Avril 2010

PUBLICATIONS

Voilà réédité en livre de poche l'excellent Qu'est-ce que l'anarchisme ? (trad. de l'américain par Aurélie Puybonnieux, L'Echappée, 391 p., 14 euros) d'Alexander Berkman (lire biographie). L'ennui avec les ouvrages que l'on a déjà porté au pinacle, lorsqu'ils sont publiés de nouveau, c'est l'impression de radoter… alors référez-vous à ce que nous écrivions en mars 2005. Il n'y a rien à retirer, et sachez qu'un texte a été ajouté, « Le mouvement anarchiste aujourd'hui », hélas ! écrit en janvier 1934 et quelque peu dépassé en 2010. Heureusement des notes et la bibliographie, réactualisée, remédient aisément à ce défaut. C'est un peu le même problème avec Le Droit à la mort. Suicide, mode d'emploi, ses lecteurs et ses juges (IMHO, coll. Essais, 311 p., 18 euros), de Claude Guillon. Même punition, donc ! Notons tout de même que, depuis la première publication, la loi Leonetti de 2005 a été votée : « On peut désormais “laisser mourir”, de faim et de soif, les 150 000 agonisant(e)s que l'on “débranche” chaque année, mais le geste euthanasique, l'assistance au suicide et l'information sur ses moyens techniques demeurent interdits. » « Merveilleux progrès de l'humanisme démocrate ! », conclut l'auteur. Les Editions de l'épervier (membres du Collectif des éditeurs indépendants ont eu la bonne idée de marier des textes de deux personnes. L'union est parfois harmonieuse, comme dans le cas de Louise Michel (« Prise de possession ») et Sébastien Faure (« Les sports du militant », « Le sport principal : la pensée », « La violence anarchiste »), et cela donne Discours et articles (coll. Les grands combats de la liberté, 82 p., 8,50 euros). Parfois plus orageuse, avec Pierre-Joseph Proudhon (« Toast à la révolution », « Lettre à Frédéric Bastiat », « Lettre à Marx ») et Karl Marx (« Thèse sur Feuerbach », « Manuscrit économico-philosophique », « Discours sur la question du libre-échange », « Lettre à Proudhon ») : Discours, écrits et lettres (102 p., 9,50 euros). Est-il réactionnaire de porter un regard critique sur la culture de masse ? Si l'on en croit nombre d'intellectuels de droite et de gauche, c'est « oui ». Mais, en parcourant Divertir pour dominer. La culture de masse contre les peuples (L'Echappée, coll. Pour en finir avec, 268 p., 13 euros), regroupant quatre dossiers et quelques articles parus dans la revue Offensive, on ne doute plus que la culture du divertissement permanent participe à la domestication des peuples. Analysant la société des écrans (mise en spectacle du monde), la domestication par la publicité, l'idéologie sportive, l'horreur touristique (avec le management de la planète), l'ouvrage démontre « comment l'idéologie petite-bourgeoise s'est imposée, substituant aux solidarités et aux résistances des classes populaires le culte de la marchandise et de la propriété privée ». Il y a donc urgence à reconstruire une contre-culture populaire, ainsi qu'y invite Charles Jacquier. Un constat auquel s'associe certainement Jean-Pierre Garnier qui, avec Une violence éminemment contemporaine (« Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l'effacement des classes populaires », Agone, coll. Contre-Feux, 256 p., 18 euros), constate que, depuis une quarantaine d'années, la gestion politique des villes a pour conséquence la colonisation par la bourgoisie des quartiers populaires bien situés et la relégation des pauvres à la périphérie. Déracinement, chômage, perte de sens et d'identité… à violence urbaine, réponse sécuritaire ! « Reconstruire une contre-culture populaire », c'est à la fois écrire pour témoigner d'un vécu, se souvenir des textes de rebelles, mais aussi conserver la mémoire des faits ouvriers et des luttes passées. Avec Tue ton patron (ill. de Gil, Unity Rocker - Libertalia, 145 p., 8 euros), Jean-Pierre Levaray venge symboliquement la cohorte des salariés virés comme des malpropres, sacrifiés sur l'autel du profit, lorsqu'ils n'ont pas perdu leur vie à la gagner. Dans le roman, Del Syndicalista permet de supprimer un patron mais c'est collectivement, en retrouvant un syndicalisme d'action directe et auto-organisé, que l'on peut espérer se débarrasser de tous les patrons… Pour cela, René Berthier nous rappelle dans L'Anarcho-syndicalisme et l'organisation de la classe ouvrière (Editions du Monde libertaire, coll. Bibliothèque anarchiste, 198 p., 12 euros), à travers l'expérience de l'Alliance syndicaliste dans les années 1970, l'histoire du mouvement syndicaliste révolutionnaire en France (CGT-SR), ses principes et différents textes qui se rattachent à ce courant (charte de Lyon, par exemple). Un qui ne portait pas le syndicalisme dans son cœur, estimant que celui-ci ne pouvait être que réformiste, sans volonté de changement révolutionnaire et de renversement du capitalisme, qu'il souhaitait juste un peu plus d'équité et la défense des intérêts économiques de la classe ouvrière, c'est bien Benjamin Péret. Son Je ne mange pas de ce pain-là (suivi d'une enquête de Heribert Becker, préf. de Gérard Roche, Syllepse, coll. Les archipels du surréalisme, 168 p., 13 euros), recueil d'articles parus dans les revues surréalistes des années 1920 et 1930, constitue une magnifique entreprise de démolition de la religion, de la patrie, du nationalisme et des politiciens de son époque – ils n'ont guère changé ! Peu de temps après la parution de ce violent cri de rage, devenu introuvable, son auteur partit en 1936 combattre en Espagne le franquisme. Il y a sans doute rencontré ces Femmes libres auxquelles Martha A. Ackelsberg rend hommage avec La Vie sera mille fois plus belle (« Les Mujeres libres, les anarchistes espagnols et l'émancipation des femmes », trad. de l'américain par Marianne Enckell et Alain Thévenet, Atelier de création libertaire, 250 p., 16 euros). Basé sur de nombreux témoignages et l'étude de diverses archives, le livre retrace l'histoire de ces groupes de femmes (en 1939, elles étaient plus de 20 000) qui s'organisèrent pour se libérer « du triple esclavage (…), l'esclavage de l'ignorance, l'esclavage en tant que femmes et l'esclavage en tant que productrices » par l'éducation, la réflexion et l'action collectives autonomes, l'apprentissage, le militantisme féminin. Inutile de préciser que les choses ne furent pas faciles (inertie des organisations, période de guerre), même avec des révolutionnaires et des libertaires qui restaient trop souvent des… hommes. L'auteure n'oublie pas, par ailleurs, de souligner l'intérêt de cette expérience pour les féministes contemporaines et les mouvements sociaux actuels. Les Editions CNT-RP saluent le centenaire de la machination contre Jules Durand, anarchiste et syndicaliste du Havre, en publiant L'Affaire Durand. 1919-2010 (71 p., 6 euros) de Patrick Rannou. Secrétaire du syndicat des charbonniers (effectuant le déchargement et la mise en sacs du charbon arrivant par bateau), Jules Durand, en pleine grève, est accusé d'être le « responsable moral » de l'« assassinat » d'un chef d'équipe (décédé à la suite d'une rixe entre ivrognes). Il sera condamné à mort. Grâce à une importante mobilisation, cette peine est commuée en sept années de réclusion, et il est finalement « libéré » en février 1911. Mais Durand est broyé, conduit à l'hôpital psychiatrique, il y mourra en février 1926. Entre-temps, le 15 juin 1918, il est déclaré innocent. C'est ce martyre que relate la brochure, annonçant également la parution prochaine de L'Affaire Quinot, un roman populaire inédit d'Emile Danoën qui s'inspire des faits. Avec Elisée Reclus. Géographe, anarchiste, écologiste [Robert Laffont, 421 p., 22 euros], Jean-Didier Vincent nous livre une honnête biographie du « doux entêté de vertu » (selon la formule de Nadar). C'est un travail plutôt sérieux qui s'« abreuve » aux meilleures sources et l'on sent chez l'auteur une sincère admiration pour l'homme, le savant et même l'anarchiste. Certes, on peut être surpris que Napoléon III soit qualifié d'« empereur socialiste » (provocation ?), l'« étiquette écologiste » est contestable (lire, entre autres, les écrits de Philippe Pelletier), et l'auteur ne semble pas partager le « refus de parvenir » – l'ambition, c'est déjà le pouvoir –, prôné par Elisée Reclus et revendiqué par nombre de libertaires, mais a des excuses : il est neurobiologiste, professeur émérite à Paris-XI, membre de plusieurs académies. C'est, semble-t-il, un « électron assez libre » : une culture de gauche et l'adhésion à un cercle de réflexion UMPiste (assez peu sarkozyste), la Fondation pour l'innovation politique. Cela rend l'ouvrage d'autant plus intéressant, souhaitons qu'il fasse découvrir à un public nouveau la sympathique figure du géographe !

 

RÉUNIONS-DÉBATS

Marseille, 3 avril. Causerie animée par Alban Briac à propos de la réédition par les éditions Le Flibustier de l'ouvrage de Pierre Kropotkine, L'Etat, son rôle historique. Il évoquera également les autres livres publiés par ces éditions et de leurs projets éditoriaux. A 17 heures, au local du Centre international de recherche sur l'anarchisme (CIRA), 3, rue Saint-Dominique, Marseille 1er (angle place des Capucines). Courriel : cira.marseille(at)free.fr - Site Internet.

Paris, 3 avril. La bibliothèque La Rue reçoit, à 15 h 30, Jacques Lesage de La Haye pour parler des lieux d'enfermement/internement qui se multiplient (prison, hôpital, asile, centres de rétention ou de redressement…), mais aussi de ce que la psychanalyse peut apporter à l'anarchie (et inversement). Au 10, rue Robert-Planquette, Paris 18e (M° Blanche ou Abbesses). Site Internet.

Paris, 3 avril. La revue de la fédération CNT des travailleurs(euses) de l'éducation N'autre Ecole organise une journée de projections-débats autour de l'égalité sociale à partir de 14 heures, au 33, rue des Vignoles, Paris 20e (M° Avron ou Buzenval). Entrée libre. Plus d'informations sur le site de la revue.

Pontivy, 3 avril. A l'occasion de la Biennale du livre d'histoire (château des Rohan et Palais des congrès), consacrée à « Résistants et rebelles », Roger Dadoun donnera à 14 heures une conférence introductive sur le thème de la révolte. Site Internet.

Saint-Denis, 4 avril. La Dionyversité vous invite à suivre une visite-conférence de Laurent Bihl sur le peintre et dessinateur Francisque Poulbot. A 15 heures, au Musée d'art et d'histoire de la ville, 22 bis, rue Gabriel-Péri. Site Internet.

Saint-Denis, avril. Les cours de la Dionyversité ont lieu de 19 heures à 21 heures à la Bourse du travail, 9, rue Génin (métro ligne 13, station Porte-de-Paris). Cycle « La Résistance » : le 6 avril, « La résistance rurale de Georges Guingouin », avec Marcel Parent ; le 13 avril, « Les camps d'internement en France de 1938 à 1946 », avec Denis Peschanski ; le 20 avril, « Le programme du Conseil national de la Résistance », avec Jacques Varin ; le 27 avril, « Les femmes dans la Résistance », avec Jacques Varin. Cycle « Madagascar : un pays riche de pauvres » : le 8 avril, « Madagascar, du passé colonial au présent composé », avec Patrick Rakotomalala ; le 15 avril, « L'insurrection malgache de 1947 », avec Jean-Luc Raharimanana ; le 22 avril, « Ventres creux et nourritures médiatiques », avec Patrick Rakotomalala ; le 29 avril, « La dette et ses conséquences à Madagascar », avec Nicolas Sersiron. Site Internet.

Nantes, le 6 avril. Conférence-débat à propos de Proudhon et du mutualisme, organisée par l'Université populaire de la CNT, à 20 heures, Salle des Hauts-Pavés, 42, rue des Hauts-Pavés (sation de tram : Poitou). Entrée libre.

Lyon, 10 avril. La librairie La Gryffe vous propose d'assister à une rencontre-débat « Du polar à l'outrage : de la fiction à la friction. Délit d'outrage, délit d'écriture... Jusqu'où iront-ils ? », avec J.-J. Reboux et M. Chevron, auteurs de romans noirs. A 18 h 30, au 5, rue Sébastien-Gryphe, Lyon 7e. Courriel : librairie(at)lagryffe.net - site Internet.

Lyon, 10 avril. Rencontre-débat à 17 heure : « Proudhon, l'enfant terrible du socialisme », avec Anne-Sophie Chambost, auteure du livre du même titre (Armand Colin), et Daniel Colson, sociologue et libertaire. Au Centre de documentation et de recherches sur les alternatives sociales (Cedrats), 27, montée Saint-Sébastien (M° Croix-Paquet). Tél. : 04-78-29-90-67 - Courriel : cedrats.actions(at)laposte.net

Paris, 10 avril. A partir de 16 heures, lecture de contes libertaires pour enfants et goûter à la Librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire). Entrée et participation libres. Courriel : librairie-publico(at)wanadoo.fr - Site Internet.

Besançon, 15 avril. Projection et rencontre-débat avec deux antifascistes de Salamanque : « Fascisme et antifascisme dans l'Etat espagnol ». A 20 h 30, librairie L'Autodidacte, 5, place Marulaz. Idem, le lendemain, à Nancy (à 19 heures), et le 17 avril, à Strasbourg (14 heures), infos Forum anarchiste.

Merlieux, 15 avril. La Bibliothèque sociale, animée par le groupe Kropotkine de la Fédération anarchiste, reçoit de 18 heures à 21 heures Guy Georges, auteur de La Bataille de la laïcité. 1944-2004 (Sudel), pour un débat sur la laïcité. Apéro dinatoire. Table de presse. Entrée libre et gratuite. Cela se passe au 8, rue de Fouquerolles. Renseignements : 03-23-80-17-09.

Alès, 17 avril. A 15 heures, le collectif libertaire vous invite à la projection d'un film sur l'autogestion en Espagne (1936-1939), suivie d'un débat. Bourse du travail, place Emile-Dupuis.

Lyon, 17 avril. La librairie La Gryffe organise une rencontre-débat à propos de Réflexions autour d'un tabou : l'infanticide, avec les auteures de cet ouvrage collectif. A 15 heures, au 5, rue Sébastien-Gryphe, Lyon 7e. Courriel : librairie(at)lagryffe.net - site Internet.

Paris, 18 avril. Dans le cadre de la campagne 2010 pour la libération de Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani, projection-débat-concert à 17 heures au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e. Pour être tenu au courant des initiatives : Ne laissons pas faire (NLPF) ou Action directe.

Lyon, 22 avril. La librairie La Gryffe organise une rencontre-débat avec Philippe Geneste, autour de son livre Le Travail de l'école : contribution à une critique prolétarienne de l'éducation (Acratie). A 19 heures, au 5, rue Sébastien-Gryphe, Lyon 7e. Courriel : librairie(at)lagryffe.net - tél./fax : 04-78-61-02-25 - site Internet.

Paris, 22 avril. La librairie Quilombo organise à 19 h 45 une rencontre-débat autour de l'ouvrage Utopies américaines. Expériences libertaires du XIXe siècle à nos jours (Agone), en présence de Ronald Creagh, son auteur. Au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e. Courriel : quilombo(at)globenet.org - Site Internet.

Paris, 23 avril. Le Syndicat unifié du bâtiment et des travaux publics de la région parisienne (SUBTP-RP) organise toutes les six semaines un ciné-club, « La SUB-Version », au local de la CNT-RP, 33, rue des Vignoles, Paris 20e. Ce soir : Frankie & Johnny (de Garry Marshall, 1991, 1 h 58). Entrée libre. Buvette et restauration légère dès 19 heures. Film à 20 heures (suivi d'un débat et d'une analyse de séquences).

Tours, 23 avril. Projection de Retour sur mon parcours militant (dernier entretien avec Joelle Aubron, militante d'Action directe, décédée en mars 2006), suivie d'un débat en présence de membres du Collectif de soutien aux prisonniers d'Action directe de Paris. A 18 heures, au local de la librairie libertaire La Niche, 133, quai Paul-Bert. Apéro et repas collectifs, apportez de quoi partager !

Gap, 24 avril. Le Collectif anarchiste de lutte et de résistance haut-alpin et la CNT-AIT vous invitent à la représentation de la pièce de théâtre-lecture-chant-réflexions Intervento, sur l'Italie des années 1970, jouée par une troupe de Grenoble. De 18 heures à 22 heures, centre social du centre-ville (place Grenette, dite aussi place de la prison). Entrée gratuite. Tables de presse, discussion, collation…

Paris, 24 avril. Rencontre avec Jean-Pierre Garnier autour de son livre Une violence éminemment contemporaine (Agone). A 16 h 30, à la Librairie du Monde libertaire, 145, rue Amelot, Paris 11e (M° Oberkampf, République ou Filles-du-Calvaire). Courriel : librairie-publico(at)wanadoo.fr - Site Internet.

Rouen, 24 avril. A 15 heures, rencontre-débat avec Hamid Zanaz autour de son livre L'Impasse islamique. La religion contre la vie (Les Editions libertaires), à la Maison des associations, 22, rue Dumont-d'Urville.

 

THÉÂTRE, EXPOSITIONS, CINÉMA

« Les Justes », d'Albert Camus. Au début du XXe siècle, un groupe de terroristes d'extrême gauche organise un attentat à la bombe contre le Grand-Duc Serge, incarnation du pouvoir tsaristes et de l'oppression. Méditation et réflexion sur le terrorisme et l'action révolutionnaire violente, cette pièce de théâtre aborde divers thèmes toujours actuels : le crime à des fins politiques est-il légitime, peut-on tuer sans accepter sa propre mort, peut-on accepter des victimes innocentes, l'amour et la révolution sont-ils compatibles ? Mise en scène de Stanislas Nordey. Avec : Emmanuelle Béart, Vincent Dissez, Raoul Fernandez, Damien Gabriac… A Paris, du 19 mars au 23 avril, au Théâtre national de La Colline ; à Montpellier, du 27 au 30 avril, au Théâtre des Treize Vents ; à Clermont-Ferrand, du 4 au 6 mai, à la Comédie de Clermont-Ferrand.

Art en soutien. Exposition-vente de collages, dessins, peintures en solidarité avec les militants d'Action directe, du 1er au 30 avril, de 20 heures à 2 heures, au bar-restaurant Maldoror, 10, rue du Grand-Prieuré, Paris 11e (M° Oberkampf). Site Internet de ce lieu sympa.

Anarchie et cinéma. L'Institut national d'histoire de l'art (INHA) organise deux journées d'études « Anarchie et cinéma » – histoires, théories et pratiques des cinémas libertaires – sous la responsabilité de Nicole Brenez et Isabelle Marinone (2 et 3 avril, de 9 h 30 à 18 heures). Elles poseront les questions méthodologiques préalables à l'établissement d'une histoire et d'un corpus cinématographique se réclamant de l'anarchie. Les journées d'études se dérouleront en parallèle à une « carte blanche » offerte à Jean-Pierre Bastid par la Cinémathèque française (12 et 26 mars, 9 et 23 avril, 7 mai), ainsi qu'à plusieurs séances proposées par le Forum des images – cycle « Paris libertaire », les 13, 20 et 30 avril – et par la Femis – projections des films d'Hélène Châtelain et d'Armand Gatti (1er et 2 avril). Adresse : INHA, 6, rue des Petits-Champs, 75002 Paris. Renseignements (pour les journées), courriel : journeesdetudesanarchiecinema(at)gmail.com

Dessins de presse. La Bibliothèque nationale de France (BNF) organise une exposition sur ce sujet, du 23 mars au 25 avril, quai François-Mauriac, allée Julien-Cain, 75013 Paris, du mardi au samedi, de 9 heures à 20 heures (dimanche, de 13 heures à 19 heures ; fermeture le lundi matin et les jours fériés). De Daumier à Caran d'Ache, en passant par Grandville, Dubout et bien d'autres, le département des estampes conserve des milliers de dessins de presse originaux. Les anciens côtoient les actuels : Jossot-Kerleroux, Poulbot-Plantu, Steinlen-Siné, Vallotton-Wolinski… C'est un hommage à un art de l'éphémère au service du journalisme et de la peinture de mœurs, où s'entremêlent l'impertinence, la dérision, l'humour et la gravité. Site Internet.

« Barricade ». Représentation du spectacle de la Compagnie Jolie Môme sur la Commune de Paris, du 1er au 18 avril, du jeudi au samedi, à 20 h 30 ; le dimanche, à 16 heures. Tarifs : 18 et 10 euros. Au théâtre La Belle Etoile, 14, rue Saint-Just, à La Plaine-Saint-Denis (M° Porte-de-La-Chapelle ou RER B La Plaine - Stade-de-France). Réservations : 01-49-98-39-20. Site Internet.

Soldaderas. Exposition de photographies des Archives Casasola, à la Maison des Amériques, 3, rue Cassette, 75006 Paris (M° Saint-Sulpice), du lundi au samedi, de 10 heures à 19 heures, jusqu'au 27 mai. Elle rend hommage aux femmes combattantes du mouvement d'Emiliano Zapata et de Pancho Villa. Selon l'historienne Elena Poniatowska, « sans les soldaderas, la révolution mexicaine n'existerait pas ». Les photographes des Archives Casasola ont couvert l'épopée de la révolution (1910-1930), laissant une extraordinaire collection de photographies (plus de 450 000 négatifs), réhabilitant le rôle de ces femmes, trop souvent passé sous silence, et composant une fresque du Mexique de la première partie du XXe siècle qui a façonné notre imaginaire. Site Internet.

 

FOIRES AUX LIVRES

Gand (Belgique). Le samedi 17 avril, de 10 heures à 20 heures, aura lieu la 9e Foire internationale du livre alternatif et libertaire. Elle accueillera plusieurs dizaines de libraires, éditeurs et distributeurs de Belgique et d'autres pays. Au programme également : des débats (une lutte écologique près de Bruges, les écoutes téléphoniques, l'anarcho-syndicalisme, les révoltes en Grèce, la Palestine…), des projections, une restauration, un espace pour les enfants et un concert à partir de 21 heures (Kilnaboy et Inner Terrestrials). Adresse : Intercultureel Centrum De Centrale, Kraankindersstraat 2, 9000 Gand, Belgique. Courriel : aboekenbeurs(at)yahoo.com - site Internet.

Le Vigen (Haute-Vienne). Librairie champêtre libertaire le 2 mai, de 10 heures à 19 heures, au château de Ligoure, au Vigen (près de Limoges), organisée par le CIRA limousin. De nombreux stands d'éditeurs et de presse, débat sur « Répression et contrôle policier », spectacle Gaston Couté avec Bernard Meulien, etc. Entrée libre, repas à prix libre, camping possible, parking assuré. Navette avec la gare de Limoges en appelant le 06-81-88-08-19 ou le 06-64-36-95-21. Télécharger la plaquette d'infos (jusqu'au 29 avril). Adresse postale du CIRA : Marsaleix, 19700 Lagraulière. Courriel : cira.limousin(at)free.fr

Salon du livre libertaire de Paris. Samedi 8 mai, de 10 heures à 20 heures, et dimanche 9 mai, de 10 heures à 16 heures, se tiendra le 5e Salon du livre libertaire à l'Espace d'animation des Blancs-Manteaux, 48, rue Vieille-du-Temple, 75004 Paris (M° Hôtel-de-Ville). Entrée à prix libre. Plus de quatre-vingts éditeurs seront présents, ainsi qu'une centaine d'auteurs. Des expositions, des débats, un espace de libres lectures à voix haute, bar et restauration légère. Radio-Libertaire (89.4) émettra en direct du site d'animation des Blancs-Manteaux pendant ces deux jours. Contact : SLL, 145, rue Amelot, 75011 Paris (tél. : 01-48-05-34-08). Courriel : salon-livre-libertaire(at)wanadoo.fr - site Internet.

Montréal (Canada). Le Salon du livre anarchiste aura lieu les 29 et 30 mai, de 10 heures à 17 heures, au CEDA, 2515 Delisle (tout près du métro Lionel-Groulx). Entrée gratuite. Avec des éditeurs d'Amérique du Nord et d'Europe, des ateliers, des films, des discussions, des expositions, des activités pour les enfants, etc. Présentation du salon du livre. Tout au cours du mois de mai se déroulera le Festival de l'anarchie, avec différents événements en divers lieux. Les soirées des 18 et 19 mai sont d'ores et déjà réservées au Festival de théâtre anarchiste et celle du 28 au Cabaret anarchiste. Courriel : info(at)salonanarchiste.ca - site Internet - sur Facebook - sur Twitter.

 

DIVERS

En vrac sur le Web (6). En mars, nous indiquions par erreur que le CIRA de Marseille avait sorti un calendrier consacré à Léon Tolstoï. Faux, chaque mois a son thème ou son personnage : La Révolution prolétarienne, Margarethe Faas, Maria Lacerda De Moura, Mohamed Saïl, le 1er-Mai, Umberto Marzocchi, Cafiero, Jossot, Osugi Sakae, Istrati, Tolstoï et Madeleine Pelletier. On peut toujours le commander (5 euros + 2,22 euros de port, pour 1 exemplaire ; 20 euros + 3,02 euros pour 5 exemplaires) au CIRA, 3, rue Saint-Dominique, 13001 Marseille. « L'Etat, c'est le plus grand, le seul criminel, l'Etat qui opprime, qui écrase l'individu. Il vous prend depuis votre naissance, où il vous enregistre, jusqu'à votre mort, où il vous enregistre encore ! », ainsi s'exprimait Octave Mirbeau (1848-1917), journaliste et écrivain farouchement individualiste et libertaire. Pour mieux faire connaître le personnage et son œuvre, la Société Octave Mirbeau a mis en ligne un Dictionnaire qui lui est consacré. Ce site comportera plus d'un millier d'entrées regroupées en cinq chapitres (les amis et connaissances, les lieux, les ouvrages, les thèmes, les personnages des romans) et donnera lieu à une publication papier. Mais c'est déjà un grand plaisir que de butiner au hasard les notices. Le 24 mars est sorti un film qui traite de culture (de la terre), du monde paysan d'hier et d'aujourd'hui, de patois beauceron, de Gaston Couté et d'anarchie… Il s'agit de Bernard, ni Dieu ni chaussettes, un documentaire de 1 h 24 réalisé par Pascal Boucher et produit par Les Mutins de Pangée. Ce Bernard-là, c'est Bernard Gainier, un vigneron de 73 ans qui continue à cultiver sa vigne et à partager son vin entre amis au « Bureau », sa cave. Depuis vingt-cinq ans, il parcourt les salles des fêtes de la région pour dire les textes du poète libertaire. Si vous voulez en savoir plus, connaître les lieux et dates de projection, voir la bande-annonce et des extraits, organiser une soirée avec Bernard ou le réalisateur, précipitez-vous sur le site du film. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) s'est intéressé aux sites Internet racistes, « racisants », racialistes, ethno-différentialistes, « supports » et « voisins », et nous livre son enquête dans un très instructif et complet rapport titré « Internet, enjeu de la lutte contre le racisme » que l'on peut télécharger (pdf 1,6 Mo). Un contributeur de Wikisource a mis en ligne les six tomes des Œuvres de Bakounine compilées par Max Nettlau puis par James Guillaume. On peut ainsi parcourir Fédéralisme, socialisme et antithéologisme, Les Ours de Berne et l'Ours de Saint-Pétersbourg, Lettres à un Français, L'Empire knouto-germanique et la révolution sociale (première et seconde livraisons), Trois conférences faites aux ouvriers du val de Saint-Imier, les textes sur l'Alliance, entre autres. Un vrai trésor ! La Fédération anarchiste vient de rénover son site. Une nouvelle mouture plus fonctionnelle et plus dynamique, à la fois portail vers les sites d'œuvres (Radio-Libertaire, Les Editions du Monde libertaire, Le Monde libertaire et la librairie) ou de groupes locaux, présentation de l'organisation et de thèmes d'intervention, et affichage d'infos diverses. Une réussite, malgré l'aspect un peu noir, qui a le mérite de faire oublier les « charmes » de l'ancienne usine à gaz. Federico Ferretti, qui a entrepris des recherches sur Elisée Reclus (lire biographie), vient de publier deux articles très intéressants. L'un sur Charles Perron, le principal dessinateur des cartes de la Nouvelle Géographie universelle, donne des informations sur cet anarchiste peu connu et montre aussi à quel point Elisée Reclus suivait de près le travail d'illustration. L'autre est un texte inédit d'une sœur de Reclus qui relate son enfance, sa jeunesse et comment il est devenu athée. L'ami Jean-Denis, quant à lui, nous a mitonné, après l'avoir « restauré avec parcimonie », un entretien entre Léo Ferré et Emile Noël. C'était à l'automne 1970, quelques mois après l'enregistrement des deux volumes Amour - Anarchie ; le poète parle d'art, de la mort, de la solitude… près de 110 minutes d'un rare enregistrement, de l'« anti-Chancel », précise-t-il.

Adieu compagnon. Dans un texte très émouvant, Aimé Marcellan rend hommage à un vieux militant de la CNT espagnole en exil, longtemps administrateur de sa librairie, récemment disparu. Extraits :
« Francisco Roldán nous a quittés le vendredi 12 mars 2010. Il avait 95 ans. Le drapeau rouge et noir qui recouvre son cercueil aujourd'hui symbolise toute une vie. Francisco Roldán est l'image même d'une génération dont il était l'un des derniers représentants. Anonymes, discrets, constants, ces hommes ont insufflé sa force à un mouvement social singulier qui a fait trembler la société capitaliste sur ses bases. Ouvriers ou paysans, ils ont contribué à donner à ces catégories une dimension constructive unique. Révolutionnaires, ils ont fait la révolution – nous ne pouvons pas tous en dire autant. Ecrasés, emprisonnés, exilés, ils n'ont renoncé à rien, ils ont poursuivi leur combat, tantôt héroïque tantôt quotidien, toujours modeste, pour un monde plus juste. Pourtant obligés par les circonstances à intégrer le monde du travail dès 10 ou 12 ans, ces hommes et ces femmes de l'anarcho-syndicalisme espagnol ont développé une activité éditoriale inouïe qui laisse pantois historiens et spécialistes. Hier encore, après avoir durant des décennies administré la librairie de la CNT espagnole, au local comme lors des meetings de la Mutualité et participé à l'expédition de sa presse depuis l'imprimerie des Gondoles, Francisco Roldán contribuait à la permanence du bulletin que maintiennent les cénétistes espagnols “de l'extérieur”, comme on dit maintenant. (…) Si peu soient-ils, ces anciens des barricades de Barcelone ou des collectivités d'Aragon ont la conscience aiguë que leur force, ils l'ont tirée et la tirent encore de l'action collective. Sans eux, le 33, rue des Vignoles n'existerait pas. Sans eux, sans les heures et les heures de permanence assurées par Francisco Roldán, sans sa simple présence amicale, la CNT française serait-elle exactement ce qu'elle est aujourd'hui ? (…) Poète à ses heures, mais sans la grosse tête, animateur bon enfant des spectacles et des tombolas de la rue des Vignoles, catalan jusqu'au bout de la moustache mais internationaliste comme personne, travailleur infatigable au service de la cause qu'il a embrassée dès ses plus jeunes années, tel est le Francisco Roldán que nous avons connu. Le reste, tout le reste, lui appartient… Nous savons qu'il va beaucoup nous manquer, comme il manque déjà à sa famille et comme nous manquent ses compagnons disparus avant lui. »

 

PÉRIODIQUES

Offensive (n° 25, mars, 51 p., 5 euros, site), le trimestriel d'Offensive libertaire et sociale, consacre son dossier à « Travail : quel sens ? ». Toujours très complet, il aborde aussi bien l'analyse du travail au sens capitaliste, la séparation manuels/intellectuels, le travail ménager, le compagnonnage, la fin de la solidarité (entretien avec Danièle Linhart), que le besoin de retrouver le sens du travail, comment produire autrement et organiser cette activité différemment… Egalement un retour sur les années 1960 aux Etats-Unis, avec la révolte des artistes new-yorkais (Art Workers Coalition) et « Comment je suis devenu anarchiste » de Ken Knabb. Le Monde libertaire (n° 1588, 32 p., 2 euros, site) publie un supplément 8 pages « Louise Michel » pour accompagner la sortie du film de Sólveig Anspach en salles (lire précédente chronique). Dans le n° 1587, on pouvait découvrir de Louis Janover « Retour sur Benjamin Fondane », poète et philosophe (lire l'article qui lui est consacré par Wikipédia) qu'il qualifie de « libertaire sans identité », certainement en opposition à ceux qui se parent du terme « libertaire » pour donner un « lustre subversif à [leurs] exercices d'allégeances à l'ordre établi ». On peut télécharger le dernier numéro de Creuse-Citron (n° 23, printemps, 16 p., prix libre), le journal de la Creuse libertaire : infos locales, page mémoire sur le soviet de La Courtine, coups de gueule, question d'identité (nationale), mauvaises lectures… Un peu plus au sud, le Bulletin de contre-info en Cévennes (n° 10, avril, consultable en ligne et/ou téléchargeable) s'intéresse au capitalisme vert, à l'école et à la répression (entre autres au fichage ADN et à Alès, « ville couleur gyrophares » aux multiples caméras de vidéosurveillance). Vacarme (n° 46, hiver 2009, 10 euros, site) a consacré un « chantier » (dossier) à « Prostitution : un métier impossible ? », dont l'intégralité est en ligne (sachant que l'avenir d'une revue dépend de ses abonnés !). « Travail ou esclavage ? », le débat fait souvent rage à ce sujet… et la revue tente de dépasser le clivage abolitionnistes-réglementaristes en « portant » la voix des prostitué(e)s, en relatant des expériences de syndicalisation et de luttes, en analysant les fantasmes associés à cette activité (littérature, cinéma…), en se demandant également si la caratéristique de la prostitution n'est pas tant de lier sexe et argent que de verbaliser ce lien, rappelant aussi qu'il est difficile de reconnaître que, dans toute sexualité, il y a des formes de négociations et d'échange. Pour faire connaître les « Contre-réformes de l'éducation » dans le secondaire, la Fédération des travailleuses et travailleurs de l'éducation de la CNT a mis en ligne un numéro spécial de Classes en lutte qui en présente une synthèse ainsi qu'un tableau-affiche des mots-clés des contre-réformes. A photocopier et à afficher… Alternative libertaire (n° 194, avril, 28 p., 2 euros) est en kiosque : pleins feux sur les retraites, avec, en « une », la question qui tue : « Avec quel argent les financer ? ». Sommaire complet. Celui de mars est consultable en ligne. Le Libertaire (éd. électronique, n° 41, avril, 8 p., prix libre), la revue de synthèse de la coordination anarchiste du Havre, appelle à la solidarité avec les Peoples and Baby, six salariées d'une halte-garderie du 13e arrondissement de Paris mises à pied pour faits de grève et activités syndicales (création d'une section CNT).

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