Juin 2011

PUBLICATIONS

Pas facile d'appréhender la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, complexe, touffue, souvent désordonnée, il faut soit plonger dans son œuvre avec beaucoup de témérité, soit plus aisément parcourir des écrits choisis et commentés (lire bibliographie). La Société P.-J. Proudhon a eu la bonne idée d'élaborer un Dictionnaire Proudhon (sous la dir. de Chantal Gaillard et Georges Navet, Aden, 560 p., 35 euros) comportant une cinquantaine d'entrées qui correspondent à autant de notions-clés. Gaetano Manfredonia traite par exemple d'« anarchie/anarchisme » ; Olivier Chaïbi, de la « Banque (d'échange et du peuple) » ; Sophie Chambost, du « droit » ; Pierre Ansart, de « classe sociale » ; Nathalie Brémand, d'« éducation » ; Edouard Jourdain, de « religion », etc. Sont ainsi passés en revue l'art, l'économie politique, la dialectique, la famille, le fédéralisme, la liberté, le mutuellisme, le travail, la valeur… Une incontestable réussite, hélas entachée par le coût excessif de l'ouvrage. Michel Perraudeau s'est livré au même genre d'exercice en s'attaquant à un Dictionnaire de l'individualisme libertaire (Les Editions libertaires, 283 p., 15 euros) qui comprend 320 articles – dont 75 notices biographiques et 50 textes fondateurs –, d'abstention à Zo d'Axa, en passant par couple, Etat, loup, prostitution, révolte, utopie. On y rencontre aussi du beau monde : Camus, Palante, Stirner, Han Ryner, Onfray, Armand, Déjacque, Proudhon… L'individualiste libertaire « ne succombe pas à la séduction de l'autorité, du porte-monnaie, des honneurs, des médailles. A la page quadrillée, il préfère la marge de libre expression. Il est hors-champ, en dehors. Il invente, il innove, il étrenne, il chamboule, il transmute, il métamorphose. » Et l'auteur met en garde : le « vivre de suite sans attendre les lendemains qui chantent » ne doit pas se transformer en culte du moi libéral ou en « laisser-faire » libertarien. N'en doutons point, c'est un dico qui fera date, que l'on consultera régulièrement et que l'on méditera… Plusieurs ouvrages s'attachent à la découverte de personnages, de leur cheminement et de leur action. Patrick Schindler, avec Arthur Rimbaud (1854-1891) ou l'anarchiste inachevé (Les Editions du Monde libertaire, 210 p., 10 euros), tente de nous présenter l'« homme aux semelles de vent » débarrassé des oripeaux dont certains l'ont recouvert. Une bonne connaissance des écrits de ses biographes et des témoignages de ses contemporains lui permet de dégager le vraisemblable du fantasme afin de mettre à nu le rebelle haïssant tout ce qui étouffe l'individu (religion, famille, bourgeoisie, désert provincial, bienséance…). Voulant fuir tout cela, épris de liberté, il abandonna la lutte sociale, l'amour et la poésie pour un voyage lointain dont il revint brisé et condamné. A la recherche d'un autre ou d'un ailleurs qu'il ne trouva pas, mais n'est-ce pas la quête qui importe ?… Les entretiens de Mimmo Pucciarelli avec Laurent Fouillard et Jean-Louis Phan-Van composent cet Engagement libertaire & organisations anarchistes (Atelier de création libertaire, 125 p., 10 euros) qui nous livre le portrait de deux militants d'organisation. Le premier, à la Fédération anarchiste, anime depuis de longues années, en tant que permanent, la librairie du Monde libertaire. Le second, adhérent de la Confédération national du travail, est entre autres la cheville ouvrière des Editions CNT-RP. Quel est leur milieu familial, comment sont-ils venus à l'anarchisme, quels ont été leurs engagements, leurs luttes, les personnes rencontrées, leurs souhaits d'avenir ?… Des regrets parfois, un peu de nostalgie, des jugements lucides et beaucoup d'humanité se dégagent de leur propos. A la fois témoignages enrichissants, instantanés de l'« anarchisme en personne » et petits cailloux d'une étude sociologique. Même si on parcourt trop rapidement les pages de Lucia Sanchez Saornil. Poétesse, anarchiste et féministe (Les Editions du Monde libertaire, coll. Graine d'ananar, 64 p., 3 euros), on doit remercier Guillaume Goutte pour cette étude. En effet, il n'existe rien en français sur cette militante espagnole (1895-1970), cofondatrice des Mujeres Libres, qui lutta pour l'émancipation féminine sur les terrains de l'éducation, de la culture, du travail, du syndicalisme, de la sexualité et du rapport égalitaire avec les hommes. Combat pour un « “féminisme” qui ne se veut pas féministe mais “humaniste intégral” », et cela aussi bien tourné vers l'extérieur qu'au sein du mouvement libertaire et du foyer car « le dernier des esclaves se transforme, une fois franchi le seuil de sa demeure, en un souverain et maître ». Autre leçon : les femmes ne doivent pas attendre l'égalité et la liberté de la révolution sociale à venir, mais agir concrètement dès maintenant. Les Mémoires d'une autre « femme libre », bien plus connue puisqu'il s'agit d'Emma Goldman (1869-1940, lire biographie), ont été rééditées : De l'amour et des bombes. Epopée d'une anarchiste (trad. de Cathy Bernheim et Annette Lévy-Willard, André Versaille éditeur, coll. Des femmes dans l'histoire, 320 p., 19,90 euros). L'éditeur a cru bon d'ajouter « de l'amour et des bombes » au titre original, ce qui est sans doute plus vendeur ! Quoi qu'il en soit, c'est le récit d'une vie particulièrement bien remplie relatant le combat des anarchistes aux Etats-Unis (syndicalisme, contrôle des naissances, lutte contre la conscription), son voyage dans la Russie soviétique et son exil, revendiquant continuellement le droit à l'amour et la libre disposition de son corps. Signalons également Une vie au-delà du texte. Jean-Louis Carron, 1922-2008 (coéd. A plus d'un titre - Atelier de création libertaire, 123 p., 10 euros), un recueil d'entretiens réalisés et mis en forme par Mimmo Pucciarelli et Anne Sizaire avec « un homme ordinaire, tout simplement, qui a traversé le XXe siècle, avec une volonté, peut-être un peu plus forte que d'autres, de rester lucide, surtout, libre. La liberté apparaît en effet comme la ligne transversale qui parcourt toute sa vie. Liberté, malgré la pension dès l'âge de 10 ans, malgré le Lager – camp – nazi, dix ans plus tard. Liberté, malgré le poids/la matérialité du quotidien et malgré le temps qui passe. La liberté est par conséquent le fil rouge de cette biographie. Et en particulier la liberté de penser. » Ayant repris une activité éditoriale débordante, l'ACL nous propose aussi, de Baba (un collaborateur du journal La Décroissance) : Anarchie économique (128 p., 10 euros), une réflexion sur « la réalité marchande et financière du monde [qui] prime sur la réalité concrète et naturelle » et sur la confusion de « la vie réelle avec la valeur en argent qui lui est attribuée par les marchés ». Bien présenté mais un peu cher, l'ouvrage Libres ! Toujours... Anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes du XIXe siècle (181 p., 18 euros), de Gaetano Manfredonia, semble extrait d'une précédente étude du même auteur, beaucoup plus détaillée, parue aux éditions L'Harmattan en 1997 : La Chanson anarchiste en France, des origines à 1914 (445 p.). Un digest, en quelque sorte, très utile pour mieux appréhender l'imaginaire utopique libertaire et le rôle propagandiste de ce média qui fut très important à l'époque. Quel étrange OVNI que ce Mieux vaut boire du rouge que broyer du noir (Les Editions libertaires, 80 p., 10 euros), de Benoist Rey : recueil de recettes culinaires, réalistes ou rêvée, telle cette marmite réunissant un « curé ensoutané, mitré de préférence, et un militaire de haut rang, en grand uniforme (un riz-pain-sel si possible). Sans les vider ni les peler. Démarrer à l'eau froide… », et d'anecdotes. On passe ainsi du « Chili con carne à la mode de Merlieux » (lire ci-dessous) aux œufs cocotte, en passant par la « cuisine des restes » et, plus élaborées, à l'andouillette en papillotes, à la caille rôtie au foie gras, aux joues de porc au gingembre… Chaque plat est bien sûr accompagné d'un bon vin car l'anar Benoist n'adhère pas à la tendance « gros rouge qui tache ». Bien sympathique ce petit livre de recettes… de vie. Têtes d'orage. Essais sur l'ingouvernable (trad. de l'espagnol par Pierre-Jean Counet, Rue des cascades, 185 p., 12 euros) regroupe cinq essais du sociologue et philosophe argentin Christian Ferrer. Dans sa présentation, l'auteur indique « qu'ils n'ont pas tant pour but de célébrer le mythe polique de l'anarchie que d'admirer sa capacité à survivre. Ils sont nés de l'amour pour la saga libertaire ». Certes, celui-ci part à la recherche de l'« âme » anarchiste, faite de révoltes, du refus de l'autorité, de l'exigence d'autonomie et de l'affirmation d'une éthique, mais relève aussi que les gâteaux sucrés qu'on appelle « factures » seraient un « reste » du voyage en Patagonie de Malatesta, rend hommage aux luddites, ces casseurs de machines libertaires qui nous interrogent encore – « Est-il possible de s'opposer à l'introduction de technologie ou de processus de travail lorsque ceux-ci sont néfastes pour la communauté ? » – et médite sur la monnaie, les Etats éphémères, l'histoire européenne du XXe siècle, le souvenir des tragédies et la résistance des partisans. Un réconfortant voyage philosophique !

 

RÉUNIONS-DÉBATS

Grenoble, 1er juin. Alternative libertaire vous invite à une projection du film D'égal à égales (« Portraits de femmes migrantes et syndicalistes »), en présence du réalisateur Christophe Cordier, suivie d'un débat sur le thème : « Le syndicalisme est-il encore un outil d'émancipation collective ? ». A 20 heures, à Antigone, 22, rue des Violettes. Site internet.

Montpellier, 3 juin. A 20 h 30, conférence-débat « Silence, on gère ! La critique de la technologie… et les moyens de la mettre en œuvre », avec le groupe Péquenot science et le collectif Faut pas pucer. Au Centre Ascaso-Durruti, 6, rue Henri-René. Site Internet.

Toulouse, 3 juin. Rencontre à 20 h 30 avec Mathieu Rigouste, autour de son livre Les Marchands de peur (Libertalia), au Chat noir, 18, avenue de la Gloire. Ouverture du local dès 19 heures. Site Internet.

Bruxelles, 4 juin. A l'occasion de la sortie d'une sélection de textes d'Albert Libertad en néerlandais, conférence-débat à propos de ce personnage de l'anarchie : « Pas demain, aujourd'hui ! ». A 14 heures, au local Acrata, 32, rue de la Grande-Ile. Courriel : acrata(at)post.com

Le Mans, 4 juin. Café libertaire organisé par le groupe Lairial à 16 heures : l'exploitation humaine, la collaboration de classe et la cogestion au travail sont le lot du salariat dans le cadre de l'intérêt général. L'autogestion est-elle compatible avec le bien commun ? Epicerie du pré, 31, rue du Pré.

Bagnolet, 8 juin. Conférence-débat « Comment se défendre en garde-à-vue ? » : ce qui change avec la nouvelle loi, les possibilités individuelles et collectives (se taire, refuser de donner son identité, ne pas donner ses empreintes, son ADN, etc.). A 19 h 30, au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo.

Bordeaux, 10 juin. A l'Athénée libertaire, 7, rue du Muguet, ciné-débat avec la projection de ¡ Viva Mexico ! (de Nicolas Défossé, 120 min) à 19 heures. Informations sur le film. Prix libre. Site Internet de l'Athénée.

Uzès (Gard), 10 juin. Projection du film Chomsky et Cie, en présence de Noam Chomsky et du réalisateur Olivier Azam, au cinéma Le Capitole, 11, rue Sigalon. Réservation conseillée au 04-66-22-13-91 ou par courriel : cinemalecapitole.uzes(at)gmail.com La librairie Le Parefeuille tiendra sur place une table de presse.

Corbigny (Nièvre), 11 juin. Rencontre, causerie, débat à 18 heures avec Philippe Pelletier, auteur de L'Anarchisme. Idées reçues (Le Cavalier bleu), à l'abbaye de Corbigny. Une exposition sur la révolution espagnole aura également lieu les samedi, dimanche et lundi. Entrée libre.

Bagnolet, 12 juin. Projection-débat de La Raison du plus faible (de Lucas Belvaux, 2006), à 18 heures, au Rémouleur, 106, rue Victor-Hugo.

Grenoble, 15 juin. Dans le cadre du cycle d'analyses féministes, conférence-débat « Identifier et combattre le masculinisme » au café-bibliothèque Antigone, 22, rue des Violettes, à 20 heures. Prix libre. Courriel : antigone(at)ouvaton.org - site Internet.

Paris, 16 juin. A l'occasion de la publication de 1910. Naissance de la CNT. Congrès de constitution, Barcelone…, les Editions CNT-RP organisent une conférence-débat « Il y a cent ans naissait la CNT » avec Miguel Chueca. A 19 heure, à la Confédération nationale du travail, 33, rue des Vignoles, Paris 20e (M° Buzenval ou Avron).

Millau, 17 juin. Soirée « remue-méninges » avec Radio Larzac (87.8). A 20 h 30, projection-débat autour du film de Pierre Carles Pas vu pas pris, sur le thème : « Médias et milieu politique : indépendance ou connivences ? ». A la librairie Plume(s), angle des rues Saint-Martin et Peyrollerie. Entrée libre.

Perpignan, 17 juin. La Coordination des groupes anarchistes (CGA) organise une réunion-débat à 19 heures sur le nucléaire, les énergies fossiles, les énergies renouvelables. A la librairie Infos, rue Théodore-Guiter (près de la place des Poilus). Site Internet.

Toulouse, 17 juin. Le Syndicat unifié du bâtiment (SUB-CNT 31) propose une soirée de réflexion autour du livre de Jack London, La Grève générale (Libertalia). A 20 h 30, au Chat noir, 18, avenue de la Gloire. Site Internet.

Lyon, 18 juin. De 14 h 30 à 17 heures, débat « Féminisme et anarchisme » (anarcha-féminisme, déconstruction des genres, hétéro-patriarcat…) avec des militants et militantes de la Coordination des groupes anarchistes (CGA). A La Plume noire, 8, rue Diderot. Site Internet.

Paris, 18 juin. Rencontre à 16 h 30 autour du livre Venezuela : révolution ou spectacle ? (Spartacus), de Rafael Uzcátegui, critique anarchiste du gouvernement bolivarien. A la Librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot (M° Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire). Courriel : librairie-publico(at)sfr.fr - site Internet.

Perpignan, 18 juin. La CGA de Perpignan vous invite, à 15 h 30, à une projection suivie d'un débat autour du film sur Hiroshima Pluie noire, du réalisateur japonais Shôhei Imamura. A la librairie Infos, rue Théodore-Guiter (près de la place des Poilus). Site Internet.

Marseille, 18 juin. Causerie animée par Antonio Altarriba, à propos de L'Art de voler (Denoël), roman graphique sur la vie de son père mis en images par le dessinateur catalan Kim. A 17 heures, au local du Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA), 3, rue Saint-Dominique, Marseille 1er (angle place des Capucines). Courriel : cira.marseille(at)free.fr - site Internet.

Paris, 22 juin. La librairie Quilombo organise à 19 h 45 la projection du film Fin de concession, de Pierre Carles, en présence du réalisateur. Au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e. Courriel : quilombo(at)globenet.org - site Internet.

Saint-Jean-du-Gard, 23 juin. Rencontre à 19 heures avec Christophe Darmengeat à propos de son livre : Le Communisme primitif n'est plus ce qu'il était. Aux origines de l'oppression des femmes (Smolny). La soirée se conclura par un repas frugal mais succulent. Entrée libre. A la
bibliothèque-infokiosque, 152, Grand-Rue.

Millau, 24 juin. Suite de la soirée « remue-méninges » avec la projection à 20 h 30 d'Enfin pris ?, de Pierre Carles. Discussion sur le thème : « Médias et milieu politique : indépendance ou connivences ? ». A la librairie Plume(s), angle des rues Saint-Martin et Peyrollerie. Entrée libre.

Toulouse, 24 juin. Projection du film Gasland (version courte, 30 min.) de Josh Fox et débat à propos de l'extraction du gaz de schiste. A 20 h 30, au Chat noir, 18, avenue de la Gloire. Site Internet.

Aston (Ariège), 25 juin. Sur les traces des passeurs de la CNT espagnole pendant la Seconde Guerre mondiale : rdv au village d'Aston au matin, marche jusqu'au port (col) de Fontargente (frontière andorrane), un des lieux de passage des passeurs. Randonnée accessible aux débutants. Après celle-ci, rdv pour le repas du soir et le couchage au centre d'acceuil La Freychède, à Montferrier (Ariège), suivi d'une fête et concerts. Renseignements : centre La Freychède, tél. : 05-61-01-10-38.

Lille, 28 juin. Conférence-débat et projection autour de la Palestine en présence de deux militants du village palestinien de Wadi Rahal. Depuis 2006, les habitants et habitantes de ce village mènent une lutte non violente contre la barrière de séparation que l'Etat d'Israël impose en Cisjordanie, spoliant de nombreuses terres au prétexte de sécurité. A 19 h 30, au Centre culturel libertaire, 4, rue de Colmar. Prix libre

Merlieux, 30 juin. De 18 heures à 21 heures, rencontre-débat avec Jean-Jacques Reboux, éditeur et auteur de Je suis partout : les derniers jours de Nicolas Sarkozy (Après la Lune). A la Bibliothèque sociale, 8, rue de Fouquerolles, animée par le groupe Kropotkine de la Fédération anarchiste. Courriel : kropotkine02(at)no-log.org - site Internet.

 

FOIRE AUX LIVRES, COLLOQUE,
EXPOSITION, THÉÂTRE…

Anarchist Bookfair 2011. La troisième édition du Salon du livre anarchiste de Biel/Bienne (canton de Berne, Suisse) aura lieu du vendredi 3 juin au dimanche 5 juin. Il proposera un aperçu des publications de nombreuses maisons d'édition et d'organisations antiautoritaires suisses, françaises, allemandes, italiennes… Au programme : des expositions, des projections de films, des lectures, des conférences, des débats, des ateliers, de la musique, une zone enfants… Adresse : salle Farel, Quai du haut 12, 2502 Biel/Bienne. Renseignements : Anarchist Bookfair, c/o Von Allmen, Fabrikgässli 3B, 2502 Biel-Bienne, Suisse (courriel : info[at]foire-du-livre.ch). Site Internet.

Théâtre. La compagnie La Balancelle présente les 8 et 9 juin Alexandre Marius Jacob. Un parfait honnête homme. Mise en scène de Monique Surel-Tupin, avec Nicolas Mourer et Jacques Surel (marionnette Emilie Baboz). Adaptation théâtrale d'après la correspondance de Marius Jacob.
Entrée libre (réservations de préférence au 01-45-26-50-89).
A 20 h 30, Espace Louise-Michel, 42 ter, rue des Cascades, Paris 20e.

Expo Jossot. A la Bibliothèque Forney, se tient jusqu'au 18 juin une exposition « Jossot (1866-1951). De la révolte à la fuite en Orient ». C'est la première rétrospective consacrée à ce caricaturiste libertaire de la (si mal nommée) Belle Epoque. Elle regroupe aussi bien des dessins que des affiches, des lithographies ou des œuvres orientalistes. Son style graphique, « très personnel, [est] influencé par les enluminures médiévales et les estampes japonaises : élégance décorative, déformation caricaturale, contrastes violents des couleurs en aplats finement cloisonnés ». Bibliothèque Forney, 1, rue du Figuier, Paris 4e (tél. : 01-42-78-14-60). Du mardi au samedi, de 13 heures à 19 heures (prix d'entrée : 6, 4 ou 3 euros). Télécharger le dossier de presse (PDF, 840 Ko).

Livre indépendant. Deuxième édition du Salon du livre indépendant de Marne-la-Vallée organisé par Ras l'front le dimanche 26 juin à Gournay-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), de 9 heures à 19 heures, sur les bords de Marne. Il se tient en même temps et au même endroit que la brocante annuelle de la municipalité. Présentation des éditeurs, des libraires et des concerts, guinguette rebelle, lecture de contes pour enfants, plan d'accès au salon et toutes les infos nécessaires sur le site Internet.

Contre-culture. Au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle (Manche), colloque « Les contre-cultures, de la révolution culturelle au dépassement de l'art (1945-2010) », sous la direction de Christophe Bourseiller et Olivier Penot-Lacassagne, du 27 juin (à 19 heures) au 4 juillet (14 heures). « Qu'est-ce qu'une contre-culture ? Comment interpréter le sens général des contestations et des ruptures culturelles de la seconde moitié du XXe siècle ? Comment reconstituer la logique des moments, des tendances et des styles d'expression qui, dès les années 1950, ont bouleversé l'idéologie culturelle des sociétés occidentales ? » Parmi les nombreuses interventions, citons : « De la contre-culture aux contre-sociétés », de Christophe Bourseiller ; « Le théâtre politique d'Armand Gatti », de Catherine Brun ; « La révolution hippie », de Frédéric Robert ; « Alain Ginsberg et la "counter-culture" des années soixante », de Jean-Jacques Lebel ; « Surréalisme et contre-culture », de Jérôme Duwa ; « Le Groupe de recherche musicale et les contre-cultures », de Christian Zanesi ; etc. Programme complet et informations. Formulaire d'inscription et participation aux frais. Courriel : info.cerisy(at)ccic-cerisy.asso.fr - site Internet.

« Brassens ou la liberté ». La Cité de la musique rend hommage au poète libertaire (lire biographie et bibliographie) en organisant jusqu'au 21 août une exposition avec des documents inédits, des photographies, des films et des archives sonores peu connus. On peut aussi y entendre des chansons inédites, récemment découvertes, mises en musique par Olivier Daviaud et interprétées par François Morel. Par ailleurs, le dessinateur Joann Sfar a réalisé une série de dessins et de croquis sur l'univers de Brassens qui jalonnent le parcours de l'exposition (un album d'illustrations de 120 chansons, accompagnées des accords et des paroles, est paru chez Gallimard). Infos complémentaires. Espérons seulement que cet hommage à un poète qui aurait eu 90 ans cette année ne se transformera pas en récupération commerciale et ne se traduira pas par un affadissement de celui qui a écrit « La Mauvaise Réputation », « Le Gorille », « Hécatombe », « La Mauvaise Herbe » et bien d'autres titres jugés mal pensants à l'époque. « Le temps ne fait rien à l'affaire », disait-il en parlant des cons, mais, pour la postérité, c'est une autre histoire !

 

DIVERS

Spécial copinage. Les Editions de l'Abat-jour diffusent leurs ouvrages (de la fiction exclusivement) uniquement en version numérique (PDF) et par Internet. Elles privilégient l'anticonformisme (« textes insolents et audacieux, à l'humour noir et à l'originalité revendiqués ») et la découverte de nouveaux auteurs. C'est aussi une revue « abordant la question de l'édition numérique et des modes de lecture qui en découlent » et un espace gratuit dédié aux nouvelles en ligne. Trois romans sont actuellement à son catalogue : Tuer le temps, de Nimzowitsch ; Crevez charognes, de Herbert J. Pastorius ; Chbebs !, de Salima Rhamna (on peut lire les premières pages et passer commande pour 6 euros chaque). Le dernier titre est un « polar spagaytti » (186 p.) qui raconte l'enlèvement d'un auteur reconnu (un ancien Mao devenu « écrivain officiel » !) par un ancien activiste du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) et deux garçons des cités en cavale. L'occasion de décrire la vie d'une cité (La Grande Borgne, à côté des Tartiflettes), ses petits caïds, son trafic de drogue et toute une série de personnages (ministre, préfet, commissaire) en visite (touristique) ou en action (de répression)… Une vision de la cité peut-être trop inspirée par les médias ! Mais c'est surtout un brillant exercice de style qui mêle argots divers et langue plus classique, avec des trouvailles de vocabulaire à saluer. Tout est noir, trop noir, dans ce récit, No Futur… pas le plus petit rayon d'espoir et c'est un peu ce qui manque.

En vrac sur le Web (juin). Fondé en 1965 à l'initiative de René Bianco (lire biographie) avec l'aide de quelques militants, le Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA) de Marseille a, au cours de ces années, développé de nombreuses activités tout en étant obligé de changer plusieurs fois de local. Pour mettre définitivement à l'abri les archives du mouvement libertaire, il souhaite acquérir un local de 100 m2 en plein centre-ville, dans une rue passante, en rez-de-chaussée avec vitrine. Sur les 100 000 euros demandés, le CIRA en détient déjà les trois quarts et lance une souscription pour compléter la somme : 30 000 euros. Les chèques doivent être libellés à l'ordre de « Les Acrates » et envoyés au 3, rue Saint-Dominique, 13001 Marseille (courriel : cira.marseille[at]free.fr, tél. : 09-50-51-10-89). L'Atelier de création libertaire (ACL) met à disposition, sur son site, un certain nombre d'ouvrages en libre téléchargement. Citons La Saveur des patates douces, de Vicente Marti, Colloque autour du pouvoir, Déviance en société libertaire, William Godwin et l'euthanasie du gouvernement, Au-delà du personnel, La Culture libertaire, La Révolte de Los Angeles (en trois parties), Contre la paix, contre la démocratie d'Agustin Garcia Calvo, etc. Par la même occasion, on peut visionner quelques photographies et vidéos du colloque récemment tenu à Lyon du 12 au 15 mai : « Philosophie de l'anarchie : théories libertaires, pratiques quotidiennes et ontologie ». Autres textes à télécharger sur le site du Collectif anarchiste de traduction et de scannérisation (CATS) de Caen, présenté sur Anarlivres en avril dernier : Les Schlurfs (court récit sur la jeunesse autrichienne antinazie), L'Anarchisme en Chine du Nord, 1936-1965, résistance armée à Franco, Mémoire des IWWW en Australie, Insurrection anarchiste et maximaliste à Samara en mai 1918, Discipline du travail et déclin du système soviétique… Connaissez-vous le « nouvel anarchisme mou » ? Ce sont Les Echos (17 mai) qui l'ont découvert en Europe, diagnostiquant « des refus, négations ou rejets des Etats, des gouvernements ou même des nations ». Avec la Grèce, où la persistance d'une économie souterraine (comment les Grecs pourraient-ils faire autrement ?) traduirait « sous une forme passive un refus d'Etat » ; avec les Italiens « laissant au pouvoir des dirigeants peu estimables, signe qu'au fond ils veulent être gouvernés le moins possible » ; avec la Belgique « sans gouvernement depuis plus d'un an » ; avec le Royaume-Uni et l'Espagne en proie à l'autonomisme ou même aux souhaits d'indépendance régionale – « ce phénomène “villageois” exprim[ant] sans doute, face à la mondialisation, le rejet de tout contrat social autre que de proximité ». CQFD. Mou ou dur, vive l'anarchisme ! Libération (11 mai) nous en apprend de belles sur les maillots de bain australiens. La marque Lisa Blue a eu l'idée d'illustrer le postérieur des naïades avec une représentation de Lakshmi, la déesse hindoue de la lumière, de la prospérité et de la fertilité. D'où la fureur de groupes hindouistes, notamment dans l'Etat du Punjab (nord), où des manifestants ont brûlé des drapeaux australiens et des photos des défilés… faute de mieux, sans doute. Les maillots ont été finalement retirés de la vente. Dommage ! A quand des représentations de Christ, Mahommet, Boudha, etc., pour orner de pieux postérieurs – masculins comme féminins ? Avec « Les anars votent Botul » (Les InRocks, 30 mai), Camille Polloni a rendu compte de façon sympathique du « repas des anars » (mitonné par Benoist Rey) qui s'est tenu à Merlieux (lire annonce), rendant hommage au « philosophe imaginaire [Jean-Baptiste Botul] né dans l'esprit de Frédéric Pagès, journaliste au Canard enchaîné, qui a écrit plusieurs livres en son nom, et pris au sérieux par Bernard-Henri Lévy dans son ouvrage De la guerre en philosophie ». Les Editions CNT-RP se sont dotées d'un nouveau site très agréable pour signaler leurs publications nouvelles, les rencontres-débats qu'elles organisent, les recensions d'ouvrages parus. On peut également par courriel (editionsrp[at]cnt-f.org) s'abonner à une lettre d'information… Le dernier catalogue (n° 66 , 8 pages) de la librairie Publico, 145, rue Amelot, Paris 11e, est paru. Il est disponible en téléchargement (PDF 700 Ko). Canal+ a confié à Florent Emilio Siri le soin de réaliser une minisérie sur Jules Bonnot, L'Anarchiste. On pouvait craindre le pire (« les bons policiers de M. Clemenceau contre les méchants anarchistes », genre Brigades du Tigre), on risque d'avoir un « Robin des Bois social » si l'on en croit le réalisateur (Filmactu.com, 30 mai) : « L'histoire de la bande à Bonnot, c'est précisément une histoire d'ouvriers. Au début du XXe siècle, l'espérance de vie d'un ouvrier n'excédait pas 50 ans. Un quart des ouvrières se prostituait après le travail pour arrondir les fins de mois. Au-dessus de cela, il y avait une bourgeoisie immensément riche, beaucoup de rentiers, de l'or partout (...). Au milieu de tout ça apparaît la bande à Bonnot, des gars qui sont pour la “reprise individuelle”, reprendre aux riches pour donner aux pauvres, c'est-à-dire en quelque sorte des Robin des Bois. » Cela aurait bien fait rire Jules. Pour la série, attendons donc de voir…

PÉRIODIQUES

Avec « La place du peuple », la revue Réfractions (n° 26, printemps, 128 p., 12 euros, site) revient sur le mouvement social de l'automne 2010 à propos de la réforme des retraites. Articles d'analyse et interviews cherchent à rendre compte des différentes formes de cette mobilisation (à Lyon et à Marseille, à la SNCF, rôle et finalités des assemblées générales). Un texte tente d'établir un bilan de la stratégie des organisations syndicales pour expliquer l'échec et un autre étudie le contenu des tracts lors des grands rendez-vous revendicatifs depuis 1995 et l'évolution du discours de lutte. Par ailleurs, deux articles commentent la publication par Irène Pereira de plusieurs ouvrages et essayent de définir à cette occasion « anarchie » et « anarchisme ». A noter également, pour faire suite au précédent numéro, une contribution sur l'existence ou non d'une réflexion sur la question du sujet révolutionnaire dans la mouvance « autonome ». Un site tout neuf pour Brasero (contact : braserocaen[at]gmail.com) dont le premier numéro, sorti en février, est en téléchargement. Cette « revue anarchiste apériodique de Caen » a choisi le prix libre (« tu donnes ce que tu peux, ce que tu veux… ») et « d'éditer un journal à la fois pour transmettre ce qui se passe par chez nous, mais aussi dans un souci d'analyse radicale plus large, de faire connaître des textes rares et/ou pertinents (d'ici ou d'ailleurs), de nous réapproprier l'histoire des mouvements anti-autoritaires, de participer à la construction d'une réflexion anarchiste sur la situation actuelle… ». Au sommaire, entre autres : « Le mouvement des retraites » (dossier), « La lutte antinucléaire à Caen », « Résistance anarchiste italienne », « La lutte des Panavi », « L'assemblée libertaire de Caen ». N'Autre école (site) et L'Emancipation (site) ont réalisé en commun un numéro spécial (n° 29, mai, 68 p., 4 euros), « Compétences et résistances », consacré à la mise en place par l'Education nationale de l'évaluation par compétences. Cette « innovation » managériale et pédagogique a suscité un large débat, nourri en particulier par deux stages syndicaux (« Evaluations et contrôle des personnels » et « Evaluation, compétences… quels enjeux ? ») qui ont rassemblé plus d'une centaine de participants. Au travers d'analyses reliées aux pratiques de luttes et de classe, ce numéro tente de faire ressortir les enjeux et de déjouer les pièges du marketing institutionnel. Ces réflexions, qui s'appuient sur des exemples de pratiques de résistances syndicales et/ou pédagogiques, sont accompagnées par une petite histoire de la désobéissance à l'école. On peut consulter le sommaire complet, le dossier et des articles en accès libre. Depuis la suspension (temporaire) de son mensuel, Combat syndicaliste, la Confédération nationale du travail (CNT) édite chaque mois, par le biais de son bureau confédéral, une lettre publique : Infos CNT (site). Elle est disponible gratuitement en lecture en ligne et en téléchargement. Composée d'un édito, d'une rubrique « La bourse des travailleurs » (montant du SMIC et des divers indices) et d'une autre intitulée « Nouvelles d'ici et d'ailleurs », elle donne aussi accès aux principaux communiqués du syndicat sur le plan national et international. Pavillon noir (n° 4, mai, 20 p., prix libre, site) est le titre du journal apériodique du groupe du même nom de la Fédération anarchiste (Vienne), particulièrement impliqué dans la lutte des « indignés » de Poitiers (lire articles du blog). Un texte sur le 1er Mai (origine, évolution, principes), des nouvelles pictaves (régionales), « guerre impérialiste en Libye », contre le nucléaire et pour les plantes sauvages (« L'autonomie, ça passe aussi par la réappropriation de savoirs liés à l'utilisation de l'environnement naturel »), « Idées reçues sur l'anarchisme », contre la pub et « quelques conseils à destination des futur.e.s réprimé.e.s » composent cette livraison particulièrement variée et agréablement maquettée. Elle est librement téléchargeable. « Luttes de libération nationale, une révolution possible ? », numéro commun (juin, 52 p., 4 euros) de Courant alternatif (HS n° 17, site) et d'Offensive (n° 30, site), est bâti autour de trois thèmes : « Décoloniser nos esprits », « Décoloniser nos luttes » et « Décoloniser le monde ». Il aborde le cas du Pays basque, de la Bretagne, de la Kanaky, de la Corse, de l'Algérie, du peuple kurde, de la Kabylie… Avec, pour principe : « L'ancrage sur un territoire et le sentiment d'appartenance (…) font partie intégrante de toute lutte sociale. Même si les personnes qui participent aux luttes de libération nationale ne sont pas toutes révolutionnaires, un travail critique sur les mouvements de libération nationale reste à mener aujourd'hui, pour en dégager les aspects émancipateurs et ceux que nous ne souhaitons pas reproduire. »

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