, 29 juin. Patrick Marcolini présentera son livre Le Mouvement situationniste. Une histoire intellectuelle (L'Echappée) à la librairie Le Flâneur des deux rives, à partir de 19 heures, au 60, rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris.

Montreuil, 30 juin. « Nous sommes la crise ! », journée de réflexion et de fête à l'occasion de la parution du livre Crack Capitalism (Libertalia), de John Holloway. Organisée par la librairie Michèle-Firk, la Parole errante et les éditions Libertalia. De 14 heures à minuit, à la Parole errante, 9, rue François-Debergue (M° Croix-de-Chavaux). Entrée libre. Programme détaillé (PDF 260 Ko).

Paris, 30 juin. Toute la journée, de 10 à 22 heures, le LAP fête ses 30 ans (lire ci-dessus) : ateliers de discussion, repas, projections de vidéos, spectacles musicaux… Programme complet sur le site Internet.

 

FOIRE AUX LIVRES, COLLOQUE,
EXPOSITION, THÉÂTRE…

Petit Salon du livre politique. La 5e édition se tiendra les 2 et 3 juin, de 14 heures à 20 heures, au Lieu-dit, 6, rue Sorbier, Paris 20e. On y retrouvera les éditions Amsterdam, Entremonde, Ère, La Fabrique, L'Echappée, Le Passager clandestin, L'Epervier, Les Prairies ordinaires, Le Temps des cerises, Libertalia, Lux, Nous, Raisons d'agir, Rue des cascades, Syllepse et Zones.

Le 5e festival du documentaire politique et social en Creuse aura lieu les 8 et 9 juin à Royère-de-Vassivière et au Villard. Vendredi, à 21 h 30, au bar L'Atelier (Royère) : sélection de courts métrages reprogrammés le lendemain. Samedi, de 10 heures à 24 heures, dans trois salles au Vilard : projection de nombreux films. Des débats auront lieu dans un espace à part à la suite des séances ; thèmes d'ores et déjà prévus : sur le travail et l'évolution des luttes sociales, sur la guerre civile espagnole et le pacte de silence et d'oubli, sur le puçage et les dérives technicistes… Entrée à prix libre. A boire et à manger, hébergements possibles. En marge du festival, toute la journée de samedi, plusieurs librairies tiendront table de presse. Programme complet et renseignements pratiques à télécharger sur le site Internet.

Fête RP-CNT. La fête de la région parisienne de la Confédération national du travail (RP-CNT) en soutien aux locaux (lire infos) aura lieu les 16 et 17 juin au 33, rue des Vignoles, Paris 20e (M° Avron ou Buzenval). Samedi, à partir de 14 heures, projection du documentaire La Ville à prendre et débat ; à 20 heures, concert avec Heyoka (punk) et Première Ligne (rap). Dimanche, à partir de 14 heures, un anthropologue au cœur de la finance, débat avec Paul Jorion ; à 17 heures, concert avec Les chanteurs-livreurs (chanson réaliste). Prix libres. Site Internet de la CNT.

Foire à l'autogestion. De nombreuses associations, coopératives, structures politiques et syndicales organisent les 22, 23 et 24 juin une Foire à l'autogestion (« Vivre, débattre, se rencontrer autour de l'autogestion ») à Paris et Montreuil. Le vendredi, de 18 à 20 heures, forum « Autogestion et pédagogie » au Lycée autogéré de Paris (LAP, 393, rue de Vaugirard, M° Convention). Samedi (de 10 à 23 heures) et dimanche (de 11 à 18 heures), stands, cycle cinéma, vidéos, ateliers, débats, animation musicale, buvette, restauration… à la Parole errante, 9, rue François-Debergue (M° Croix-de-Chavaux). Programme complet et présentation des participants sur le site Internet.

« Le Larzac s'affiche ». Exposition d'affiches, jusqu'au 24 juin, à la librairie Quilombo, 23, rue Voltaire, Paris 11e. Le 28 octobre 1971, les habitants du plateau du Larzac apprennent à la télévision, par la voix du ministre des armées, Michel Debré, la décision officielle de l'extension du camp militaire. Les paysans décident alors de s'engager dans une lutte pour défendre leurs terres… Ouverture de la librairie : du mardi au samedi, de 13 heures à 20 heures. Tél. : 01-43-71-21-07 – courriel : quilombo(at)globenet.org – site Internet.

Théâtre. La compagnie La Balancelle présente son nouveau spectacle, Voter nuit gravement, adaptation et mise en scène par Monique Surel-Tupin, avec Nicole Derlon et Nicolas Mourer. Vendredi 29 juin, à 20 h 30, et samedi 30 juin, à 18 heures, à l'Espace Louise-Michel, 42 ter, rue des Cascades (M° Pyrénées). Entrée libre. Réservations au 01-45-26-50-89.

L'anar de la série noire. A la Bibliothèque des littératures policières (Bilipo), se tient jusqu'au 13 octobre une exposition « Meckert-Amila : de la Blanche à la Série noire » pour rendre hommage à Jean Meckert (1910-1995), l'une des figures majeures du roman noir français. Sous le pseudonyme de Jean Amila, il marqua profondément de son empreinte les premières décennies de la collection Série noire avec plus d'une vingtaine de romans (lire notice sur Wikipédia). Cette exposition bénéficie des archives inédites du fils de l'écrivain, Laurent Meckert, et des documents de la bibliothèque. Bilipo, 48-50, rue du Cardinal-Lemoine (M° Cardinal-Lemoine). Du mardi au vendredi, de 14 à 18 heures ; samedi, de 10 à 17 heures (entrée libre).

 

DIVERS

En vrac sur le Web (juin). Il était parti, il est revenu… Qui ? Le site Le Libertaire (1917-1956), fruit de l'étude commencée par Fabrice Magnone en 1998 pour l'obtention d'un doctorat en histoire. Très complet, on y trouve nombre de précisions sur le parcours politique du journal, ses conditions d'existence, ses idées, discours et pratiques. C'est également une source de renseignements très précieuse pour des recherches dans les diverses archives et pour alimenter une bibliographie de l'anarchisme. Un catalogue des articles (1944-1956) permet de retrouver ceux-ci classés par date, auteur et rubrique. Signalons également des annexes très fournies (chronologie, documents, fiche signalétique). Un impressionnant travail que nous espérons pouvoir consulter longtemps. Savez-vous que l'on peut être condamné dans la démocratique France pour jet de confettis ? Lors de la dernière Fête de la musique, une vingtaine de personnes avaient manifesté leur soutien à la liberté d'expression en chantant « Hécatombe » de Georges Brassens devant le commissariat de Poitiers (lire « En vrac… » de juillet-août 2011). L'une d'entre elles avait eu l'outrecuidance d'attenter à la dignité du commandant de police Merle à l'aide de confettis. Ce « crime » ne pouvait rester impuni, le tribunal l'a donc condamné le 4 mai à une amende de 50 euros avec sursis, à 1 euro de dommages-intérêts pour l'« outragé », à 1 euro de dommages-intérêts pour la justice. Plus les frais de justice à régler (85 euros, avec réduction de 10 % si paiement dans le mois), et ceux d'avocat… se montant à 700 euros ! Infos complémentaires sur le site du groupe Pavillon noir. Cela fait cher l'outrage… avec sursis ! A l'heure des débats sur la mondialisation et la relocalisation des industries en France, une polémique récente entre François Ruffin, le journal Fakir, d'un côté, et les animateurs de Pièces et main d'œuvre (PMO), de l'autre, nous apporte un éclairage particulier sur le sujet. Deux émissions de « Là-bas si j'y suis » (Arkema et les vautours, 1re partie et 2e partie, France Inter, les 5 et 6 avril) ont eu pour thème le combat des salariés de l'usine Arkema et de leurs syndicats pour éviter sa fermeture et leurs licenciements. Or l'entreprise fabrique du PVC… qui provoque des cancers parmi les ouvriers et la population environnante. PMO le signale avec vigueur dans deux textes : « Réindustrialisons : quand “Là-bas si j'y suis” défend le cancer français » et, suite aux réactions reçus, « Défense du cancer français : séquelles ». François Ruffin, qui avait réalisé le reportage, y répond dans Fakir : « Réponse à nos camarades de Pièces et main d'œuvre ». Puis réponse à la réponse : « Le cancer de l'industrie. Syndicalisme et chimiothérapie »… Les scories inhérentes aux polémiques écartées, l'échange d'arguments met en relief plusieurs thématiques importantes : économie et/ou écologie, responsabilité des industriels et des syndicats (ici ou ailleurs), stratégie de lutte du « tout ou rien » ou progressivisme, productivisme ou décroissance, encadrement des nuisances, etc. A chacun de se faire son opinion. Bien que l'ancien président Sarkozy eût émis un temps le souhait de « faire entrer Albert Camus au Panthéon » (fort heureusement la famille refusa), l'exposition « Albert Camus, l'étranger qui nous rassemble », qui devait se tenir à Aix-en-Provence dans le cadre de « Marseille - Provence, capitale européenne de la culture 2013 », a été annulée – censurée – par la mairie UMP de la ville. Selon Médiapart (article réservé aux abonnés) qui cite l'ancien adjoint à la culture de la députée-maire : « Le projet de l'exposition montrait entre autres l'engagement d'Albert Camus contre le régime franquiste, dans la résistance, contre la peine de mort, lors de la guerre d'Algérie, autant de thèmes pas du tout dans la ligne politique de la ville. Ce n'était pas le Camus qui plaît aux nostalgiques de l'OAS (Organisation armée secrète) et à la frange dure de l'électorat pieds-noirs qui vote Maryse Joissains. » Décidément ces politiciens nous feront toujours rire : Camus, oui, mais une petite tranche, pas trop… Le nouveau locataire de l'Elysée n'a pas eu plus de chance : il a placé sa cérémonie d'investiture sous les auspices de Jules Ferry. Mauvais choix, outre que celui-ci fut un fervent partisan de la colonisation (la « race supérieure » se devait de civiliser les barbares), son école républicaine, construite sur les ruines de la Commune de Paris, avait pour mission de « clore l'ère des révolutions » et de mettre à la disposition de l'industrie et de la bourgeoisie des ouvriers plus instruits. N'autre école, la revue de la fédération CNT des travailleurs de l'éducation, le rappelle en diffusant le chapitre « Un mythe qui a la vie dure : l'école de Jules Ferry selon Foucambert », extrait de l'ouvrage Pédagogie et Révolution (Libertalia) de Grégory Chambat. Le Collectif anarchiste de traduction et de scannérisation (CATS) de Caen a annoncé début mai la mise en ligne de plusieurs traductions, librement téléchargables et diffusables, sur son site. La première traite des « Origines du premier mai en Colombie et [de l']influence de l'anarchosyndicalisme », deux autres sont consacrées à la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs textes concernent l'Italie : « Le contexte italien » (années 50 et 60), « S'organiser à la FIAT, 1969 », « Révolution culturelle en Italie - Lotta Continua 1970 » ; « Du “Grand Soir” aux révolutions moléculaires - Italie années 1970 » ; « Un rire qui vous enterrera tous - Italie 1977 ». Par ailleurs, le CATS remet en circulation une brochure (datant des années 1970), La Question anarchiste (PDF 150 Ko) de René Furth, qui traite des diverses perspectives de renouvellement du mouvement anarchiste, malgré son caractère fragmenté, en s'appuyant sur une culture libertaire revivifiée. Anarlivres, pour sa part, a mis à disposition sur Calaméo deux brochures : L'Organisation anarchiste. Textes fondateurs, publiée par les Editions de l'entr'aide en 2005 et contenant les principaux textes sur le débat organisationnel et, plus particulièrement, celui sur plate-forme ou synthèse ; et un savoureux Dialogue imaginaire entre Marx et Bakounine, écrit par Maurice Cranston et paru initialement en feuilleton dans Contre-Courant. Sur le site des éditions L'Altiplano, le lecteur curieux trouvera plusieurs ouvrages au format PDF en libre téléchargement et, entre autres : Dieu et l'Etat, de Michel Bakounine ; La Commune, suivie de La Commune de Paris, de Pierre Kropotkine ; Le Droit à la paresse, de Paul Lafargue ; La Crise de la social-démocratie, de Rosa Luxemburg ; « Mort à la démocratie ! », de Léon de Mattis. Bonne lecture !

Edition libertaire, statistiques. Pour le Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA) de Marseille, Felip Equy recense chaque année (c'est la vingt-deuxième édition) les parutions d'ouvrages en langue françaises touchant de près ou de loin à l'anarchisme. Pour la cuvée 2011, il a noté 373 livres, soit 247 essais ou documents et 126 fictions (26 titres de moins que l'année précédente). Tout dépend bien sûr des commémorations (en 2010, Tolstoï et Camus avaient engrangé 46 titres) ; en 2011, célébration du trentième anniversaire de la mort de Brassens oblige, 22 livres ont été consacrés au chanteur (qui en totalise – un record ! – 400 ; lire bibliographie sur Anarlivres… presque complète). Les sujets abordés sont très variés mais les deux thèmes qui reviennent le plus souvent demeurent la révolution espagnole et la Commune de Paris. Plusieurs expositions ont eu pour sujet des artistes libertaires (Courbet, Cross, Van Dongen, Jossot) et des catalogues ont donc été réalisés. L'écrivain contemporain le plus représenté est toujours Jean-Bernard Pouy (6 titres). Chez les éditeurs anarchistes, la palme revient aux Editions libertaires (13), viennent ensuite L'Echappée (8), l'Atelier de création libertaire (7), L'Insomniaque (7), Libertalia, CNT-RP, etc. Un nouveau venu, cette année : Les Editions de la Pigne. Les « Bibliographies anarchistes » de 1994 à 2010 sont en libre consultation (et celle de 2011 prochainement), ainsi que divers textes passionnants sur Clovis Trouille, Régis Messac, Jean Vigo, Kupka, Freinet, Vernon Richards…

Désertion finale. « C'est avec tristesse que nous vous annonçons la désertion finale, ce 6 mai, du doyen des antimilitaristes libertaires. » Nous avons ainsi appris, par un camarade de l'Union pacifiste, la mort à Paris de Pierre-Valentin Berthier dans sa 101e année. Né le 11 septembre 1911 à Issoudun (Indre), son père était artisan mégissier. Il quitte l'école avant d'avoir passé le brevet… et avant d'en être exclu pour indiscipline. Il travaille alors dans l'entreprise familiale, de 1926 à 1936, puis devient journaliste localier pour le quotidien de Châteauroux, Le Département de l'Indre. En 1932, il fut poursuivi suite à un article paru dans Le Semeur de Normandie et « en 1932-1933 eut des démêlés avec l'autorité militaire » en tant qu'objecteur de conscience. En septembre 1951, Berthier fut licencié et remplacé par un militant du Parti communiste qui avait pris à la Libération la direction du journal. Grâce à Louis Louvet, il peut travailler comme correcteur à l'imprimerie Lang. Admis au syndicat des correcteurs le 1er mars 1953, il entre en janvier 1957 au Monde où il était encore en activité en 1973. A l'automne 1952, il participe à la fondation du groupe anarchiste de libre discussion Centre de recherches philosociales qui, chaque samedi, organise des débats à la salle des Sociétés savantes de Paris. Ecrivain, il a publié des plaquettes de vers, divers romans (lire bibliographie) et il est l'auteur avec Jean- Pierre Colignon de plusieurs ouvrages sur les difficultés de la langue française qui font référence. Il collabore aussi comme militant à un grand nombre de journaux et revues libertaires et/ou pacifistes. Citons, entre autres, Ce qu'il faut dire, Contre-Courant, Défense de l'homme (avec Louis Lecoin), L'En-Dehors, Le Libertaire, Liberté, Le Monde libertaire, Le Réfractaire, L'Union pacifiste, etc. P.-V. Berthier s'était marié à Issoudun en 1945 et était père d'un enfant.

 

PÉRIODIQUES

Le dernier numéro de la revue Réfractions (n° 28, printemps, 191 p., 15 euros, site) – nouvelle maquette plus aérée, plus écologiquement responsable et plus épais – s'intéresse aux mouvements de révolte qui ont secoué les pays arabes et aux occupations d'espaces publics en Europe et aux Etats-Unis. Ces événements présentent bien des similitudes et nombre de différences. Mais pour quels résulats ? Le changement se fera-t-il en profondeur ? Comment s'inscrit-il dans la durée ? Quelles interventions pour ceux qui se réclament du socialisme libertaire ? Tentatives de réponses… Mais, en définitive, ne devons-nous pas constater avec Anselm Jappe qu'« il y a deux nouvelles. La bonne nouvelle est que notre vieil ennemi, le capitalisme, semble se trouver dans une crise gravissime. La mauvaise nouvelle est que pour le moment aucune forme d'émancipation sociale ne semble vraiment à portée de main et que rien ne garantit que la fin possible du capitalisme débouchera sur une société meilleure ». L'Eclat (n° 4, avril, 20 p., prix libre, site, PDF 1,4 Mo), journal de la Coordination des libertaires de l'Ain, est consacré – l'actualité du mois l'exigeait – à l'élection présidentielle avec, notamment, un remarquable article d'analyse du Front de gauche, « dernier avatar de la social-démocratie » qui cache sous un usage immodéré de la métaphore (une « insurrection » est un pacifique rassemblement politique) une opération de relooking et de racolage. Il s'agit de présenter sous un jour rénové des politiciens adeptes du socialisme bureaucratique et autoritaire et de donner une caution pseudo-radicale au Parti socialiste. Un autre article présente de façon très équilibrée un panorama des organisations libertaires en France, relevant le même projet de société et des divergences organisationnelles et stratégiques. Au sommaire également, « Démagogie et dangers du “Produisons français” » et la suite d'une étude historique de l'anarchisme dans le département de l'Ain. « Chantons la bouche pleine ! » n'est pas facile mais Courant alternatif nous y invite en illustrant la « une » de son hors-série (n° 18, printemps, 56 p., 5 euros, site) avec la célèbre photographie de ces communistes manifestant le couteau entre les dents pour railler la propagande bourgeoise. Car il est question de « chansons sociales et révolutionnaire » : sur la condition ouvrière, de lutte, de révolte, antimilitaristes et/ou pacifistes, antifascistes, d'espoir en des temps meilleurs… Quelque cent chants, en français mais aussi en italien, castillan, allemand ou anglais, replacés dans leur contexte historique par une courte présentation. Ces écrits évoquent ainsi la Révolution française, la Commune de Paris, la guerre d'Espagne, la Résistance, Mai 68, etc. On évolue d'« Addio Lugano » à « Zog Nit Keynmol », un chant des partisans écrit en yiddish, en passant par la « Java des Bons-Enfants » ou « La vie s'écoule ». Une très bonne idée pour se mettre en voix lors des réunions et des rassemblements. Résistons ensemble (n° 108, mai, 4 p., site, PDF à télécharger) est le petit journal d'un réseau formé à la suite du Forum de Saint-Denis en mai 2002 par des collectifs locaux, des organisations et des individus décidés à œuvrer contre les violences policières et sécuritaires. Il salue à sa façon l'élection présidentielle de François Hollande en rappelant que « c'est la “gôche” qui a pavé la route pour Sarkozy » (création des centres de rétention, premières lois « sécuritaires »…). Les forces de l'ordre s'étaient d'ailleurs invitées/imposées pendant la campagne par leurs manifestations en soutien à l'un des leurs qui avait « tiré en état de légitime défense » dans le dos d'un homme recherché, à Noisy-le-Sec, le 21 avril. Certains avaient alors réclamé une « présomption de légitime défense », sorte de permis de tuer puisqu'il est déjà peu courant qu'un flic baveur et tueur soit condamné. Que fera le gouvernement socialiste ? Le choix du nouveau ministre de l'intérieur laisse augurer un changement dans la continuité, vernissée de rose. Lire à ce sujet, sur le blog d'Alain Gresh (Monde diplomatique), « Vous avez aimé Claude Guéant ? Vous adorerez Manuel Valls ». Parler d'anarchisme dans un journal de sport est assez rare pour mériter d'être signalé. Sport et plein air (n° 560, mai, 36 p., 3 euros, site), la revue de la Fédération sportive et gymnique du travail, y consacre quatre pages à l'occasion de la publication d'Eloge de la passe (lire ci-dessus) aux Editions libertaires. Tout d'abord avec une interview de Wally Rosell qui a coordonné l'ouvrage et qui explique que « le sport peut se révéler une école d'apprentissage de pratiques libertaires et sociales de lutte, que ce soit dans le cadre d'une équipe ou individuellement ». Puis un article tente de retracer la longue histoire des relations « houleuses et complexes » entre le sport et les milieux anarchistes qui l'ont considéré à la fois comme un « outil de libération du corps » et un instrument de « formatage idéologique des masses ». Ni patrie ni frontières, revue réalisée par Yves Coleman depuis 2002, présente des textes d'orientation différente pour susciter le débat entre révolutionnaires de tout bord. Signalons deux livraisons récentes. Le n° 38-39 (avril, 220 p., 10 euros, site) a pour titre « Des altermondialistes aux Indignés. Bilan provisoire » et s'intéresse par ailleurs à la façon dont les milieux d'extrême gauche ont réagi face à la tuerie de Toulouse et, à propos des attentats en Norvège, au néofascisme et à ses influences idéologiques. Le n° 40-41 (mai, 240 p., 10 euros) s'intitule « Soulèvements arabes. Tunisie et Egypte ». Il reproduit deux brochures du groupe Mouvement communiste sur les événements de 2011 dans ces deux pays et s'interroge aussi sur la complicité des régimes de Chávez et Castro avec les dictatures syrienne et libyenne. Adresse : Yves Coleman, 10, rue Jean-Dolent, 75014 Paris (courriel : yvescoleman[at]wanadoo.fr). L'abonnement est de 28 euros pour trois numéros et de 54 euros pour six numéros (chèques à son ordre).

 

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