Février 2011

PUBLICATIONS

Avec Autour de la question révolutionnaire (219 p., 8 euros), de Joseph Déjacque (1821-1864) (lire biographie), Mutines Séditions nous permet de (re)découvrir l'essentiel des écrits d'un révolutionnaire clairvoyant dont l'unique recueil de textes, A bas les chefs !, paru il y a plus de trente ans, est aujourd'hui introuvable (on peut aussi consulter un site qui lui est consacré). Et pourtant quel personnage ! Autodidacte, n'assurant sa subsistance que par son seul travail manuel, participant à la révolution de 1848, révolté aussi bien par la situation sociale que par les « notables socialistes » de l'époque, créateur du terme « libertaire » (et du premier journal de ce nom), internationaliste, dénonçant le racisme, l'esclavage et ses horreurs, les inégalités entre hommes et femmes… rêvant d'une société « sans aucune hiérarchie, sans aucune autorité ; où tout, au contraire, réalise égalité et liberté et fonde l'anarchie la plus complète ». Choqué par les idées de Proudhon sur le statut de la femme, il lui répondit vertement par une lettre ouverte : « Qu'est-ce que l'homme ? rien. – Qu'est-ce que la femme ? rien. – Qu'est-ce que l'être-humain ? TOUT. » Sur le penseur bisontin, une palanquée d'ouvrages ont été publiés récemment, signalons la réédition de Proudhon, sa vie et sa correspondance 1838-1848 (texte établi, présenté et commenté par Michel Brix, Editions du Sandre, 260 p., 28 euros), de Sainte-Beuve, où le critique littéraire, bien-pensant académicien, rallié au Second Empire et récompensé par un poste de sénateur, dresse un portrait honnête de l'homme et de ses idées, bien éloigné des caricatures, railleries et approximations habituelles de son temps. Un peu cher tout de même. Puis Proudhon et la Banque du peuple (1848-1849) (Connaissances et savoir, coll. Economie et gestion, 237 p., 19,90 euros), d'Olivier Chaïbi, qui étudie sa tentative de lutter contre le capitalisme et le profit financier en créant une banque mutualisée. Si l'expérience se solda rapidement (hiver 1848-1849) par un échec, elle fut l'occasion d'un échange de réflexions sur le projet mutualiste et coopératif, annonciateur de l'économie sociale (avec toutes les limites inhérentes au système économique actuel). Et enfin un beau livre publié à l'occasion de l'exposition à la Saline royale d'Arc-et-Senans (lire commentaire) : Courbet-Proudhon, l'art et le peuple (Editions du Sekoya, 131 p., 24 euros) qui s'attache à la rencontre des deux hommes, à ce qui pouvait les rapprocher, à leur conception de l'art… articles tout à fait passionnants mais, en revanche, on peut s'étonner d'en trouver d'autres sur « l'art phalanstérien » et sur le « marxisme et Courbet ». Etablir un « digest » de la pensée libertaire tout en étant complet, voilà la tâche ardue à laquelle s'est attelée Irène Pereira avec L'Anarchisme dans les textes. Anthologie libertaire (Textuel, coll. Petite Encyclopédie critique, 144 p., 9,90 euros). Pari plutôt réussi, les textes choisis – essentiels pour la compréhension du sujet – sont courts, correctement présentés et bien commentés, et l'on ne peut qu'encourager novices et plus expérimentés à parcourir l'ouvrage. Une incontestable réussite, même si l'on peut regretter le choix d'aborder l'anarchisme selon ses « trois grammaires » (ou courants : classiste, humaniste, individualiste) ; ce qui est quelque peu artificiel et prive de mettre en valeur le socle commun de cette pensée, qui apparaît malgré tout au fil des pages. Dans son précédent ouvrage, Histoire du fascisme aux Etats-Unis, Larry Portis avait volontairement limité son étude pour être plus complet sur un mouvement assez peu connu en Europe. Avec Qu'est-ce que le fascisme ? (Editions d'Alternative libertaire, 207 p., 9 euros), il récidive et répond de suite par sous-titre interposé : « Un phénomène social d'hier et d'aujourd'hui ». Il s'attache donc à définir le terme – souvent utilisé à mauvais escient –, puis analyse ses différentes variantes nationales en les resituant historiquement (y compris pour la France), abordant enfin son actualité, sachant, selon la conception de Daniel Guérin (lire biographie), que le fascisme est la réponse d'une oligarchie pour rester au pouvoir, lorsque le capitalisme est en crise et que le parlementarisme ne permet plus au système de se maintenir. Or la crise est là et de nombreux gouvernements – européens, entre autres – durcissent leurs méthodes de gouvernement, alors que certains se livrent à un populisme débridé. Attention, nous dit donc l'auteur, restez sur vos gardes. Contestant la primauté de la lutte comme facteur d'évolution, Pierre Kropotkine (lire biographie) a démontré l'importance en ce domaine de l'entraide et de l'instinct social. C'est ce que nous rappelle Raphaëlle Beaudin-Fontainha dans L'Ethique de Kropotkine (L'Harmattan, coll. Ouverture philosophique, 89 p., 11 euros). Elle insiste également sur sa volonté de libérer la science de toute religion et de toute métaphysique, et de construire une morale laïque basée sur la raison et la justice. Une négation de Dieu que l'on retrouve dans le texte inachevé de Michel Bakounine Considérations philosophiques sur le fantôme divin, le monde réel et l'homme (128 p., 16 euros), réédité par les éditions Entremonde. Il y développe ses conceptions philosophiques sur l'autorité (« modèle théologique de l'autorité »), la liberté (ma liberté ne s'arrête pas où commence celle d'autrui, elle la complète, de sorte que la libération collective est aussi une libération de soi) et l'articulation entre réflexion et action. On lira avec profit la préface de Jean-Christophe Angaut sur le site de l'éditeur. Le texte de Bakounine, écrit au cours de l'hiver 1870-1871, entre l'échec de l'insurrection lyonnaise à laquelle il a participé et la Commune de Paris dont il sera un partisan, nous conduit tout naturellement à l'étude de Jean-Philippe Crabé, Les Anarchistes et la Commune de Paris (126 p., 9 euros), publiée par Les Editions du temps perdu, qui tente d'explorer un domaine quelque peu négligé par les historiens : quels sont les liens réciproques, en quoi les anarchistes ont inspiré la Commune, comment et pourquoi ont-ils eu de l'influence pendant cette révolution, quelles traces la Commune a-t-elle laissée dans leur histoire ? Nous conclurons cette recension avec deux opuscules écrits par des auteurs qui affirment avec force leur individualisme. Le premier, Anselme Bellegarrigue, dont on sait peu de chose, a participé à la révolution de 1848 et fait paraître en avril 1850 L'Anarchie, journal de l'ordre, dans lequel on trouve ce Manifeste de l'anarchie (suivi de « Au fait, au fait !! Interprétation de l'idée de démocratie », 142 p., 9 euros) pour la première fois republié par Lux. Dans un style flamboyant, il dresse un violent réquisitoire contre tout gouvernement, louant l'abstention et la désobéissance civile, plaidant pour un égoïsme forcené et la souveraineté individuelle absolue. Ce culte de l'ego – sans contrepartie sociale – et le refus de l'impôt entre autres ont été logiquement récupérés par les libertariens américains. D'après son fils, exilé en Amérique du Sud après le coup d'Etat de Napoléon III, il serait retourné à « l'état de nature », vivant de sa pêche. En quelque sorte une « zone d'autonomie », conceptualisée de nos jours par Hakim Bey qui décrit dans Zone interdite (L'Herne, coll. Carnets, 88 p., 9,50 euros) cinq alternatives au capitalisme, cinq voies de résistance. Hélas, plus poète qu'activiste, il élabore des modes de vie (« La Zone interdite », « La Zone autonome périodique », « Lascaux », « Immédiatisme vs capitalisme », « L'amour obsession ») qui, sans volonté de transformer les structures économiques et politiques de la société actuelle, risquent de demeurer de simples expériences existentielles, quelque peu embrumées par la pensée religieuse et le refus de la technique. Peut-être les premiers pas sur la voie d'une prise de conscience ?

 

RÉUNIONS-DÉBATS

Paris, 1er février. La librairie Quilombo organise à 19 h 45 une présentation-débat de l'ouvrage de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon Le Président des riches. Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy (Zones), avec les auteurs. Au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e. Courriel : quilombo(at)globenet.org - Site Internet.

Saint-Denis, février. Les cours de la Dionyversité ont lieu de 19 heures à 21 heures à la Bourse du travail, 9, rue Génin (métro ligne 13, station Porte-de-Paris). Cycle « Société de contrôle : de la loi aux nouvelles technologies » : le 1er, « Le projet de loi Loppsi 2 », présentation du Collectif antiLoppsi 2 ; le 8, « Flicage volontaire », avec Jean-Claude Vitran, membre de la Ligue des droits de l'Homme. Site Internet.

Ivry-sur-Seine, 3 février. Projection-débat organisée par le groupe libertaire FA : comment la télévision récupère-t-elle la contestation pour la transformer en spectacle ? « Le vrai journal », commenté et critiqué par Nicolas (monteur vidéo, adhérent d'Acrimed). A 20 heures (ouverture des portes dès 19 heures), au Forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès (face au vieux moulin, M° Pierre-Curie)

Carcassonne, 4 février. Le Cercle d'études sociales (Coordination des groupes anarchistes, CGA) organise, à 19 heures, à la salle Joë-Bousquet (ancienne mairie de Carcassonne, rue Courtejaire), une réunion-débat sur « L'anarchisme. Images et réalité ». Courriel : cgacarcassonne(at)yahoo.fr - site Internet.

Millau, 4 février. Projection-débat à 20 h 30, organisée par Solidaires, écologistes et libertaires (SEL), de Putain d'usine, film de Rémy Ricordeau (52 min), en présence de l'auteur Jean-Pierre Levaray. A la librairie Plume(s), 16, rue Saint-Martin. Plus d'info.

Paris, 4 février. Discussion publique à 20 heures : « Quel avenir pour le syndicalisme ? » Organisée par le groupe Salvador-Segui de la Fédération anarchiste. A la bibliothèque La Rue, 10, rue Robert-Planquette, Paris 18e (M° Blanche ou Abbesses).

Quimper, 4 février. A 20 h 30, soirée cinéma-débat sur la décroissance organisée par la CNT 29 aux Halles Saint-François (salle n° 2, entrée rue Astor).

Toulouse, 4 février. Le Chat noir vous invite à une rencontre-débat à 19 heures avec Arnaud Dolidier, auteur de l'étude « Les mobilisations populaires et l'action des anarchistes pendant la transition démocratique espagnole : actions collectives et ordre public ». 18, avenue de la Gloire. Site Internet.

Le Mans, 5 février. A 16 heures, café libertaire organisé par le groupe Lairial (Fédération anarchiste) : « Dans une société libertaire, quelle place pour les enfants ? » A disposition, table de presse de Matérial. Epicerie du pré, 31, rue du Pré.

Lyon, 5 février. Rencontre-débat, à 15 h 30, avec un militant libertaire chilien sur « Les mouvements populaires et libertaires au Chili et en Amérique latine ». A la librairie La Gryffe, 5, rue Sébastien-Gryphe, Lyon 7e. Courriel : librairie@lagryffe.net - site Internet.

Paris, 5 février. Lecture-spectacle : La Jeunesse d'Adrien Zograffi, de Panaït Istrati, par Lélio Plotton de la Compagnie Léla, à 15 h 30, à la bibliothèque La Rue, 10, rue Robert-Planquette, Paris 18e (M° Blanche ou Abbesses). Site Internet.

Saint-Denis, 6 février. De 15 heures à 17 heures, « Dimanches au musée » avec la Dionyversité. Ce jour, il est question d'humour et d'élection avec une conférence-débat de Laurent Bihl. Rendez-vous au musée d'art et d'histoire de Saint-Denis, 22 bis, rue Gabriel-Péri (métro ligne 13, station Porte-de-Paris, ou RER D). Entrée libre.

Besançon, 11 février. Conférence-débat à 20 h 30 sur l'anarchisme avec Philippe Pelletier, auteur d'Anarchisme, idées reçues (Le Cavalier bleu), à la librairie L'Autodidacte, 5, rue Marulaz. Entrée libre.

Toulouse, 16 février. Rencontre avec Grégory Jarry et Otto T. pour la parution aux éditions FLBLB du quatrième volume de Petite Histoire des colonies françaises. A 17 heures, à la librairie Terranova, 18, rue Gambetta.

Toulouse, 18 février. Rencontre-débat à 19 heures avec Mohamed Fayçal Touati, coauteur avec Jean-Numa Ducange de Marx, l'histoire et les révolutions (La Ville brûle). A la librairie associative Le Chat noir, 18, avenue de la Gloire. Site Internet.

Paris, 19 février. Rencontre avec Jean-Pierre Dacheux, auteur de Roms de France, Roms en France (Le Passager clandestin). A 16 h 30, à la Librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M°Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire). Courriel : librairie-publico(at)wanadoo.fr - Site Internet.

Villeurbanne, 20 février. A 19 heures, projection du film La Fin de la pauvreté (documentaire réalisé par Philippe Diaz), suivi d'un débat animé par Attac, Libertaire production et Philippe Pelletier. Au cinéma Le Zola, 177, cours Emile-Zola.

Merlieux, 24 février. De 18 heures à 21 heures, Bertrand Rothé, auteur de Lebrac, trois mois de prison (Seuil), sera l'invité de la Bibliothèque sociale, animée par le groupe Kropotkine (Fédération anarchiste). Entrée libre et gratuite. Bibliothèque sociale, 8, rue de Fouquerolles. Renseignements : 03-23-80-17-09.

Paris, 24 février. Projection du film Chronique d'une mutuelle de fraudeurs (30 min) et débat sur « Gratuité, entraide et mutualisme dans les transports en commun contre la délation, la répression et l'assignation à résidence ». Organisée par le collectif RATP. A 19 heures, au café de la Commune libre d'Alligre, 3, rue d'Aligre, Paris 12e (M° Gare-de-Lyon). Site Internet.

Saint-Imier (Suisse), 24 février. Conférence-débat à 20 heures avec Thierry Périssé et Fred Morisse sur la littérature prolétarienne à L'Espace, 39, rue Francillon. Ils présenteront aussi leurs derniers ouvrages.

Besançon, 25 février. Bis repetita… avec les mêmes que précédemment mais à 20 h 30 et à librairie L'Autodidacte, 5, rue Marulaz.

Paris, 26 février. Rendez-vous à 16 h 30 avec l'illustrateur Laurent Melon pour son dernier ouvrage Esope (Editions libertaires). A la Librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot (M° République, Oberkampf ou Filles-du-Calvaire). Entrée libre. Courriel : librairie-publico(at)sfr.fr - Site Internet.

 

FOIRE AUX LIVRES, COLLOQUE,
EXPOSITION, THÉÂTRE…

Journées libertaires de Pau. La CNT-AIT organise la troisième édition de ces journées du 14 au 19 février. Au programme : une exposition sur les « crises » du capitalisme, une projection, des conférences (sur les résistances face aux politiques d'austérité le mercredi, à 18 h 30 ; sur la crise financière et les politiques antisociales le samedi à 15 heures), une manifestation contre les banques le jeudi à 18 heures, un concert le vendredi à 21 heures, une « explosition », des stands d'éditeurs… Renseignements sur les lieux des diverses manifestations : CNT-AIT, 18, rue Jean-Baptiste-Carreau, 64000 Pau (courriel : cnt64[at]yahoo.fr). Site Internet.

Semaine anticoloniale. Du 18 au 27 février se tiendra la 6e édition de la Semaine anticoloniale organisée par l'association Sortir du colonialisme. Au programme : 1er salon anticolonial (remise des prix du colon, de la Françafrique et du livre anticolonial, stands, animations artistiques…) à la Bellevilloise, 19, rue Boyer, Paris 20e (M° Gambetta ou Ménilmontant) ; festival culturel anticolonial des quartiers dans une quinzaine de villes d'Ile-de-France, assemblée des peuples sans Etats au Centre culturel kurde, soirée « La gauche et le colonialisme » organisée au Théâtre de l'Est parisien… Le 26, aura lieu une manifestation contre la xénophobie d'Etat, la guerre et le colonialisme à l'appel d'une cinquantaine d'organisations. Informations complémentaire sur le site Internet - courriel : contact(at)anticolonial.net

Expo Jossot. A la Bibliothèque Forney, se tiendra du 1er mars au 18 juin une exposition « Jossot (1866-1951). De la révolte à la fuite en Orient ». C'est la première rétrospective consacrée à ce caricaturiste libertaire de la (si mal nommée) Belle Epoque. Elle regroupe aussi bien des dessins que des affiches, des lithographies ou des œuvres orientalistes. Son style graphique, « très personnel, [est] influencé par les enluminures médiévales et les estampes japonaises : élégance décorative, déformation caricaturale, contrastes violents des couleurs en aplats finement cloisonnés ». Bibliothèque Forney, 1, rue du Figuier, Paris 4e (tél. : 01-42-78-14-60). Du mardi au samedi, de 13 heures à 19 heures (prix d'entrée : 6, 4 ou 3 euros). Télécharger le dossier de presse (PDF, 840 Ko).

« Brassens ou la liberté ». La Cité de la musique rend hommage au poète libertaire (lire biographie et bibliographie), à partir du 15 mars et jusqu'au 21 août. Exposition avec des documents inédits, des photographies, des films et des archives sonores peu connus. On pourra aussi y entendre des chansons inédites, récemment découvertes, mises en musique par Olivier Daviaud et interprétées par François Morel. Un concert est également prévu le 16 mars avec J.P. Nataf, Thomas Fersen et Bertrand Belin. Par ailleurs, le dessinateur Joann Sfar a réalisé une série de dessins et de croquis sur l'univers de Brassens qui jalonneront le parcours de l'exposition (un album d'illustrations de 120 chansons, accompagnées des accords et des paroles, paraîtra début mars chez Gallimard). Infos complémentaires. Espérons seulement que cet hommage à un poète qui aurait eu 90 ans cette année ne se transformera pas en récupération commerciale et ne se traduira pas par un affadissement de celui qui a écrit « La Mauvaise Réputation », « Le Gorille », « Hécatombe », « La Mauvaise Herbe » et bien d'autres titres jugés mal pensants à l'époque. « Le temps ne fait rien à l'affaire », disait-il en parlant des cons, mais, pour la postérité, c'est une autre histoire !

 

DIVERS

Anniversaire. Cela fait dix ans qu'Anarlivres existe (lire Avertissement) et nous avons failli oublier cette date tant les autocommémorations nous préoccupent. Du chemin a été parcouru depuis les débuts (mise en ligne effectuée en février 2001, après plusieurs mois de travaux) et le site offre aujourd'hui une bibliographie anarchiste de langue française plutôt complète. Certes quelques erreurs, oublis, imprécisions doivent encore subsister et nous faisons appel à tous ceux qui nous consultent pour nous les signaler). A l'avenir, nous continuerons à développer les portraits et biographies d'auteurs, à informer sur les parutions nouvelles et à enrichir la base bibliographique (actuellement, grâce au CIRA de Lausanne, nous complétons la liste des travaux universitaires). Pour être informé des nouveautés du site, on peut aussi s'abonner au flux RSS. Bien d'autres choses pourraient être faites, si le temps – « gagé » entre autres par une activité salariée – ne nous était pas compté. Et tout cela, bien sûr, n'aurait pas été possible sans l'aide de nombreuses personnes que nous tenons à remercier ici.

En vrac sur le Web (février). Constatant que « les moyens de produire nos communications militantes et d'accéder à la web-information sont contrôlés par des multinationales capitalistes qui pratiquent la censure, la délation, le gavage publicitaire et l'exploitation commerciale des données, l'anonymat et la confidentialité y étant inexistant », un collectif de réappropriation de l'espace numérique – autonome et autogéré – a constitué une plate-forme de création de blogs militants : Ablogm.com. Dans le même état d'esprit, signalons la naissance de Voix multiples qui se donne pour but de « permettre à des compagnes et compagnons engagés dans la publication de sites spécifiques ou impliqués dans des actions militantes de commenter l'actualité d'un point de vue libertaire sans se sentir prisonniers de l'événementiel. Ainsi, à plusieurs, ils peuvent intervenir sans devenir individuellement prisonnier du rythme habituel des blogs ». Nouveau site de l'ami André Robèr, Art et anarchie, qui évoque bien sûr le recueil de textes du même nom (lire recension), sous une décoiffante maxime : « L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art », de Robert Filliou (1926-1987). En cours de construction, il offre déjà de nombreux liens, des présentations d'artistes et d'écrivains proches, une bibliographie spécifique, des chroniques (réalisées par Félip) et des « actualités »… Pour les fainéants lassés de parcourir Internet à la recherche de nouveautés sur les sites libertaires, outre la consultation du fil RSS du Cgecaf, nous recommandons une adresse: Lire l'anarchie, qui s'est donné pour but de faire connaître ce que d'autres publient. C'est d'ores et déjà assez complet. La dernière mise à jour de Grouchos.org, le site du Groupe contre l'horreur olympique et sportive, concerne le palmarès du dernier Dakar : « Un bon cru mortifère, 58 morts au total ». Et, en plus, cela se passe en Amérique du Sud. Pas forts en géographie, ces sportifs ! Nous avons déjà évoqué (en avril 2010) le Dictionnaire Octave Mirbeau en ligne, l'édition papier va paraître sous la dirirection de Yannick Lemarié et Pierre Michel (L'Age d'Homme et Société Octave Mirbeau, 1 195 p., 65 euros). Un peu cher mais l'ouvrage d'importance (4 millions de signes, 1 500 entrées) peut être acquis en souscription (40 euros) auprès de la Société Octave Mirbeau. A noter que la librairie L'Age d'Homme (5, rue Férou, Paris 6e) organise à cette occasion, le 23 février (de 18 heures à 21 heures), une soirée en présence des auteurs. La notice consacrée à l'anarchie est à parcourir et à savourer. Après un simulacre d'expérimentation, l'Etat va autoriser la mise en place par ERDF du prétendu compteur électrique intelligent Linky. L'UFC - Que choisir a récemment dénoncé un passage en force, un coût élevé (entre 120 et 240 euros) et peu d'avantage pour le consommateur. Un dossier très complet (et assez technique) est consultable sur ce compteur mouchard. Il dénonce les risques sanitaires encourus par le consommateur, les « atteintes aux libertés fondamentales du citoyen » et les possibilité de s'y opposer. A lire d'urgence. Plus poétiques, les éditions L'Insomniaque lancent une souscription pour un livre-film sur les jardins anarchiques (parution en mars, 224 p. en couleur, 25 euros port compris, bon à télécharger. De quoi s'agit-il ? Cet Eloge des jardins anarchiques, conçu par Bruno Monpied, est une suite de petites monographies sur des créateurs autodidactes ayant décoré leurs jardins de statues naïves, de fresques en mosaïques, de monuments étranges… pour leur seul plaisir. Plus de 250 photos et un DVD (Bricoleurs de paradis, film de Rémy Ricordeau, 52 min) montrent les œuvres de ces inspirés de l'art brut et du recyclage.

 

PÉRIODIQUES

Le n° 44 d'Agone (2010, 240 p., 20 euros, site) a pour titre « Rationalité, vérité et démocratie » et contient les principales contributions du colloque organisé au Collège de France en mai 2010, axé sur les personnalités de Bertrand Russell, George Orwell et Noam Chomsky (lire « Noam Chomsky à Paris »). On pourra ainsi découvrir l'intervention de celui-ci (« La soif de pouvoir tempérée par l'auto-aveuglement »), traduite de l'anglais par Clément Petitjean, et son entretien avec Jacques Bouveresse et Daniel Mermet (« Dialogue sur la science et la politique »). Outre ce dossier, la revue publie des textes sur la pensée anti-68, le racisme et le sexisme, des notes prises par Pierre Bourdieu lors de rencontres à la CFDT et de conférences en soutien au syndicat Solidarnosc (décembre 1981 - janvier 1982) ainsi qu'une étude sur le révolutionnaire inclassable Bruno Rizzi (« Au-delà du marxisme, de l'anarchisme et du libéralisme »). Migrance (n° 35, 3e trimestre 2010, 10 euros, site) est consacré à « La Commune et les étrangers » et souligne la difficulté d'étudier le sujet en dehors des grandes figures de l'histoire. Il questionne la notion d'étranger à la fin du Second Empire, s'interroge sur le regard des versaillais à leur propos, aborde le sort des immigrés allemands et la vie des vaincus en exil à Bruxelles. Une étude statistique sur les communards étrangers dans le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, tente de cerner tous ces combattants qui, comme les Polonais, ont lutté pour une république démocratique universelle – rêve toujours actuel, n'est-ce pas ? Vient de paraître, La Sociale ! (n° 13, hiver 2010-2011, 12 p., prix libre, site), le bulletin périodique de la fédération CNT des travailleur-ses-s de la santé et du social. Au sommaire : petite enfance, travail social (nouveau fichier SIAO, rapport Bockel, construire des espaces de rupture), enfermement (lutte anticarcérales dans le Rhône), santé, international (HWC, une organisation au service de la santé des Palestiniens), fonction publique (l'évaluation management)… Pour connaître les conditions d'abonnement ou recevoir un exemplaire gratuit par courrier électronique, infos complémentaires. Possibilité de télécharger les anciens numéros en ligne. Le bimensuel de la CNT-AIT de Toulouse, Anarchosyndicalisme ! (n° 121, janvier-février, 20 p., 2 euros, site), s'intéresse au « train de contestation » qui roule en Europe (Espagne, Angleterre, Italie), chronique et analyse les luttes sociales de l'automne dans le département du Gers avec, entre autres, le mouvement des assemblées populaires, puis se préoccupe de la contestation de la loi Loppsi 2 (« La révolte des gueux », avec une chronologie des treize lois sécuritaires édictées depuis 2001). Signalons également un long texte de critique du « primitivisme », prônant le retour à la nature, et plus particulièrement des thèses de Theodore Kacynski, dit Unabomber. On peut s'abonner à la version papier (tarif normal : 10 euros ; 20 euros en soutien) et/ou télécharger la version en ligne (PDF 23,4 Mo). Le dernier numéro d'Alternative libertaire (n° 203, février, 20 p., 2 euros, site) fait une place de choix au syndicalisme avec des articles sur les Antilles (« Se détourner du jeu politicien »), l'Allemagne (« Dépasser le syndicalisme de cogestion ») et, dans l'Education nationale, sur la réforme de la représentativité qui risque de mettre à mal les syndicats de lutte (SUD, CGT). A noter également un entretien avec Irène Pereira (lire bibliographie) : « Agir et penser radicalement à gauche aujourd'hui », sans oublier une double page histoire ayant pour sujet « Agadir 1911 : la guerre est déjà là » qui, comme chaque mois, est passionnante, bien écrite et documentée. Cet exemplaire sera-t-il le dernier que l'on trouvera en kiosque car, à son tour (après Courant alternatif, lire « Périodiques » de décembre), le mensuel risque d'être victime de la réforme de Presstalis (refonte des tarifs remettant en cause la distribution des titres politiques permise par la loi Bichet qui mit en place en 1947 un système de péréquation) ? Toute la presse libertaire diffusée en kiosques est menacée, et cela pour le plus grand profit du groupe Lagardère (lire communiqué d'AL). Nos camarades appellent donc à s'abonner.

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