Cette publication corrige un oubli – une injustice – car rien n'existait en français sur le sujet, à l'exception d'une brochure d'une trentaine de pages paru en 1973 et depuis longtemps épuisée. L'histoire si riche du voisin ibérique a certainement fait de l'ombre au mouvement libertaire portugais. Et pourtant, dans les années 20 à 30, « A Batalha », organe de la CGT, était le troisième quotidien du Portugal. João Freire nous livre donc une vue complète de ce mouvement, aussi bien de sa composante syndicaliste que des groupes « spécifiques », de sa naissance en 1887 jusqu'à nos jours. Doctrine, implantation, structures, mode de fonctionnement… rien ne manque. Le dernier chapitre n'est pas le moins intéressant, bien qu'il laisse un peu insatisfait, puisqu'il s'attache aux années de plomb, à la révolution d'avril et à l'anarchisme portugais actuel. Les éditeurs ont raison d'insister sur le fait que le mouvement libertaire portugais ne s'est pas éteint de mort naturelle mais « a été éliminé par la force des armes ». Et, malgré quelques remarques de l'auteur, il reste encore à analyser le pourquoi de la non-renaissance de ce grand mouvement, interrogation qui se pose à tous.
« Les Anarchistes du Portugal », João Freire, éd. CNT-Région parisienne, (12 x 21), Paris, 2002, 336 p., 13 € (85,27 F).