Voilà
un petit ouvrage indispensable et jubilatoire, premier volume d'une uvre
qui s'annonce monumentale puisque souhaitant établir une « Anthologie
de la connerie militariste d'expression française ». Vaste sujet,
donc. Ce volume I regroupe trois chapitres, consacrés à la
préparation militariste, sur les quatorze prévus. Bien sûr,
de nombreuses citations sont anciennes mais, à la lecture, on en découvre
de plus récentes, démontrant que cette connerie très spécifique
est toujours vivante. Comme en toutes choses, il y
a les maîtres du genre, les Deschanel, Clemenceau, Déroulède,
Barrès. Ceux-là sont hors concours. Mais aussi les besogneux, les
obscures
souvent militaires s'exerçant au racolage. Sans oublier
les dilettantes, tel Gustave Hervé, d'abord antimilitariste, puis confit
en patriotisme, pour finir pétainiste. Parcourant les nombreux textes
et illustrations recueillis, une question nous assaille : qui remporte la
palme ? Peut-être Paul Bourget, parlant de la boucherie de 14-18, bien
sanglante et boueuse : « C'est encore une des surprises de cette
guerre et l'une de ses merveilles, le rôle éclatant qu'y joue la
poésie. » La lecture de ce recueil est essentiel à la
bonne santé morale et intellectuelle, utile aussi pour décoder la
connerie militariste actelle, parfois plus subtile, mais reposant sur les mêmes
vieux ressorts. A lire d'urgence !
« Anthologie
de la connerie militariste d'expression française », choix établi
par Lucien Seroux, couverture de Jacques Tardi, préf. de J.-J. De Felice,
(17,5 x 17,5), AAEL, Toulouse, 191 p., 10 euros.